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Société

Histoire: 30 juin 1960, l'autre discours de Lumumba

2016-06-30
30.06.2016
2016-06-30
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Patrice Lumumba prononce le discours d'indépendance du Congo le 30 juin 1960 à Léopoldville.

C'est ce qu'on appelle un incident diplomatique. Le 30 juin 1960, les plus hautes autorités belges se sont déplacées à Léopoldville pour célébrer l'indépendance du Congo. Alors que son pays célèbre l’indépendance, Patrice Emery Lumumba, l’homme fort du Congo, froissait le roi Baudouin.

Lumumba dénonce les abus des colons belges

Durant la cérémonie, le roi Baudouin prononce un discours au ton paternaliste. Le roi des Belges s'était exprimé en ces termes : "L'indépendance du Congo constitue l'aboutissement de l'œuvre conçue par le génie du roi Léopold II. (…) L'Afrique et l'Europe se complètent mutuellement. Je souhaite que le peuple congolais conserve et développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun."

Le président Kasa-Vubu lui répond ensuite par des paroles largement consensuelles. Jusque-là, tout va bien. Mais c'est alors que Patrice Lumumba se lève. Contrairement à toute règle protocolaire, le Premier ministre du jeune Etat prend la parole. le nouvel homme fort du Congo lui a répondu vertement; des paroles acides.

Lumumba rappelle le passé colonial de son pays : "Nul Congolais digne de ce nom ne peut oublier que c’est une lutte quotidienne qui lui a permis de conquérir sa souveraineté, une lutte ardente, inspirée par un idéal, un combat juste et noble pour mettre fin à un esclavage humiliant imposé par un honteux régime d’oppression. (…) Nous avons travaillé durement pour des salaires qui ne nous permettaient pas de nous nourrir, de nous habiller, de nous loger, ni d’élever décemment nos enfants. Du matin au soir, il nous fallait supporter les injures et les coups parce que nous étions des Noirs. Les terres appartenant aux Noirs étaient saisies par toutes sortes d’artifices juridiques, mais surtout par la loi du plus fort. On nous faisait comprendre que la loi n’était pas la même pour les Blancs et les Noirs. (…) Il y avait de magnifiques demeures pour les Blancs et des taudis croulants pour les Noirs. Qui pourrait oublier les pendaisons et les fusillades qui firent périr tant de nos frères ou les prisons où l’on enfermait ceux qui avaient échappé aux balles des soldats noirs dont les colonialistes avaient fait l’instrument de leur domination."

Il évoque une lutte qui fut "de larmes, de feu et de sang" et dénonce "les ironies, les insultes et les coups". A plusieurs reprises, les Congolais présents dans la salle acclament le ministre. Baudouin, lui, est impassible. Feignant d'ignorer l'offense, il a le regard tourné au loin, vers le fleuve Congo. Mais à l'intérieur, il bout. Se sentant offensé (il se voit en père de l’indépendance congolaise), Baudouin hésite alors, avant de se rendre au banquet officiel.

Le camp belge réagit. Descendu de scène, Lumumba se fait harponner par les ministres. "Je ne voulais pas vous insulter", rétorque celui-ci avec énergie. Le mal est pourtant fait et il convient de le réparer. Rentrer au pays ? C'est une piste qui circule : le roi et le gouvernement pourraient bien quitter précipitamment "Léo", manifestant ainsi leur désapprobation. Une autre idée est lancée : demander à Lumumba de prononcer un deuxième discours en vue de faire digérer le premier. C'est l'option qui est retenue.

Patrice Lumumba prononce un nouveau discours

En coulisse, Pierre Wigny, le ministre des Affaires étrangères, s'active déjà pour rédiger un nouveau texte, faisant cette fois l'éloge de "l'oeuvre magnifique des Belges". Le Premier ministre Gaston Eyskens apporte aussi sa touche au texte, rendant l'éloge plus net encore. Travaillé, retravaillé, le texte est lu et relu par Lumumba. Qui finit par l'accepter. Pierre Wigny jubile lorsqu'il se rend dans la chambre du roi. "C'est vous qui avez obtenu cela ?" lui demande le Souverain, admiratif. Le ministre acquiesce. "Tout le monde se décontracte", relèvera Wigny dans son journal intime.

Quelques heures plus tard, le banquet officiel se tient au palais présidentiel. Patrice Lumumba, y prononcera un nouveau discours, rassurant celui-là. Il précise d'emblée : "Je ne voudrais pas que ma pensée soit mal interprétée." Finalement, "un toast porté par le premier ministre à la santé du roi Baudouin" calme le jeu. Levant son verre, il rend un "hommage solennel au roi des Belges et au peuple qu'il représente". Le toast réparateur permet de sauver les apparences ; la fête peut reprendre.

Quelques jours plus tard, de retour à Bruxelles, Pierre Wigny écrit une lettre au secrétaire d'Etat américain Christian Herter. Il lui indique que les cérémonies se sont déroulées dans le plus grand calme. Evoquant le discours de Lumumba, il en relativise la portée : "Un fâcheux incident ne doit pas faire oublier l'esprit général des cérémonies et sera, je l'espère, effacé dans un proche avenir par d'autres manifestations." Wigny a raison : d'ici peu, tout le monde aura oublié le double-discours de Lumumba. On n'évoquera plus alors que la terrible révolte qui vient de gagner les rangs de la Force publique.

Ce n’est que partie remise. Bientôt la révolte antibelge éclate au Congo, où vivent plusieurs dizaines de milliers d’expatriés. L’ancien pays colonisateur y envoie ses soldats. Les adversaires de Lumumba provoquent sa révocation, son assignation à résidence après le coup d’Etat mené par le colonel Mobutu, puis son arrestation. Patrice Lumumba est finalement fusillé le 17 janvier 1961 et son corps démembré dissous dans l’acide sur l’ordre de Mobutu. Le tout avec le soutien du gouvernement belge et de la CIA, irrités par la politique de décolonisation prônée par Lumumba, coupable en outre d’avoir appelé l’URSS à l’aide.

Vincent Delcorps
Le Vif/L'express / 24heures.ch /MCN, via mediacongo.net

2016-06-30-01-13-37_Discours_lors_ceremonie_independance_30_juin_1960.pdf (0.1Mb)

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patrice lumumba @54BDY5Z   Message  - Publié le 12.06.2017 à 12:14
maintenant ou est mobutu?tout est vanite de vanite.

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