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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 aout 2024
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Société

2 août : plus qu’une commémoration… mais à quand un jour férié et un pays figé en mémoire des victimes ? (*Tribune d’Oasis Kodila*)

2023-08-04
04.08.2023
2023-08-04
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Le 02 août fait consensus. Tellement l'évidence de la guerre est dans l'esprit de tout congolais. Cependant, en faire un jour commémoratif n'avait jamais fait consensus en dépit de l'engagement de la société civile. La présence, cette année, du Président de la République à la Place des évolués est peut-être le début d'une convergence. Peut-être parce que les avis sont encore partagés sur le tribunal international de la paix, en dépit de la lutte acharnée du Prix Nobel de la paix Mukwege, avec le soutien de plusieurs mouvements citoyens et particulièrement la plateforme Kopax. Ou peut-être sur la construction d’un mémorial. Ou encore sur l'ordre de priorité entre les deux, etc. Dans tous les cas, il est important d'amplifier la symbolique de cette journée.

Rappelons d’abord que cette date est un mauvais souvenir pour la République démocratique du Congo (RDC). En effet, c’est le 2 août 1998 que la RDC fut envahie par les armées étrangères, déclenchant l'un des conflits les plus meurtriers de l'histoire récente. On parle aujourd’hui du conflit armé le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. Et depuis d’ailleurs, la vie n’est plus comme avant. Cette rupture a plongé la partie Est du pays dans une noirceur indescriptible. Des enfants qui n’ont connu que cette terreur. Des familles déchirées. Pas de répit ni repli. Sans compter le fait que ces traumas ont des effets dangereux. On sait par exemple que les personnes exposées à des conflits pendant l'enfance peuvent faire preuve de plus de violence. Dans certains cas, les exposées sont 35 % plus sujettes aux crimes violents… Le coût sociétal pour la RDC pour contenir ce type de problème ou ces traumas est énorme.

Cette année, un invité de marque s’est associé à la commémoration. Il s’agit du Président de la République qui s’est présenté à l’évènement, avec un discours pour faire de cette journée, une journée commémorative. Dans les faits, elle l’a toujours été depuis. Le travail de la société civile n’est pas à négliger quant à ce. Un discours officiel du Président peut être compris comme l’émergence d’une conscience étatique. En revanche, la République peut faire bien plus pour ancrer l’importance de la reconnaissance de ce génocide – mieux je dois dire Génocost, contraction de « génocide » et « coût » – perpétré depuis des décennies en RDC.

Parmi les choses à sa portée et facilement réalisable, c’est de faire de cette journée un jour férié, nationaliste au sens noble du terme ou patriotique d’envergure et créer un espace commémoratif. Évidemment, le contre-argument à un jour férié pourrait être un économisme outrancier qui ne tiendrait pas compte des externalités d’une telle journée si on s’y prend bien en rappelant que la productivité est faible dans le pays et donc créer un férié de plus peut plomber l’activité économique. Il est important de noter que les jours fériés patriotiques peuvent servir à construire l’État-Nation (Nation-Building). Or, la RDC n’a pas encore totalement réussi en cette matière. Les économistes Andreas Madestam et David Yanagizawa-Drott ont montré dans une étude que les jours fériés peuvent façonner un pays. Ils montrent que les célébrations du 4 juillet aux États-Unis au cours du XXe siècle, surtout dans l’enfance, entrainent une conscience républicaine persistante tout au long de la vie, laquelle survient dès le plus jeune âge.

Aussi, il est établi aujourd’hui que le partage d’expériences communes au niveau national participe au dépassement de l’identité ethnique au profit de l’identité nationale. Or, la prégnance de l’identité ethnique plombe la trajectoire du développement de la RDC. Il est donc important de capitaliser sur une telle journée pour arriver à mieux édifier l’État-Nation de la RDC. Cette intuition est largement partagée dans les travaux d'économistes et de sociologues qui considèrent les fêtes nationales comme des occasions de reconfirmer les engagements sociétaux et l'identité nationale.

Il est encore important d’ajouter qu’un tel jour n’inculque pas seulement les valeurs, ces célébrations permettent d’établir une relation entre le patriotisme et les symboles nationaux. C’est ici l’occasion de rappeler la nécessité de l’édification ou construction d’un mémorial congolais à ce « #Génocost ». Ce symbole est d’une importance capitale. D’une part, il sert à la prise de conscience d’un plaidoyer sur la situation de la RDC (réception des autorités d’ailleurs à cet endroit, etc.) et d’autre part, ce symbolisme contribue à l’édification de l’État-nation via notamment le patriotisme. Une littérature académique importante montre que l'exposition aux symboles patriotiques favorise les valeurs républicaines. Étant donné le contexte, un tel édifice peut contribuer à l’émergence à ce que Christopher S. Parker appelle le patriotisme symbolique (Symbolic Patriotism) un attachement relativement abstrait et affectif à la nation et à ses valeurs fondamentales et le patriotisme aveugle (Blind Patriotism)  plus concret, indexant un soutien non critique aux politiques et pratiques nationales.

En somme, la construction de l’État-Nation n’est pas gratuite, sans intérêt. Le gain économique et sociétal est immense lors que cette entreprise est réussie. La prose de Francis Fukuyama tombe à pic : « L'identité nationale renforce non seulement la sécurité physique, mais inspire également la bonne gouvernance, facilite le développement économique ;  favorise la confiance entre les citoyens ; engendre un soutien pour des filets de sécurité sociale solides; et rend finalement possible la démocratie libérale elle-même. » Pleurer nos morts peut nous rendre plus fort…

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.

 


congo-press.com (MCP) / mediacongo.net
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