Société
Une mauvaise planification, un manque d'objectifs et un financement insuffisant ont entravé la promesse du président Félix Tshisekedi de mettre fin à l'effusion de sang à l’Est, selon un rapport parlementaire confidentiel consulté vendredi par l’agence de presse Reuters.
En mai, le chef de l’Etat avait décidé de remplacer les administrations civiles des provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri par des autorités militaires et policières en mettant en place l’Etat de siège dans le but de mettre fin à des décennies de problèmes d’insécurité dans partie du pays riche en ressources minières.
Cependant, depuis son instauration, les civils ont été tués au même rythme qu'avant, atteignant plus de 1 000 cette semaine, selon les données compilées par le « Baromètre sécuritaire du Kivu », qui cartographie les différentes attaques meurtrières se déroulant dans la région.
Compilé par la Commission de défense et de sécurité de l'Assemblée nationale, le rapport a révélé que depuis l'instauration de l’Etat de siège en mai, les meurtres, les viols et les vols se sont intensifiés dans les deux provinces concernées par cette militarisation de l’administration.
Sur la base d'entretiens avec cinq hauts ministres, dont ceux de la Défense et des Finances, le rapport de l’Assemblée indique que les demandes de fonds de l'armée de $596 millions pour mettre en œuvre l'état de siège - soit plus du double de son budget annuel - n’a été satisfaite que par un décaissement initial de seulement 33 millions de dollars; plus de la moitié de l'argent a été dépensé au quartier général de l'Etat-major des FARDC à Kinshasa, dont 12% en arriérés de salaires.
« La proclamation de l'état de siège n'était pas étayée par une planification d'action stratégique », indique le rapport d’enquête parlementaire.
« Cela s'est fait sans un montage financier substantiel et cohérent, sans définition d'objectifs militaires, et sans calendrier d'actions stratégiques », indique le rapport.
D'autres problèmes cités par le rapport comprenaient le manque d'équipement et de transport, des soldats fantômes, une situation préoccupante des droits de l'homme, la corruption, des barrages routiers illégaux exigeant des « taxes de l'état de siège » et un manque de collaboration avec les communautés locales.
Le rapport, qui a été soumis le 29 septembre, a également indiqué que 273 soldats ont été tués et 111 blessés depuis l’instauration de l’Etat de siège, révélant pour la première fois le bilan humain de l'armée.
Suivant Reuters, les porte-parole du gouvernement et de l'armée n'étaient pas immédiatement disponibles pour commenter ce rapport.
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