Politique
Celui que l'on surnomme le "lion" de l’Ituri a été reconnu coupable, vendredi 7 mars, de complicité de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale. Germain Katanga, un ex-chef de milice congolais, était accusé d'avoir réduit à néant un village de l'Ituri, région de l'Est de la République démocratique du Congo en proie à des conflits interethniques depuis quinze ans.
"La chambre à la majorité déclare Germain Katanga coupable [...] de complicité de crimes commis le 24 février 2003", a déclaré le juge Bruno Cotte, soulignant que Germain Katanga avait été déclaré innocent d'avoir utilisé des enfants soldats ou d'avoir utilisé le viol comme une arme de guerre.
L'accusation désirait que l'ancien milicien de 35 ans soit condamné en tant que "co-auteur direct" de ces crimes mais les juges ont estimé qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour décider que Germain Katanga était effectivement en charge de l'attaque contre le village de Bogoro.
L'ex-milicien a cependant eu un rôle "significatif" en fournissant des armes : "sans cet important apport d'armes à l'échelle de la communauté Ngiti, les commandants et combattants de la collectivité n'auraient pas disposé des mêmes atouts ni n'auraient pu commettre avec autant d'efficacité les crimes commis à Bogoro", a assuré le juge.
Germain Katanga était le commandant des Forces de résistance patriotique en Ituri, une milice dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et Ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema.
Katanga et Ngudjolo Chui accusés de 200 meurtres
Le procès de Katanga s'est tenu en concomitance avec celui de son ancien co-accusé, Matthieu Ngudjolo Chui, acquitté en décembre 2012, pour faute de preuves suffisantes. Selon l'accusation, les troupes de Germain Katanga et celles de Matthieu Ngudjolo Chui, auraient lancé l'attaque au petit matin et pillé, violé les femmes et tué 200 personnes environ. Certaines victimes ont été brûlées vives.
Les affrontements interethniques entre milices qui se disputent les terres de l'Ituri, riche en ressources naturelles, dont l'or, le pétrole ou le diamant, ont débuté en 1999. Selon l'accusation, les combats ont "dévasté" la zone. Quant aux victimes des violences, elles sont estimées à plus de 60 000 selon les ONG.
Des hauts responsables épargnés
Selon le bureau du procureur, l'attaque du 24 février 2003 ne visait pas uniquement le camp militaire mais également la population civile du village. Le but était de prendre le contrôle de la route voisine "pour faciliter l'acheminement de marchandises".
"Avec Lubanga, la CPI a établi une responsabilité dans le camp Hema, et je pense que beaucoup en Ituri attendent que la CPI dise qui était responsable dans l'autre camp", avait assuré à l'AFP Géraldine Mattioli-Zeltner, de l'ONG Human Rights Watch (HRW), avant l'énoncé du verdict.
HRW a regretté toutefois que l'enquête du procureur de la CPI ne vise pas de plus hauts responsables que Katanga, "ceux qui ont financé et donné les ordres pour que les crimes soient commis".
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