Provinces
Le voile se lève sur ce qui s’apparente à l’un des plus grands scandales politico-financiers de l’histoire récente de la capitale congolaise. L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) exige des poursuites judiciaires immédiates contre Gentiny Ngobila, ancien gouverneur de Kinshasa, accusé de détournement, corruption et enrichissement illicite.
Le dossier est lourd. L’organisation accuse l’ex-autorité urbaine d’avoir orchestré un vaste système de prédation, compromettant gravement l’avenir de la mégapole. Appuyée par le rapport de la Cour des comptes de septembre 2024, l’ODEP réclame aussi un audit complet des dettes illégitimes de la capitale.
Zando, un projet maquillé
Présenté comme un projet phare, la reconstruction du marché central de Kinshasa (Zando) s’est transformée en un cauchemar financier. Le contrat signé en mars 2021 entre la ville et SOGEMA Sarl accorde à cette société, (sans capital ni expertise), le monopole sur ce poumon économique pour 25 ans. « Ce contrat est léonin car SOGEMA en tire des avantages exorbitants sans engager aucun financement et sans courir aucun risque financier », d’après le rapport conjoint ODEP-LICOCO de 2024.
Contrairement à ce que pourrait laisser croire le contrat, l’entreprise ne finance pas la reconstruction du marché central. Le coût des travaux est entièrement couvert par un emprunt contracté auprès de la SOFIBANQUE, dont le remboursement est garanti par la ville. Pire encore, 20 % des recettes du marché seront versées à SOGEMA pendant deux décennies et demie.
Mainmise totale sur les revenus sans contrôle public
Toutes les recettes du marché : taxes, redevances, publicité, stationnement… sont encaissées directement par cette entreprise. Aucun mécanisme de partage des bénéfices n’a été prévu, aucune redevance minimale n’est assurée à la ville. Et ce n’est pas tout : aucune étude préalable économique, sociale ou environnementale n’a été réalisée pour justifier un engagement aussi long.
Ce contrat léonin octroie à la société le monopole absolu sur le recrutement du personnel, la gestion administrative et la fixation des tarifs, sans aucune consultation ni implication de la DGRK, de la DGPEK ou des services techniques. Le comble : les équipements financés par la dette publique deviennent la propriété de SOGEMA, et la capitale n’en récupère rien, à moins que la société ne soit défaillante, un scénario très peu encadré juridiquement.
Assemblée provinciale : le contrôle acheté
Autre choc : la corruption au sommet de l’Assemblée provinciale durant le règne de Godefroid Mpoyi. L’ODEP révèle qu’en mars 2022 et avril 2023, des paiements irréguliers et illégaux ont été effectués depuis les comptes de l’Hôtel de ville à la RAWBANK, au profit du numéro 1 de l’organe délibérant pour un total de 215 470 117 CDF. « Ce genre de pratiques non justifiées est de nature à menacer l’indépendance de l’Assemblée provinciale dans la réalisation de sa mission légale de contrôle de l’exécutif provincial », détaille le rapport de la Cour des comptes de 2024.
Ce versement, renchérit le communiqué de l’ODEP, constitue un cas flagrant de corruption institutionnalisée, dans lequel le pouvoir exécutif a volontairement neutralisé le contrôle parlementaire, en transformant le président de l’Assemblée provinciale en complice silencieux, rémunéré sur fonds publics. Ainsi, pendant que les finances publiques sombraient dans l’opacité et les détournements massifs, l’organe censé faire la lumière fermait les yeux, bénéficiant en coulisses de virements discrets, en violation des principes de séparation des pouvoirs.
« Il n’y a pas de démocratie possible lorsque le contrôleur est contrôlé par celui qu’il doit contrôler », a-t-on rappelé.
Pour l’ONG, cette mainmise sur l’organe délibérant est une menace directe à l’État de droit. « Là où la justice dort, la corruption gouverne. Là où le contrôle est acheté, la loi devient une formalité », a tranché l’ODEP. L’organisation a déploré l’absence de toute investigation parlementaire sur les dérives de gestion de Ngobila, malgré les alertes répétées de la société civile.
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Le sénateur Gentiny Ngobila, ancien gouverneur de Kinshasa @Photo Droits tiers.