La puissance du pardon : efficace ou leurre ?

Durant le parcours de la vie terrestre, nul ne peut prétendre n'avoir offensé ou été offensé par son semblable. Cependant, récidiver auprès de quelqu'un peut souvent rendre l'amendement difficile voire impossible. En ce cas, faudrait-il rester constamment clément à défaut d'exclure carrément ce vocable ? Si pour certains le pardon allège le poids du fardeau dans le chef de chaque individu, cela ne fait pas l'unanimité.

A ce sujet poignant auquel nul n'est épargné, Media Congo Press (MCP) a procédé au micro baladeur en vue de s'enquérir de différents points de vue tant moral que religieux.

Partant par la bible, celle-ci déclare : « Pardonner est une puissance qui libère !", énonce l'évangéliste Alain Pandje de l'église Vie Nouvelle à Binza Delvaux dans la commune de Ngaliema (ouest de Kinshasa). En référence aux prêches de Jésus Christ, poursuit-il : "en pardonnant et en allant vers la personne qui nous a causé du tort, on gagne une paix intérieure. Il est d'intérêt de comprendre que le pardon ne dépend pas de l'offenseur mais plutôt de l'offensé », conclut-il.

D’ici, témoigne Mamie Muamba qui a eu à expérimenter la puissance du pardon dans sa vie professionnelle, relate avoir eu la conviction de demander pardon à un de ses collègues à la base de plusieurs frictions qu’elle n’a été capable d’élucider partant du rationnel. C’est après avoir obéi et demandé pardon « parce que je ne fais que mon travail » qui était, apparemment, à la base des complications entre les deux, « c’est comme si aucune opposition n’avait précédé ce jour…pour chaque action, il me renvoyait carrément la balle pour que je donne mon veto. C’était incroyable et j’en suis arrivée à bâtir ma foi sur ce verset : … les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles mais puissantes par la vertu de Dieu [2 Corinthiens 10 : 4] j’ai gagné en autorité et cela m’a donnée une position de supériorité sans oublier que  cela a rétabli la paix ». Elle n’a pas recouru à la connaissance humaine ou ruse pour se défaire de ces différends mais a juste demandé « pardon » à son persécuteur, raconte-t-elle.

A la différence du chrétien, mwalimu Abedi (prédicateur musulman), rencontré dans la commune de Barumbu, conditionne l’exercice du pardon. « Ne jamais se lasser de pardonner puisque pardonner est une recommandation divine d'Allah ! Ça relève de son amour infini et inconditionnel pour l'humanité". Mais néanmoins, poursuit- il : « le pardon à lui seul n'a pas de sens quand il n'y a pas réparation », a-t-il ajouté.

Pour monsieur Ntumba Honoré rencontré à Binza Pompage dans la commune de Ngaliema : « le pardon bénéficie à l'oppresseur plutôt qu'à l'opprimé ; la loi du talion est la meilleure façon d'équilibrer le monde », soutient-il. A en croire le dicton populaire « tout se paie ici-bas », cela réconforte la loi du talion en prouvant que « le pardon n'existe pas, œil pour œil dent pour dent », a-t-il insisté.

En définitive, le pardon s’avère une nécessité, un exercice à faire sans modération, une pratique que recommandent aussi bien les musulmans que les chrétiens. Accorder son pardon ne répare pas certes le tort mais libère celui qui l’accorde.

D’autre part, le pardon qui est une source de pouvoir à en croire le témoignage de Mamie Mwamba, reste néanmoins une notion relative qui trouve son essence dans les prédispositions de chaque individu selon le milieu de vie. Religieux ou irréligieux, l’environnement est un des facteurs déterminants sur la capacité d’une personne à faire amende honorable ou non pour régler un conflit.