Kinshasa: la tête de Ngobila réclamée par les députés provinciaux de l’USN pour mégestion

Les députés provinciaux de Kinshasa, membres de l’Union sacrée de la nation (USN) partagent le constat relevé par les députés nationaux élus de la ville-capitale sur la mégestion du gouverneur et du bureau de l’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK).
 
Dans une déclaration rendue publique samedi en réaction à la dernière sortie médiatique de leurs collègues membres de la Dynamique Ngobila, ils se disent « choqués par le caractère indélicat et discourtois des propos tenus à l’encontre » des députés nationaux élus de Kinshasa.

L’APK, une caisse de résonance de Ngobila

Selon les signataires de cette déclaration, leurs collègues ont prouvé à la face du monde qu’ils sont tellement à la solde du gouverneur Ngobila jusqu’au point d’ignorer les prérogatives constitutionnelles des uns et des autres. « Nos collègues membres de la Dynamique Ngobila ont manqué l’occasion de se taire et surtout de se rattrapper face à l’opinion. Dans cette déclaration inopportune et surprenante, ils fustigent le fait pour les députés nationaux susmentionnés de critiquer la gestion de la ville de Kinshasa. Point n’est besoin de rappeler que, conformément à l’article 101 de la Constitution…, le mandat du député national est national et s’exerce sur toute l’étendue du territoire national y compris la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

Il en va sans dire qu’une telle attitude de nos collègues précités est une méprise des missions constitutionnelles des députés tant nationaux que provinciaux et ne sauraient engager ni l’Assemblée provinciale de Kinshasa, ni emporter notre solidarité. Ces missions qui, en aucun cas, ne consistent à prendre la défense de l’exécutif provincial ou à partager sa gestion, sont celles de contrôler ce dernier, de légiférer et de voter le budget. Une telle attitude prouve à suffisance que la démarche visant la caporalisation des députés provinciaux de Kinshasa et la réduction de l’organe delibérant de la ville en une caisse de rénosance, n’est plus à démontrer. L’Assemblée provinciale de Kinshasa est devenue une chambre d’enregistrement à la solde du gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka », regrettent les élus provinciaux opposés à la mégestion de la ville.

En outre, Magloire Kabembe et son groupe ont mentionné que le tableau de la ville peint par les élus nationaux de Kinshasa, correspond à la réalité. « Au lieu d’interpeller ce dernier, nos collègues ont choisi de s’en prendre à ces députés nationaux qui n’ont fait qu’exprimer le désarroi de tout un peuple fatigué de vivre dans une cité où l’absence de l’autorité de l’Etat, les désordres de tous genres, la mauvaise gouvernance, le manque de leadership, l’incompétence ont élu domicile », ont-ils martelé.

Par la même occasion, les députés provinciaux anti-Ngobila ont désapprouvé le manque de morale politique et de collaboration interinstitionnelle qui a caractérisé la déclaration de leurs collègues acquis à la cause du gouverneur décrié. « Nous députés provinciaux de Kinshasa, membres de l’Union sacrée de la nation, ne sommes concernés ni de loin, ni de près par cette déclaration. En revanche, la condamnons fermement car la morale politique et l’esprit de collaboration entre institutions de la République à tous les niveaux nous appellent au respect mutuel et surtout à la considération à l’égard de nos collègues députés nationaux élus de Kinshasa en général et à l’égard de leur porte-parole, le député Jean-Marc Kabund A Kabund, premier vice-président de l’Assemblée nationale et président a.i de l’Udps », ont-ils souligné.

Ils ont saisi cette opportunité pour rappeler que l’intolerance vécue dans la réaction des pro-Ngobila face au constat d’ingouvernabilité de la ville-province de Kinshasa relevé par les députés nationaux s’inscrit dans le même contexte qui a conduit à la destitution du vice-gouverneur, Néron Mbungu, à l’emprisonnement du député Mike Mikebayi et à la plainte contre Magloire Kabemba. « …nous rappelons à l’opinion que c’est de la même manière que M. Néron Mbungu, vice-gouverneur, a été démis de ses fonctions, pour avoir en son temps dénoncé cet état des choses, que le député provincial Mike Mukebayi Nkoso a vu ses immunités levées afin d’être livré à la justice pour avoir adressé une question orale avec débat au gouverneur Gentilly Ngobila Mbaka pendant la dernière session ; que le député provincial Magloire Kabemba Okandja fait l’objet des poursuites judiciaires pour avoir dénoncé la fermeture unilatérale et illégale de la session ordinaire de mars dernier par le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, M. Mpoy Karima Godefroid ; la liste n’ est pas exhaustive », condamne-t-on dans la déclaration.

Kinshasa sous Ngobila, une zone de non droit

Les députés provinciaux membres de l’Union sacrée de la nation en appellent à la rupture de ces pratiques qui font penser à l’époque stalinienne et à une cité ingouvernée.

« Ces pratiques d’une autre époque ont non seulement jeté le discrédit sur notre institution mais aussi l’ont affaibli face au gouvernement provincial de Kinshasa. Nous ne pourrons continuer à assister à la destruction de notre chère capitale qui peine à redorer son blason terni par des années de corruption devenue systémique, d’incompétence de ses gouvernants, d’insalubrité devenue endémique, d’insécurité à travers le phénomène « kuluna », de désordre dans le secteur des transports, la prolifération des stations services, des marchés pirates le long des artères principales, l’érection provisoire par l’autorité urbaine des marchés sur la voie ferrée après la démolition sans projet du marché central appelé Zando, sans appels d’offre, sans contrat jetant du jour au lendemain dans le désespoir plus de 30.000 vendeurs, qui n’ont pas pu être relocalés… .Cette ville ressemble de plus en plus à une cité qui n’est pas gouvernée ; une zone de non droit », ajoute la déclaration.

Tshisekedi appelé à sauver Kinshasa

Au regard de tous les faits relevés ci-haut, les députés provinciaux de Kinshasa membres de l’Union sacrée de la nation sollicitent l’implication personnelle du président de la République pour impulser une nouvelle dynamique à la tête de la ville-miroir.

« C’est ici l’occasion d’en appeler à l’implication personnelle du président de la République …garant du bon fonctionnement des institutions de la République démocratique du Congo pour impulser un nouvel élan de gouvernance et de leadership à la tête des institutions de notre ville-capitale à l’instar de ce qui a été fait au niveau national et qui a mis fin à la coalition FCC-CACH de triste mémoire », ont-ils insisté, avant d’encourager l’audit annoncé de l’Inspection générale des Finances (IGF) dans la ville de Kinshasa.