Economie
C’en est visiblement fini avec la voie exclusivement congolaise (rail-fleuve) pour les exportations du cuivre qui, naguère, avait fait de la SNCC et de l’ex-ONATRA les principaux partenaires de la Gécamines. Le marché, véritable jackpot, reviendra soit à l’Angola ou à la Tanzanie. Deux États dont l’implication dans les questions sécuritaires de l’est du Congo est incontestable et incontournable.
Il ne restait plus qu’à moderniser la voie ferrée Ubundu-Kisangani sur 125 km pour que la SNCC évacue le cuivre et autres minerais connexes, d’abord sur la voie ferrée partant du sud du Haut-Katanga et du Lualaba jusqu’à Kindu, puis par voie fluviale de Kindu à Ubundu. La Société des chemins de fer Uelé-Fleuve (SCFUF) devrait prendre le relais d’Ubundu jusqu’à Kisangani. Ici, hélas, l’écartement du rail installé dans les années 30, n’est que de 0,6 m donc inapproprié pour des locomotives actuelles. Mais à partir de Kisangani, l’ITB Kokolo de la SCTP ex-Onatra aurait dû reprendre les produits miniers pour Matadi-port, donc la haute mer. Aujourd’hui, le grand navire a malheureusement été transformé en salle polyvalente flottante : on y organise des fêtes de mariage, des retraits de deuil, etc., Autre route devant tomber en banqueroute, la voie sud-africaine avec les ports Elizabeth et East London, qui s’est imposée à partir de la fin de la décennie 90.
Deux puissants alliés rivaux
L’influence sud-africaine sur la RDC s’est éteinte avec l’avènement de Félix-Antoine Tshisekedi qui s’est ouvertement rapproché de l’Angola… surtout pour la stabilité de son pouvoir. Et Luanda est une garantie sécuritaire notamment vis-à-vis des velléités expansionnistes du Rwanda de Paul Kagame. Mais la Tanzanie n’est pas moins une puissance régionale. Son intervention militaire en 2013 a été déterminante pour refroidir les ardeurs du M23. La Tanzanie est également très influente au sein de l’EAC, la communauté des États de l’Afrique de l’Est dont les troupes tentent laborieusement de créer un no man’s land autour de Goma pour empêcher une sanglante estocade entre les FARDC et le M23. Mais jusqu’à quand.
Dar es Salaam tient toutefois à tirer profit de la surproduction du cuivre dans la région enclavée du Cooperbelt katango-zambienne. Le président zambien Hakainde Hichilema et son homologue congolais Félix Tshisekedi ont, en effet, posé le 2 octobre 2023, la première pierre d’un pont enjambant la rivière Luapula. Il s’agit d’une étape majeure dans la construction d’une route qui reliera la RDC à la Tanzanie, en passant sur le territoire zambien, et permettra de réduire le temps de trajet pour les exportations congolaises et zambiennes de cuivre et de cobalt, deux métaux essentiels à la transition énergétique.
Selon GED Africa, la compagnie qui pilote le projet, les différentes infrastructures entraîneront en effet une réduction de plus de 240 km de la distance par rapport au trajet actuel. Dans des propos relayés par Bloomberg, la société basée à Maurice affirme qu’il faudra investir 850 millions USD pour des travaux qui dureront trois ans. GED Africa compte apporter 30 % des fonds propres et mobiliser le reste sous forme de prêts obtenus auprès de Trade and Development Bank (TDB), importante banque de développement active en Afrique de l’Est et du Sud, et de l’African Finance Corporation.
L’année dernière, la RDC est devenue le troisième producteur mondial de cuivre, avec 2,3 millions de tonnes contre 1,8 million en 2021. Quant à la Zambie, elle veut atteindre 3 millions de tonnes de cuivre produites par an au cours de la prochaine décennie, contre moins d’un million de tonnes ces dernières années.
Le port congolais de Dar es Salaam
Le port de Dar es Salaam où débouchent des sacs des sels de cuivre congolais pour la Chine, a, en effet, été construit par les fonds de la RDC du temps de la colonisation. Ce port est resté congolais à l’indépendance et n’a été nationalisé par le président tanzanien , Julius Nyerere, qu’en 1971. Du temps où elle était présidente de l’ANEP, le patronat des entreprises du Portefeuille, Carole Agito alors DG de la SONAS, avait déterré le dossier en exigeant à la Tanzanie de dédommager la Gécamines dont les fonds ont servi à construire le port tanzanien. Mais Mme Agito, aujourd’hui ultra- tshisekediste, n’a guère obtenu le soutien du gouvernement. Le dossier n’a plus évolué.
Pendant que Luanda fait pression sur Kinshasa pour moderniser son réseau ferroviaire qui relie le Lualaba au réseau angolais débouchant au port de Lobito. Aux dernières nouvelles, des fonds européens et américains ont été mis en jeu pour requinquer le corridor de Lobito, un chemin de fer reliant la Zambie et la RDC aux marchés internationaux grâce au port de Lobito en Angola. Que les Occidentaux s’en mêlent, voilà qui ramifie la guerre de gros intérêts au-delà de la région. Guy de Keyser, gérant de la firme COGEDEV qui avait été chargée de mener une étude, du temps de 1+4 sur le commerce extérieur de la RDC, avait confié, “Détrompez-vous, les Occidentaux ne laisseront jamais la RDC à la merci des Chinois”. Pourtant Félix Tshisekedi avait recommandé à la partie congolaise, en négociations avec les Chinois sur les parts de l’État dans Sicomines, de ne pas sacrifier la sempiternelle amitié sino-congolaise. Attendons voir.
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Le port de Dar es Salaam, l’une des voies de sortie de cuivre et cobalt congolais @Photo Droits tiers.