Investissements directs étrangers : Ernst & Young prédit « des années délicates » pour l’Afrique

Le cabinet d'audit "Ernst & Young" pense que la région devrait se préparer à une période très difficile. En effet, selon lui, le continent africain va continuer à offrir des opportunités d’investissements qui se présenteront malheureusement d’une manière très inégale.

L’Afrique ne pourrait déjà plus profiter de son précieux argument de charme : la croissance économique. Il ne peut en être autrement avec le ralentissement enregistré ces dernières années.

Ernst & Young recommande aux entreprises et investisseurs de ne plus mettre l’accent seulement sur la croissance à court terme mais plutôt d’adopter une approche factuelle et granulaire pour évaluer les opportunités d’affaires et d’investissements sur le long terme. En dépit d’une conjoncture plus difficile, l’Afrique reste l’une des deux seules régions au monde où le nombre d’IDE a progressé par rapport à l’année dernière.

L’on a enregistré l’augmentation sur une année du nombre de projets d’IDE en 2015, au moment où le nombre total de projets d’IDE a diminué de 5 % dans le monde à la même période. « Les deux tiers de l’économie de l’Afrique subsaharienne progressent toujours à des taux supérieurs à la moyenne mondiale, et la région demeurera en deuxième position en termes de rapidité de progression à l’échelle mondiale dans un avenir proche, après l’Asie ».

Un nouvel instrument de mesure

Ernst & Young propose un baromètre de l’attractivité de l’Afrique. Il s’agit d’un ensemble équilibré de mesures à court et long termes. « Le baromètre permet de mesurer la résilience probable dans le contexte des pressions macro-économiques actuelles, de même que les progrès effectués dans les domaines critiques du développement à long terme, à savoir la gouvernance, la diversification, l’infrastructure, les opportunités d’affaires et le développement humain ». Toutefois, il n’est pas question de fournir une évaluation définitive des différents marchés africains. « Le baromètre de l’attractivité de l’Afrique fournit un point de départ utile pour les analyses et permet de favoriser un dialogue stratégique sur les priorités de croissance, la propension au risque et les critères d’investissement ».

Une lecture rapide du classement du baromètre permet d’établir quelques constats. D’abord, l’Afrique du Sud continue à occuper une place de choix par rapport aux autres économies africaines. Le pays arc-en-ciel dispose de l’économie la plus développée de la région. Une attention particulière est également portée sur le Kenya et la Côte d’Ivoire en raison des performances et des perspectives de croissance économique. Des petits marchés comme le Botswana, l’Île Maurice et le Rwanda se montrent tout aussi efficaces dans l’attrait des IDE grâce aux bons résultats dans les domaines des opportunités d’affaires, du développement social et de la gestion économique.

Par ailleurs, l’on enregistre très peu de pression dans les pays du Nord de même qu’en Afrique de l’Ouest. En effet, le principal atout de cette partie de la région est l’environnement favorable aux affaires ainsi que l’infrastructure et la gouvernance. Entre-temps, la position du Nigéria, première économie de la région, ne manque pas de surprendre. C’est la conséquence des faibles scores dans les opportunités d’affaires, la gouvernance et le développement humain. Une bonne note pour la Tanzanie, l’Ouganda et l’Éthiopie. Il s’agit des pays dont les économies affichent une certaine résilience.

Le cabinet d'audit reste convaincu que les divers investisseurs et entrepreneurs doivent mettre en œuvre des réponses qui tiennent compte de leurs priorités et du temps nécessaire. « Il sera plus critique que jamais de faire des choix bien informés concernant les marchés sur lesquels entrer, à quel moment et par quel moyen ».

En définitive, conclut Ernst & Young, les décisions prises et les actions engagées maintenant détermineront lesquelles de ces économies consolideront les acquis de la décennie écoulée en une plateforme de croissance durable pour les décennies à venir et lesquelles d'entre elles commencent à reculer.