Consultations nationales : Tshisekedi met son avenir politique en jeu

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, joue son va-tout. A en croire un communiqué de la Présidence de la République, c’est ce lundi 2 novembre que le chef de l’Etat lance officiellement ses consultations. Des consultés, minutieusement triés, ont été contactés, via le Protocole d’Etat.

Pour Félix Tshisekedi, l’objectif est de fédérer le plus de monde possible autour de son projet d’une « union sacrée de la nation ». Mais, c’est à l’Assemblée nationale que se jouera la bataille finale. Soit Félix Tshisekedi réussit à changer le jeu politique. Ce qui va réconforter son statut de chef de l’Etat. Soit, il échoue. Ce qui probablement pourrait pousser le FCC à réactiver la procédure de sa destitution. Quoi qu’il en soi, avec ces consultations, c’est l’avenir politique et le siège présidentiel de Félix Tshisekedi qui sont en jeu.

Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a mis tout son poids sur la balance. Il joue au quitte ou double en engageant des consultations dont l’issue n’est pas connue d’avance. Une pêche miraculeuse, avec à la fin une majorité parlementaire, est un pari fou. Tshisekedi s’est engagé sur cette voie malgré la multitude d’ennemis qu’il se serait fait tout le long de son parcours.

Ses détracteurs actuels, qui sont par ailleurs ses alliés dans la cadre de la coalition FCC-CACH, le présentent comme une personne qui ne respecte pas ses engagements politiques. A coups d’arguments, ils peignent un homme qui dribble tous ceux qui s’en approchent. Félix Tshisekedi joue curieusement sa dernière carte, son joker.

Si le coup réussit, il empoche sans coup férir la majorité à l’Assemblée nationale, en faisant exploiter le FCC, il aura gagné un grand coup et restera le seul et l’unique gros poisson dans le marigot politique jusqu’en 2023. Mais,  s’il n’y arrive pas,  sa chute coïncidera avec une descente aux enfers sans précédent tel que prévu dans un autre accord signé à Genève. Félix Tshisekedi a tout mis sur la balance. Sans réserve parce qu’il joue son va-tout, y compris son avenir politique. En cas d’échec, le retour des flammes sera impitoyable. En effet, en se jetant dans cette bataille, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, ne veut pas être ce patin de Kabila comme lui-même l’avait décrit dans une vidéo. Maintenant, c’est dans la réalité des choses que ça se joue.

Kabila et le FCC savent désormais que Félix Tshisekedi ne reculera plus. Lorsqu’il aura échoué dans sa tentative, comme l’a prophétisé Joseph Kabila, affaibli politiquement, ils ne lui feront aucun cadeau. Toutes les voies seront utilisées, notamment en le mettant en accusation pour haute trahison. Sa place sera dans une cellule luxueuse de la prison. Va-t-il l’accepter?

La peur du lendemain

C’est plutôt l’effet retour qui relève du domaine de l’aléatoire. Aujourd’hui, personne ne sait prédire avec exactitude si jamais la coalition volait en éclats. La cohabitation ne va pas non plus arrangé les choses. Dans ce dernier cas de figure, Félix Tshisekedi sera donc réduit à un rang protocolaire, ne sachant plus interférer dans les décisions du Gouvernement, laissé totalement entre les mains du FCC

L’UDPS, qui verra son impérium être dénudé, ne va accepter une telle humiliation. Des millions de ses combattants et partisans rendront le pays simplement ingouververnable.

C’est dire qu’en optant pour le changement de majorité parlementaire en sa faveur, Tshisekedi s’est mis la corde au coup. Il ne lui restera que de nommer un informateur qui identifiera la nouvelle majorité. Pourvu que la démarche aboutisse.

Si le nouveau Premier ministre arrive à former le Gouvernement, il pourra alors résister à ses anciens alliés. S’il échoue, ses alliés du FCC se feront un plaisir de tendre la corde et de lui imposer une mort politique certaine avec des effets pervers néfastes. Autrement dit, la RDC se trouve dans l’œil de cyclone. Les prochains jours seront extrêmement difficiles à gérer – de part et d’autre d’ailleurs.