Politique
Pour beaucoup de sénateurs, s’il est important que l’opposition soit représentée au sein du bureau définitif de la Chambre haute dont l’élection devrait avoir lieu sous dix jours, encore faut-il qu’elle le soit par « une personnalité valable ».
La mise en place du bureau définitif du Sénat est imminente. Les « élus des élus » ont adopté la semaine dernière le règlement intérieur de la Chambre haute du Parlement qui a été transmis à la Cour constitutionnelle. Plus rien désormais ne fait obstacle à la désignation des sept membres du bureau de la Chambre des Sages, point d’orgue de la mise en place des institutions nationales issues des élections de décembre 2023.
La place que l’opposition y occupera sera particulièrement scrutée alors qu’au sein du bureau de l’autre chambre, l’Assemblée nationale, la majorité s’est réservée six des sept postes en jeu. Au Sénat, Modeste Bahati, qui en fut le président lors de la législature précédente, a insisté sur la nécessité pour l’opposition d’y être représentée pour, a-t-il dit, « faire gagner la démocratie ».
Intervenant par motion au cours d’une plénière, ce membre du présidium de l’Union sacrée de la nation a mis en garde ses collègues sur les inconvénients de ne pas intégrer un sénateur de l’opposition au bureau définitif, en dépit du faible score qu’elle a réalisé, selon les chiffres officiels.
Pour M. Bahati, « la beauté de la démocratie exige que l’Opposition soit représentée dans l’organe exécutif de la Chambre haute du Parlement ». « C’est un impératif », insiste un de ses collègues sénateurs, issu lui aussi des rangs de la majorité. « Il en va de notre crédibilité collective ». Nombreux sont les sénateurs, toutes tendances confondues, a plaidé dans le même sens.
Si la représentation de l’opposition au sein du bureau définitif au Sénat semblerait acquise, reste deux questions en suspens. La première, qui pour la représenter ? « C’est une chose que l’opposition soit représentée au bureau, mais encore faut-il qu’elle le soit par quelqu’un de crédible, une personnalité valable », insiste un ancien ministre, aujourd’hui député.
Selon un groupe de sénateurs cités par l’Agence congolaise de presse (ACP), des quatre élus qui se revendiquent au Sénat de l’opposition, c’est Salomon Kalonda Della qui aurait le profil idéal.
Salomon Kalonda Della
Cet homme d’un naturel discret, très travailleur et organisé, dont la loyauté envers son mentor, Moïse Katumbi, n’a jamais été prise en défaut, a acquis ces derniers temps de l’épaisseur politique et une stature nationale.
« C’est un homme de conviction, mais aussi un homme de dialogue qui sait faire avancer les dossiers quand les avis divergents », explique un sénateur qui le connait depuis une quinzaine d’années.
Meilleur élu (au poste de député provincial) dans son Maniema natal en décembre dernier alors qu’il était écroué à la Prison de Ndolo, il a réussi la prouesse de se faire élire quelques mois plus tard, en avril, sénateur dans le Haut-Katanga, loin de ses bases naturelles, probablement en récompense de ses services rendus au grand Katanga où il a passé plus de 20 ans de sa vie professionnelle.
Là-bas, « SKDella » comme on le surnomme, y est connu en tant qu’homme politique, mais aussi opérateur économique et dirigeant sportif (il est depuis vingt ans le trésorier du TP Mazembe). « Peu sont les politiques qui ont bénéficié aussi clairement de l’onction populaire et qui ont réussi la performance de se faire élire dans deux provinces différentes. De ce dernier point de vue, dans le Sénat actuel, seuls Kalonda et Mukamba, originaire du Kasaï et sénateur de l’Équateur, peuvent se targuer d’un tel exploit », explique un professeur en science politique de l’UniKin.
A ces arguments s’en ajoute un autre : Salomon Kalonda Della est très proche de Moïse Katumbi, arrivé deuxième de la présidentielle de décembre et potentiel chef de file de l’opposition.
« La présence d’Ensemble dans les institutions est importante. Ne serait-ce que pour encourager les opposants à mener un combat constructif dans les institutions et pas ailleurs. A cet égard, le meilleur choix serait Salomon Kalonda », plaide un sénateur originaire de l’est du pays dont des pans entiers sont ravagés par la guerre.
Les noms des différents candidats au bureau définitif du Sénat ne devraient plus tarder à être connus. Si Salomon Kalonda Della en faisait partie, cela constituerait un spectaculaire renversement de situation pour celui qui s’est récemment défait de ses ennuis judiciaires suite à une dessaisine de la Cour militaire de Kinshasa, incompétente pour le juger.
Poursuivi jusqu’au 8 juillet devant cette juridiction, l’opposant avait toujours plaidé non coupable, parlant même d’un « procès de la honte » aux motivations « purement politiques ».
Certain que son innocence serait reconnue, l’intéressé n’a jamais cherché à échapper à la Justice, regagnant le pays par deux fois après s’être rendu à Bruxelles pour des soins. « Un démenti cinglant à ceux qui, fallacieusement, le disaient proche des ennemis de la République », tonne l’un de ses avocats.
Si la candidature au bureau définitif du Sénat de Salomon Kalonda Della est possible – probable, disent certains – une seconde question demeure : à quel poste ? Le 5 juin dernier, interrogé par des journalistes, le tout nouveau sénateur avait prévenu : » l’opposition ne doit pas être cantonnée à un rôle de faire-valoir. Ce serait un très mauvais signal envoyé à notre pays qui a besoin de paix, d’unité et de réconciliation « .
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