Politique
La situation de la RDC est grave. Le pays est bloqué à tous les niveaux. Le peuple se retrouve plongé dans un bourbier. Comble de tout, c’est que, dans cette cacophonie, l’allié FCC fait du chantage au président de la République. Mais la crise étant profondément politique, elle ne pourra être résolue que par une instance hautement politique.
Pour ce faire, il faut au chef de l’État imaginer un cadre approprié en vue de dénouer cette équation à plusieurs inconnues et mettre un terme à toutes les misères que lui imposent ses nihilistes partenaires. C’est ainsi que le président du Parti pour la démocratie et la bonne gouvernance (PDG), Modeste Mutinga propose la convocation d’une deuxième Conférence nationale souveraine (CNS) ; seul cadre pouvant dénoncer à haute voix le mal, identifier ses auteurs, faire le procès du régime précédent, prendre des décisions et les rendre exécutoires et opposables à tous.
À cet égard, la CNS 2020 est à même de faire plier les ardeurs obscures des caciques de la famille politique de l’ex-président Joseph Kabila. Ce faisant, toute autre solution envisagée pour contrecarrer le chantage du FCC ne produirait pas d’effet, y compris les consultations annoncées par le chef de l’État. Foi de Mutinga.
« Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ». Ce proverbe français vaut toute une chandelle pour le président de la République en ce moment très critique où il partage des relations très tumultueuses avec ses alliés du Front commun pour le Congo (FCC).
En effet, depuis un certain temps, plus être précis, depuis la nomination de trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelles et leur récente prestation de serment dans des conditions que l’on connait (boycottée par les membres du FCC), Félix Tshisekedi vit dans sa chair une anxiété déconcertante : faut-il continuer avec les mêmes ou changer le fusil d’épaule ?
Aucun esprit sensé n’a eu besoin d’un croquis pour décrypter le contenu de la dernière adresse du chef de l’État à la nation. En annonçant ouvertement la tenue prochaine des consultations avec les leaders politiques et sociaux de la RDC pour, enfin, créer une « Union sacrée », Félix Tshisekedi est en instance de divorce avec le FCC. Mais cette intention de « rompre » avec l’« accord co-gestion » signé avec ses alliés du FCC ne passera pas comme un couteau dans du beurre.
Face à l’impossibilité d’avancer en solitaire ou de s’abriter, bon gré mal gré, sous un toit qui suinte de toutes parts, Modeste Mutinga estime que le président de la République a des choix à opérer. D’abord, sur le plan juridique, il lui est difficile de changer des députés en pleine mandature. Ensuite, réussir à débaucher plus de 100 députés nationaux pour s’octroyer une majorité parlementaire serait un exploit historique dans les annales politiques congolaises. Il lui faut, pour cette sale besogne, d’énormes sommes qu’il n’a pas, à moins de puiser ailleurs. Mais où ?
Enfin, sur le plan constitutionnel, là encore la tâche n’est pas du tout facile, tellement que les articles de la Constitution ont verrouillé et compliqué la procédure de dissolution du Parlement.
Buté à ce triple obstacle, il ne lui reste que la possibilité de former une « Union sacrée » à son image. « Ici encore, il faut compter sur l’unanimité des leaders d’une opposition parfois fissurée à l’interne », prévient l’ancien rapporteur du Sénat.
Selon lui, si avec les autres Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi ou l’UNC de Vital Kamerhe… les choses peuvent aller aussi vite, il n’est pas évident avec Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui s’affichent dans une intransigeance à rompre le souffle.
Mais sur cette question d’Union sacrée pour la République, il y a bien plus que ceux-là : le FCC n’en veut pas. Non seulement qu’il refuse de s’embarquer dans une aventure dont ils ne maîtrisent ni les contours, ni les atours et ni même les rouages, les cadres de la famille politique de Joseph Kabila menacent ! Ils crient à qui veut les entendre qu’il existe bel et bien un accord qu’ils ont signé ensemble que Tshisekedi ne peut pas se permettre de violer comme une feuille morte.
La guerre ouverte du FCC
D’ailleurs, afin que nul n’en prétexte ignorer la teneur, le secrétaire permanent du PPRD et candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, Emmanuel Ramazani Shadary l’a si bien exprimé, le mercredi 28 octobre 2020, devant les députés et sénateurs de son parti politique comme pour leur demander de resserrer les rangs.
« Ces consultations ne vont pas aboutir. Prenez date aujourd’hui il va revenir vers nous, il n’a pas d’autres choix », a-t-il averti. « Il y a d’abord l’Accord de Genève qu’ils n’ont pas respecté ; celui de Nairobi avec Vital Kamerhe ; puis notre Accord de GLM sur lequel ils sont en train de marcher dessus (…) Lorsque Tshisekedi et Kabila ont signé leur Accord, j’en ai été le témoin privilégié. Il n’y a eu qu’une seule copie qui est gardée par le président Kabila », a-t-il révélé.
Et de poursuivre : « Renvoyer 500 politiciens au chômage, c’est mettre le feu dans ce pays. Il ne le fera pas ; s’il le fait, on va faire ce qu’il faut faire ».
Le secrétaire permanent du PPRD a martelé que dans ce combat, « la CENI et la Cour constitutionnelle constituent une ligne rouge. Pour le moment, la communication du PPRD doit rester sur la violation de la Constitution. Nous n’allons pas changer », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « C’est eux qui vont changer. Le jour où ils tenteront leur dissolution (du Parlement), ça sera la fin », a-t-il conclu.
À la crise politique, une solution politique
Craignant une hécatombe, Modeste Mutinga prévient que « ces discours belliqueux de terreur et de défiance ne sont pas innocents et donc pas à négliger. Ils s’adressent bel et bien au président de la République après son message à la nation du 23 octobre ». Est-ce un mot d’ordre venu de Kingakati, s’interroge-t-il.
De toute façon, le président du PDG affirme que la crise actuelle est profondément politique et qu’elle est difficile d’être résolue sur le plan juridique, avec des interprétations divergentes selon qu’on est de la Majorité ou de l’Opposition, mais surtout avec une Cour constitutionnelle boudée d’avance par certains acteurs politiques.
Et donc, face à la fougue de Kabila et sa bande, Félix Tshisekedi n’y peut rien tout seul, martèle Mutinga. Seule une deuxième Conférence nationale souveraine pourrait neutraliser cette machine du FCC. Le chef de l’Etat devra la convoquer, conformément aux prérogatives à lui reconnues dans l’article 69 de la Constitution.
Ainsi, les résolutions qui y sortiront seront exécutoires et opposables à tous. Bien avant, c’est elle (Conférence nationale souveraine) qui pourra dresser le bilan du régime précédent sur tous les plans, à travers les communications des participants venus de tous les coins de la République, comme il en fut le cas avec le procès du régime Mobutu lors de la 1ère Conférence nationale souveraine.
On se souviendra que la CNS avait élu un Premier ministre issu de l’Opposition et avait formé un Parlement très représentatif. Sans tomber dans un pessimisme béat, Modeste Mutinga ne croit pas à l’issue des consultations que va mener le chef de l’État.
Il rappelle que le président Mobutu est passé par-là, jusqu’au jour où, se voyant bloqué, il convoqua la Conférence nationale souveraine.
Des fanatiques du chef de l’État et bien d’autres qui gèrent leurs agendas cachés pourront faire un procès d’intention à Modeste Mutinga. Mais cet ancien sénateur s’aligne dans une logique simple : « Si tu m’aimes, dis-moi la vérité en face ». Ceci étant, le chef de l’État devra éviter de tomber dans un « juridisme pernicieux » et sans fin qui lui ferait perdre du temps.
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