Le retour de la paix dans l’est de la RDC est-il imminent ?

Eprouvante cérémonie que celle organisée le 2 août 2024 à Kisangani, chef-lieu de la Province de la Tshopo, pour commémorer le Génocost, le génocide congolais pour des besoins économiques, où même les officiels venus de Kinshasa n’ont pu retenir leurs larmes.

En effet, les témoignages des femmes violentées, des personnes devenues handicapées à vie, parmi les rescapés des atrocités commises dans l’est de la République démocratique du Congo par des armées étrangères et des groupes armés entretenus principalement par le Rwanda, ont été d’une telle intensité qu’ils ont permis, tant soit peu, à l’ensemble des Congolais de vivre dans leur chair la douleur devenue le quotidien de leurs compatriotes de l’est.

Après moult rapports des Nations unies impliquant le Rwanda dans ces atrocités et ces crimes, voilà qu’un accord de cessez-le-feu, signé à Luanda le 29 juillet dans le cadre des pourparlers de paix, vient susciter un brin d’espoir pour un processus depuis longtemps à l’arrêt.

Cependant, il convient de demeurer prudent, car après deux années et demie de combats et d’accords jamais respectés, le nouveau palier qui vient ainsi d’être franchi reste fragile. A preuve le communiqué de la présidence angolaise qui ne précise ni les parties qui ont accepté le cessez-le-feu, ni la durée de celui-ci.

On ne peut non plus éluder le dernier rapport des Nations unies qui signale « la présence de 3 à 4 000 soldats rwandais » sur le sol congolais. Ce qui s’apparente à une déclaration de guerre.

C’est sur ces entrefaites que la Belgique avait publié, le 11 juillet dernier, un communiqué dans lequel elle exprimait sa préoccupation quant à la détérioration continue de la situation dans l’est de la RDC. Les États-Unis lui ont rapidement emboîté le pas.

Dans son communiqué, Bruxelles notait « les différentes formes de soutien du Rwanda au M23 » et « l’exploitation illégale des ressources de la RDC », et exhortait le Rwanda « à mettre fin immédiatement à ses opérations militaires ». L’ancienne puissance coloniale s’émouvait enfin de « la catastrophe humanitaire » provoquée par Paul Kagame. C’est depuis 28 ans que ce drame perdure, provoquant dix millions de morts et quelque sept millions de déplacés.

De son côté, l’Union européenne a imposé, le 26 juillet, des « mesures restrictives » à l’encontre de quelques responsables d’actes constituant de « graves violations des droits de l’homme » et du « maintien du conflit armé, de l’instabilité et de l’insécurité dans l’est de la RDC », tout en se gardant d’en citer le commanditaire.

Pourtant, tous les partenaires de la RDC sans exception reconnaissent la responsabilité du Rwanda dans ces crimes liés au pillage des ressources naturelles et en violation du droit international pour son invasion du territoire congolais.

Et même s’ils condamnent verbalement cette agression, aucun d’entre eux n’ose décider de sanctions contre le Rwanda, encore moins contre Paul Kagame. À croire que depuis le génocide tutsi, qui constitue aujourd’hui le fonds de commerce du maître de Kigali, tout autre acte de génocide ne peut être pris en considération.

C’était le cas récemment lors de la 49ème assemblée parlementaire de la Francophonie à Montréal. La présidente de la session ayant ignoré la situation catastrophique dans l’est de la RDC, le président de l’Assemblée nationale congolaise a dû jouer des coudes pour arracher la condamnation du Rwanda. Mais une pléiade de « simples condamnations », a-t-elle déjà réussi à inverser le cours d’une guerre ?

La RDC longtemps victime de la duplicité de ses « amis »

Paul Kagame et Yoweri Museveni

Depuis des lustres, la RDC subit le « réalisme politique » voire l’hypocrisie de ses partenaires. Mais, on le sait, les États n’ont pas d’amis, mais des intérêts à préserver. Ainsi, par exemple, en avril dernier, la France a déroulé le tapis rouge pour le Président Félix Tshisekedi, appelant même le Rwanda à « retirer ses troupes de la RDC ». Deux semaines plus tard, elle signait des accords de défense avec le Rwanda. Plus près de nous, c’est le cas de l’Ouganda, « grand ami de la RDC » et en même temps « soutien inconditionnel des terroristes du M23 », dont le double jeu a été mis à nu par une enquête de l’ONU.

Cruel rituel donc que ces condamnations sans lendemain, alors même que l’expérience nous a démontré maintes fois qu’elles n’ont jamais entravé Paul Kagame dans sa propension à envahir la RDC, massacrer ses populations, occuper ses terres et piller ses ressources naturelles.

La RDC est à la croisée des chemins. Elle connaît les enjeux et les rapports de force dans les relations internationales. Elle doit réfléchir sur le meilleur moyen de défendre ses intérêts et assurer la sécurité de ses populations, s’affranchir de certaines pesanteurs politico-diplomatiques et opérer des choix, même douloureux.