100 jours du Gouvernement Sama: des acteurs politiques pensent que « tout a été fait sauf la réponse aux attentes de la population »

Le Gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde a totalisé ce mercredi 4 août 2021 ses 100 premiers jours. A cette occasion, certains acteurs socio-politiques du Sud-Kivu interrogés par votre rédaction,, pensent que durant les 100 premiers jours du Gouvernement dit des « Warriors », tout a été fait «sauf la réponse aux attentes de la population Congolaise.»

C’est le cas de Bernard Zagabe, communicateur du FCC au Sud-Kivu. Pour lui, le Gouvernement Sama Lukonde, « navigue à vue », compte tenu des circonstances dans lesquelles il a été mis en place, mais aussi de sa composition. Selon Bernard Zagabe, le Gouvernement Sama Lukonde donne l’impression d’être constitué par des gens « sans vision et des apprenants ».

Parlant de l’amélioration des conditions sécuritaires, il explique qu’aujourd’hui, «toutes les structures sécuritaires ne sont pas ni en voie de réforme, ni à la hauteur de sécuriser la population.»

«Le Gouvernement Sama Lukonde n’a rien apporté de plus. Les militaires ne sont pas payés convenablement, beaucoup des détournements de fonds alloués aux services de sécurité, ce n’est pas moi qui le dit. C’est le responsable numéro 1 qui s’est plaint à Goma, disant que il y avait beaucoup des magouilles dans les institutions sécuritaires,» regrette Zagabe, qui évoque une situation intenable sur le plan social, et où les enseignants et médecins sont en grève tout le temps.

Sur le plan économique, celui-ci soutien que le Gouvernement n’a pas été à la hauteur de stabiliser le taux de change; moins encore l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires de l’Etat.

«Il était prévu qu’on devrait engager les gens. Je n’ai pas vu un seul jeune engagé au gouvernement Sama Lukonde et donc nous constatons que ce gouvernement, c’est juste une machine de consommation inutile de l’argent de la population, et c’est horrible. C’est terrible, c’est triste et c’est malheureux, parce que rien ne va au pays. En fait le gouvernement Sama Lukonde, dans 100 jours rien ne va dans le pays, la situation devient intenable. Nous sommes en train d’assister à une situation que le pays n’a pas traversée il y a 20 ans. Même à l’époque du RCD on n’a pas connu ce qu’on est entrain de connaitre actuellement. Nous demander d’évaluer le gouvernement Sama Lukonde, nous pouvons simplement dire que c’était un cadre de regroupement de quelques acteurs, qui ont choisis de tout démolir, et cela au détriment du peuple congolais,» affirme Bernard Zagabe.

Bernard Zagabe est soutenu par Christopher Safari, Président Fédéral de l’ARC au Sud-Kivu, et cadre d’Ensemble pour la République. Pour lui, durant les 100 jours, tout a été fait, «sauf apporter des solutions aux problèmes des congolais.» Il évoque l’insécurité qui a continué à faire des victimes à l’Est du pays, et ce, malgré l’état de siège décrété dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

Ce cadre d’Ensemble pour la République parle de la problématique de la gratuité d’enseignement primaire, qui  jusqu’à présent n’a pas été résolue, selon lui. «Au Sud Kivu, les enseignants des écoles de l’intérieur font grève tous les jeudis pour réclamer la suppression des zones salariales,» dit-il.

« Même avec le nouveau gouvernement, 100 jours après, le peuple considère que le slogan le peuple d’abord est resté une lettre morte. On nous chante partout État de droit, mais, il me semble que c’est finalement un principe de deux poids deux mesures. Deux personnes peuvent faire la même chose, on s’occupe de l’un qu’on considère comme opposant du pouvoir, et on protège l’autre qui appartient au parti politique du Président de la République. Voyez le cas Jacky Ndala d’Ensemble et Augustin Kabuya de l’UDPS,» S’interroge Christopher.

Pour lui, les « Warriors » devraient arrêter de penser sur comment se maintenir au pouvoir après 2023; mais plutôt focaliser l’attention sur l’amélioration des conditions de vie des congolais, en donnant à la population la nourriture, les soins de santé, l’eau et l’électricité ainsi que les infrastructures.

Mais Amos Bisimwa, militant du mouvement citoyen OBAPG, pense qu’ en analysant le bilan de ces 100 premiers jours, «il est largement négatif.» Cet activiste soutien qu’en lieu et place d’une amélioration, la misère s’est beaucoup aggravée. 

Pour lui, le Gouvernement devrait tout simplement déposer sa démission.

«Je pense à mon avis que c’est une honte pour le peuple congolais d’analyser aujourd’hui les 100 premiers jours du Gouvernement Sama Lukonde, par rapport aux promesses qu’il a eu à donner au peuple congolais… Le panier de la ménagère est resté le même, et l’économie est chaotique. Pour la sécurité, n’en parlons pas. C’est juste après sa prise de pouvoir qu’on a décrété le fameux état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Mais sur le terrain, on constate qu’il y a plus de mort pendant l’état de siège qu’avant. La situation est plus que grave, et même les députés des deux provinces exigent déjà qu’on y mette fin. Et pour les infrastructures, c’est encore un malheur pour le peuple congolais, d’avoir des dirigeants qui ont des bons discours, mais sur la réalisation il n’y a rien. C’est pourquoi je pense que le peuple congolais aurait quitté la médiocrité pour la nullité. Et c’est très grave et c’est très dangereux,» s’inquiète-t-il.

Cet avis n’est pas partagé par Théodore Museme, chargé de l’organisation et implantation de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) au Sud-Kivu.  Pour lui, 100 jours au-delà d’être une pratique semi-évaluative d’une gouvernance; ne devrait être un motif de conclure sur une quelconque incapacité ou non d’une autorité jusqu’à exiger la démission du Gouvernement.

« Les finances du pays ont suffisamment augmenté »

Ce cadre du parti présidentiel fait noter que dans plusieurs secteurs de la vie, il y a eu une volonté de mieux faire les choses. C’est par exemple l’économie où Museme fait observer les différentes tractations avec les vendeurs de certains produits importés, mais aussi les discussions en cours avec les aviateurs pour la réduction du coût du prix de billets d’avion.

Il indique qu’avec Sama Lukonde, les finances du pays ont suffisamment augmenté, d’où son optimisme de voir le budget national augmenter dans les prochaines années.

«Avec les régies financières on sent qu’il y a une volonté de maximiser les recettes, et quand on maximise les recettes comme ça, c’est un signe que la corruption diminue. En voyant ce qui se fait aujourd’hui avec le Premier ministre Sama Lukonde, on sait voir que l’objectif de mobiliser un milliard de dollars par mois sera bientôt atteint, avec une possibilité d’avoir un budget de 12 milliards l’an prochain,» soutien Théodore Museme.

Pour ce cadre de l’Union Sacrée de la Nation, pendant les 100 premiers jours du Gouvernement, il a été question de poser les jalons; et « dans les jours à venir «à l’allure où vont les choses», le premier ministre aura fait quelque chose. Rien n’est donc encore perdu, selon lui.