Société
Analyse-Les pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril 2025 à Kinshasa auront marqué un tournant décisif dans la gestion des transports en commun.
Après un déferlement d’eaux ayant englouti le pont Nd’jili, l’unique voie d’accès vers les quartiers populaires de la capitale, sur le boulevard Lumumba, des solutions alternatives s’improvisent. Le trafic fluvial reprend ainsi son pouvoir naturel.
Les plus courageux des passagers n’ont pas hésité d’emprunter les pirogues de fortune pour accéder à la partie enclavée.
Cette crise des transports a permis à l’Office National des Transports des Transports (ONATRA) de relancer le trafic fluvial reliant le beach Ngobila au port de Kinkole afin de permettre aux passagers de se rendre ensuite à l’aéroport de N’djili.
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a établi, le dimanche 6 avril 2025, un bilan humain chiffré à 23 morts, 46 blessés et plus de 180 familles hébergées à l’Institut Lumumba, Kitomesa (N’djili), Kimwenza, et au stade Tata Raphaël.
D’un point de vue économique, cette situation a eu des répercussions majeures sur les portefeuilles financiers des citoyens se rendant à l’aéroport de Ndjili.
D’après des témoignages recueillis par Zoom-eco.net, il ressort que le trajet, par voie fluviale entre Beatch Ngobila et Kinkole, seule alternative pour atteindre Tshangu, et éventuellement l’aéroport de Ndjili, coûte dorénavant 200 USD.
« Pour arriver ici au niveau de Kinkole, nous qui voyageons, nous avons payé 200 USD. Certains qui sont bien arrivés avant nous ont payé 150 USD. Nous n’avons pas eu d’autres choix que d’embrasser cette alternative vu le programme du voyage. Je trouve que le prix est exorbitant, ça devrait être moins que la somme déboursée. », témoigne une dame.
En réaction à cette spéculation décriée, l’ONATRA a fustigé une exagération de prix de la part des transporteurs.
Dans un communiqué, l’opérateur public a fixé les coûts du trafic appliqués à 20 USD pour le grand bateau et 100 USD pour le canot rapide.
Des experts pointent du doigt l’urbanisation anarchique
Selon plusieurs experts en environnement et en urbanisme, la crue de la rivière Ndjili serait principalement due à une urbanisation non maîtrisée et à l’absence d’un véritable plan d’aménagement du territoire.
« Les constructions dans les zones inondables, l’absence de canaux d’évacuation d’eaux pluviales et le manque d’entretien des lits des rivières favorisent des débordements en cas de pluies intenses », explique un hydrologue contacté par Zoom-eco.net.
D’autres spécialistes évoquent également les effets du changement climatique, avec une intensification des précipitations et une fréquence plus élevée d’événements météorologiques extrêmes. Pour eux, Kinshasa paie aujourd’hui le prix d’années de négligence en matière de politique d’urbanisation et de gestion des risques hydrauliques.
Quel avenir pour le trafic fluvial ?
Face à cette situation d’urgence, plusieurs usagers s’interrogent : ce trafic fluvial, mis en place entre Beatch Ngobila et Kinkole, est-il une solution transitoire ou durable ? Si cette voie devait être officialisée pour désengorger les artères routières de Kinshasa, quel serait alors le tarif officiel, accessible à tous ? Et qui en assurerait la régulation ? Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse claire de la part des autorités.
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