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Infos congo - Actualités Congo - MICRODEV - Appel à candidature - 17/08/2024
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Musique

« La musique est un véritable dopant pour notre cerveau »

2022-06-23
23.06.2022
2022-06-23
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ENTRETIEN. Stimulante ou apaisante, puissamment associée à nos souvenirs, la musique influence des fonctions cérébrales, explique le neuropsychologue Hervé Platel.

La Fête de la musique, célébrée tous les 21 juin, a fêté ses 40 ans mardi et fait son grand retour après deux ans d'interruption, pour le plus grand bonheur de tous. La fête a battu son plein. Mais la musique, bien plus qu'un objet de divertissement, est aussi un objet scientifique. Hervé Platel, professeur de neuropsychologie, en collaboration avec l'Observatoire B2V des mémoires, nous éclaire sur ses liens étroits avec nos fonctions physiologiques, nos émotions et notre mémoire.

Le Point : Comment la musique agit-elle sur notre cerveau ?

Hervé Platel : Ce qui saute aux yeux, c'est que le décodage de la musique fait travailler le cerveau de manière extrêmement large, et ne se limite pas à une ou deux zones précises comme on l'a longtemps pensé, un peu naïvement. Effectivement, des régions cérébrales « s'allument » à l'écoute d'une chanson ou d'un morceau. Mais la neuro-imagerie nous a clairement révélé que tout comme les zones de la mémoire, celles liées à la régulation des émotions, au circuit de la récompense ou les aires motrices entrent en jeu. Souvent, j'utilise la métaphore du joggeur.

Qu'est-ce que c'est la métaphore du joggeur ?

Partez courir avec un casque et vous aurez un aperçu de la diversité des effets de la musique sur notre cerveau et notre corps. Le premier que vous allez obtenir, c'est un effet d'entraînement neurophysiologique. C'est-à-dire que vous allez vous synchroniser avec le tempo, ce qui va vous aider à soutenir vos efforts : il existe des connexions très privilégiées entre nos régions auditives et nos régions motrices. On parle de boucles auditivo-motrices. Ce réflexe de bouger en rythme est déjà présent chez les bébés, capables de faire des balancements de tête sur un son, avant même de savoir marcher. Même des animaux comme le cacatoès ou le perroquet le font ! Pour revenir à notre joggeur, son attention est aussi captée par la musique, ce qui la détourne des informations douloureuses. C'est le même phénomène que celui produit par l'hypnose ou la méditation chez les patients douloureux chroniques. Cerise sur le gâteau : si la musique que nous avons dans les oreilles nous est familière et nous plaît, le circuit de la récompense est stimulé et libère toutes sortes de substances du bien-être – l'ocytocine, la dopamine, ou encore la noradrénaline – qui contribuent aussi à diminuer les sensations douloureuses. C'est un phénomène bien étudié en neuro-imagerie, qui s'appelle le frisson musical. Rien d'étonnant alors que la musique soit interdite dans les compétitions sportives ! C'est un véritable dopant.

Rythmes et mélodies nous procurent-ils à tous les mêmes émotions et réactions ?

Oui, cette question a fait l'objet d'études. Et cela malgré le fait, bien sûr, que nous ne partageons pas tous les mêmes goûts musicaux. La musique porte dans sa structure même des éléments qui en font un moyen de communication émotionnel. C'est le résultat de notre évolution et c'est quelque chose d'universellement partagé. Par exemple, dans toutes les civilisations humaines, les mamans chantent le même genre de berceuses aux enfants pour les calmer et les rassurer. De manière générale, une mélodie avec de petites montées, de petites descentes, sans sons trop agressifs sera considérée comme calme, relaxante, et donc plutôt agréable. Certaines musiques sont structurées de manière à capter notre système neurovégétatif. Elles ont un effet direct sur notre sentiment de stress et ralentissent notre système cardiorespiratoire. A contrario, un rythme enlevé sera plutôt assimilé à une musique joyeuse, et stimulera respiration et rythme cardiaque.

Vous parliez aussi de la mémoire. En quoi est-elle liée à la musique ?

Parce que nous avons grandi dans des cultures humaines, nous reconnaissons tous naturellement la musique quand nous en entendons. Ou presque : une faible part de la population – 2 à 3 % – en est incapable. C'est ce qu'on appelle l'amusie. Et identifier la musique, c'est d'abord le faire d'un point de vue mémoriel. Est-ce que c'est une musique que j'ai déjà entendue ? Si oui, dans quel contexte ? Est-ce que je peux lui donner un titre ? Me souvenir des paroles ? Dès le début de la stimulation musicale, les structures de la mémoire, notamment les régions hippocampiques, mais aussi les régions temporales – qui sont des aires associatives – sont sollicitées. On essaie immédiatement de savoir si ce que l'on est en train d'entendre existe déjà dans notre « base de données » cérébrale. C'est irrépressible. Et lorsque l'on reconnaît la chanson ou le morceau, et qu'on l'aime, le plaisir procuré est intimement lié à la mémoire. Il y a un effet d'attente qui se crée parce que l'on sait qu'à tel ou tel moment la voix du chanteur, une envolée de violons ou un solo de guitare nous donne la chair de poule. Quand cette attente est finalement comblée, des substances euphorisantes déferlent dans notre cerveau.

Et quelquefois, la musique est comme une machine à remonter le temps…

Absolument. La musique, c'est une expérience sensorielle. Comme une odeur ou un goût. Une madeleine de Proust, en somme ! Une très forte reviviscence mémorielle peut se produire à l'écoute d'une musique. Pour beaucoup de gens, certaines musiques sont de véritables marqueurs autobiographiques, très fortement ancrés à certains moments de leur vie, de leur jeunesse. À tel point que des morceaux ont déjà sorti du coma des dizaines de personnes. Ces cas n'ont malheureusement pas fait l'objet de beaucoup d'études. C'est notamment arrivé en 2014 à un boulanger d'une soixantaine d'années, plongé dans un état végétatif depuis plusieurs jours. La radio allumée dans sa chambre a diffusé « Satisfaction » des Rolling Stones. Après quelques minutes à peine, il s'est réveillé. Cette chanson, c'était le premier 45 tours qu'il avait acheté, en 1965. Il a ensuite expliqué que l'entendre lui avait rappelé sa jeunesse, sa vitalité. Et finalement, l'avait remis sur les rails. Ce pouvoir évocateur est un phénomène que nous avons également pu observer dans nos travaux, largement dédiés à la mémoire musicale chez les personnes touchées par des troubles de la mémoire.

La musique peut-elle aider les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, par exemple ?

Ce qui est très étonnant dans les maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer, c'est que cette persistance musicale de la mémoire est très forte. C'est un avantage majeur d'un point de vue clinique : on peut utiliser la musique comme levier de communication pour stimuler certains patients. Tout dépend du stade de la maladie. Plusieurs études chez le rongeur ont montré que la musique favorisait la création de nouveaux neurones. On pense donc, qu'à ce titre, elle est utile en prévention et aux premiers stades de la maladie. Par ailleurs, par son pouvoir émotionnel, elle diminue anxiété et symptômes dépressifs. Elle aide à réguler les désordres émotionnels et les troubles comportementaux jusqu'à un stade assez avancé. Mais, alors même que l'on pensait que les patients Alzheimer n'avaient plus la possibilité d'encoder de nouvelles informations dans leur mémoire, nos travaux nous ont montré le contraire.

Qu'avez-vous découvert ?

En faisant écouter aux patients des chansons qu'ils ne connaissaient pas, en leur faisant chanter des mélodies nouvelles, on s'est aperçus qu'ils étaient capables de les retenir, alors même qu'ils ne se souvenaient pas avoir participé aux ateliers où on leur avait présenté ces chansons. Et qu'ils étaient incapables de nous dire quand et comment ils les avaient apprises. Ils ont mémorisé à long terme. C'est quelque chose que l'on pensait absolument impossible.

Propos recueillis par Héloïse Rambert
Le Point / MCP, via mediacongo.net
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