Politique
Alors que le pays s’enfonce dans une crise politique profonde, l’opposant congolais Vital Kamerhe tente de s’imposer dans la course au leadership de l’Opposition que vient de rallier l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi.
Opération séduction pour l’opposant congolais Vital Kamerhe à Paris. Le leader de l’UNC était l’invité du think tank Synopia pour s’exprimer sur l’avenir de la République démocratique du Congo (RDC) à un an de l’élection présidentielle. Devant un parterre d’acteurs politiques, économiques et diplomatiques, Vital Kamerhe est venu plaider la bonne gouvernance et distiller sa vision politique de la RDC.
Un discours bien rodé, notamment sur l’extraordinaire potentiel du pays. Sur l’agriculture : « l’espace cultivable du Congo est exactement le même que celui de la Chine ». Sur l’écologie : « le Congo est le deuxième poumon de l’humanité et représente 53% des réserves d’eau douce d’Afrique »… Un « paradis » également doté des ressources minières considérables, mais qui ressemble plutôt à un « enfer » pour Vital Kamerhe. Il faut dire que le pays peine à sortir de vingt années de conflits meurtriers et figure toujours en queue de peloton du classement des Nations unies pour le développement humain.
En cause pour Kamerhe, la mauvaise gouvernance de Joseph Kabila et la déliquescence de l’Etat. Insistant sur « Le manque d’un leadership rassembleur et visionnaire », terme qui, bien entendu, cible le président Kabila. Un président qui, selon l’opposant, souhaite s’accrocher au pouvoir en retardant le processus électoral au-delà de 2016, aidé par une Commission électorale qui fait tout pour bloquer l’organisation des scrutins et un gouvernement qui rechigne à les financer. Le pays s’enfonce petit à petit dans une crise politique profonde.
« A partir du 16 février, on va faire monter la pression »
Face à ce blocage, Vital Kamerhe promet de mobiliser les Congolais pour obliger le président congolais à organiser la présidentielle le 27 novembre 2016. « Mais la démocratie est une affaire de rapport de force. Joseph Kabila utilise l’armée, la police et les institutions de l’Etat contre l’opposition et la société civile. Mais notre armée à nous, c’est le peuple », prévient le patron de l’UNC. L’opposition a en effet appelé à une grande manifestation le 16 février prochain, lors de la marche annuelle des chrétiens.
« Nous n’allons pas attendre que la démocratie soit un cadeau. Nous devons mobiliser le peuple pour lui dire : votre destin vous appartient. A partir du 16 février, on va faire monter la pression ». L’objectif affiché de cette mobilisation organisée par le Front citoyen 2016, dont fait partie Vital Kamerhe, est de rappeler au chef de l’Etat qu’il doit organiser les élections avant la fin de son mandat et qu’il doit respecter la Constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat. L’ancien président de l’Assemblée nationale rappelle qu’en janvier 2015, les manifestations de l’opposition avaient déjà fait reculer le gouvernement contre le projet de modification de la loi électorale. Le texte devait lier la tenue des prochaines élections à l’organisation d’un recensement de la population. Une opération qui pouvait prendre plusieurs années, selon les experts.
« Pas de problème avec Katumbi »
En dehors de la bataille pour obliger le président Kabila à organiser l’élection présidentielle dans les délais, un autre combat est en cours… au sein de l’opposition. Depuis fin 2015, un nouvel homme a fait son entrée dans l’opposition : l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi. Ancien allié de Joseph Kabila, tout comme l’a été Vital Kamerhe, le président du TP Mazembe s’est rapidement imposé comme une des personnalités capables de battre le candidat de la majorité présidentielle. Un « allié » de fraîche date plutôt encombrant pour Vital Kamerhe qui ne cache pas son intention de se présenter à la présidentielle.
Aux élections de 2011, le patron de l’UNC était arrivé en troisième position, derrière Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Un score encourageant qui pouvait lui permettre de jouer les premiers rôles en 2016. Mais la très probable candidature de Katumbi vient bousculer ses plans. Les deux hommes, qui se sont affichés ensembles au stade pour fêter la victoire du TP Mazembe, semblent pour le moment avoir signé un pacte de non-agression. « Il n’y a pas de problème avec Moïse Katumbi. Nous sommes ensembles dans le Front citoyen 2016 et on est sur la même longueur d’onde.
« Nous avons tiré les leçons du passé », explique Vital Kamerhe. Il est vrai qu’avec une présidentielle à un seul tour de scrutin, l’opposition n’a pas d’autre choix que d’avancer unie pour battre le candidat de la majorité. Les principaux leaders de l’opposition sont tous d’accord pour déclarer qu’il faut un candidat unique à la prochaine présidentielle. Reste à savoir lequel ?
Kamerhe l’expert ?
Vital Kamerhe s’est un peu livré à Paris sur ses intentions et sa stratégie. « Nous avons deux paliers avec Moïse Katumbi et mes amis de l’opposition » explique Kamerhe. « Le premier palier doit nous mener à l’organisation des élections. Et on oublie, tout projet personnel. Ensuite, dans un deuxième temps, il faudra désigner un candidat unique de l’opposition. Un candidat unique, cela ne veut pas dire un homme fort qui va avaler tous les autres. C’est une équipe de football où on va répartir les tâches ». Pour l’heure, on imagine mal, Kamerhe ou Katumbi s’effacé pour laisser la place à l’autre et devenir numéro deux.
Certains parlent déjà d’un possible ticket Katumbi-Kamerhe sans pouvoir dire qui serait le Premier ministre de l’autre. Mais la présence à Paris de Vital Kamerhe, qui n’hésite pas à se rendre régulièrement aux Etats-unis ou à Londres pour travailler son image de présidentiable, n’a rien du hasard. Le leader de l’UNC sait qu’il est moins populaire et moins argenté que Moïse Katumbi, mais il sait aussi qu’il maîtrise mieux les arcanes de la politique et du pouvoir.
Plus « politique » que Katumbi, Kamerhe joue la carte de l’expert, connaissant parfaitement ses dossiers économiques, sécuritaires et diplomatiques. Expertise qui manque pour le moment à Moïse Katumbi. En soignant sa stature de présidentiable « bien sous tout rapport » dans une capitale occidentale, Kamerhe sait que la course au leadership de l’opposition a déjà commencé. Et pour l’heure Katumbi a pris une petite longueur d’avance.
Mais la route sera encore longue. Quant à la présidentielle ? Vital Kamerhe qui affirme « ne pas avoir d’obsession pour la présidence de la République… mais de l’ambition ». Une manière de s’imposer, tout en se ménageant une porte de sortie.
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Vital Kamerhe, président national de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC)