Politique
Le vice-président national de la ligue des jeunes du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, parti cher au président de la République honoraire Joseph Kabila, M. Henry Maggie Walifetu, a été arrêté comme dans un film d’action le 16 mai 2020 par plus ou moins 50 militaires cagoulés et lourdement armés, venus dans plus ou moins 8 Jeeps prado de couleur noire et 6 pick-up pendant qu’il sortait d’un super marché de la place à Kinshasa Gombe. L’événement s’est déroulé aux environs de 13h.
Arrêté dans ces conditions dégradantes, Henry Maggie Walifetu a été cagoulé, trimballé et interrogé par des gens non autrement identifiés et à plusieurs endroits inconnus du fait qu’il était cagoulé.
Cinq heures du temps après, il sera jeté à l’IPKIN, soit aux environs de 17h, comme l’indiquait la montre du bureau où il a été mis sous la table.
Vers 19h, il voit apparaître un OPJ qui va cette fois le sortir sous la table pour l’interroger. C’est alors que Henry Maggie va poser la question de savoir où se trouvait-il. Le fameux OPJ va lui dire qu’il était à l’IPKIN, avant de prendre un papier et un stylo pour commencer à l’interroger.
Henry Maggie posera la deuxième question de savoir pourquoi il a été arrêté et quoi lui reprochait-on. L’OPJ va lui répondre qu’il ne sait pas de quoi il s’agit mais qu’ill était chez lui à la maison et qu’il a été urgemment appelé afin de l’auditionner pour avoir offensé le chef de l’État Félix Tshisekedi.
Henry Maggie va finalement poser une dernière question de savoir qui était le plaignant. L’OPJ va lui dire qu’il s’agit d’une instruction émanant de sa hiérarchie.
L’OPJ va alors l’auditionner partiellement juste comme pour “régulariser” son arrestation pour finir par le mettre en garde à vue.
Le jour suivant, soit le dimanche 17 mai 2020, sans rien mettre sous la dent, Henry Maggie passera toute la journée seul dans ce local de l’IPKIN jusqu’à 17h, heure à laquelle il sera de nouveau interrogé.
Le lendemain, soit le lundi 18 mai 2020, Henry Maggie va user d’une malice divine pour atteindre la hiérarchie de son parti politique, le PPRD, ainsi que ses camarades avocats.
C’est ainsi que va se dépêcher à l’IPKIN, Me Popol Badjegate, avocat près la cour d’appel, qui sera suivi par le Président national de la ligue des jeunes du PPRD, Monsieur Serge Kadima; ils vont trouver Henry Maggie devant l’OPJ pour une troisième audition.
L’avocat posera à l’OPJ la question de savoir sur base de quelles pièces de procédure son client a été arrêté. Ce dernier répondra qu’il y avait un mandat d’amener.
L’avocat va alors exiger la présentation dudit mandat pour que soit respectée la procédure, mais hélas, l’OPJ va passer outre en procédant à la troisième audition.
Cette audition tournera autour des émissions que Henry Maggie Walifetu avait tourné avec le journaliste Perro Luwara. Pour des émissions ayant duré plus de 2 heures, c’est une séquence de 5 secondes qui va être présentée, à l’aide d’un téléphone amené pendant l’audition par une personne venue d’ailleurs, comme pièce à conviction à charge.
Dans cette séquence, Henry Maggie Walifetu donnait son opinion sur la coalition FCC-CACH en affirmant que c’était une “coop” voulue et entretenue par l’autorité morale du FCC, Joseph Kabila Kabange, et que pour lui, il estimait que Ramazani Shadary et Félix Antoine Tshisekedi étaient les candidats du président de la République honoraire Joseph Kabila.
Voilà, hélas, la raison qui a amené Henry Maggie en prison.
Après son audition du lundi 18 mai 2020, Henry Maggie va être transféré au Parquet près la Cour d’appel de kinshasa/Gombe. Au Parquet, il a été constaté que toutes les dispositions avaient déjà été prises pour une procédure d’urgence à l’égard de ce kabiliste josephiste, M. Henry Maggie Walifetu.
Juste 40 minutes après son arrivée au parquet Général près la Cour d’Appel de kinshasa/Gombe, le dossier a été attribué à un avocat général qui va directement procéder à l’audition de Henry Maggie en présence de 10 avocats expérimentés de notre pays.
Pour confronter Henry Maggie aux faits mis à sa charge, le magistrat instructeur du dossier va demander aux avocats de Henry Maggie de revenir le lendemain soit le mardi 19 mai pour une audition en attendant pour lui de récupérer les différentes vidéos des émissions enregistrées par Henry Maggie Walifetu à travers lesquelles, il avait tenu des propos présumés “offensants” à l’égard du chef de l’État.
Rendez-vous pris, en sortant du Palais de Justice, les avocats vont constater un dispositif policier dans des jeeps avec des messieurs en costume et lunettes noires.
Curieux de savoir de quoi il s’agissait, ils vont voir Henry Maggie être escorté par les APJ jusqu’à le livrer auprès de ces derniers.
Juste après, ils vont apercevoir le magistrat instructeur qui lâchera une phrase disant : “Maîtres, indépendamment de ma volonté, nous allons continuer l’instruction au CPRK car votre client vient d’être mis sous mandat d’arrêt provisoire”.
Présenté en chambre du conseil 5 jours après sa mise en détention préventive, ses conseils vont solliciter, moyennant caution, sa mise en liberté provisoire du fait que sa fuite n’était pas à craindre, son identité était connue, et qu’il n’existait contre lui aucun indice sérieux de culpabilité. En violation du code de procédure pénale, le juge va proroger de 15 jours sa détention.
Un jour après, le dossier Maggie va être fixé devant le Tribunal de Paix de la Gombe.
A la première audience, l’affaire a été instruite et plaidée malgré la demande d’une courte remise sollicitée par les avocats de Henry Maggie.
C’est ainsi que le 9 juillet 2020, Henry Maggie va être condamné à 18 mois de prison pour “offense envers le chef de l’Etat Félix Tshisekedi”.
Tels sont les faits de cette affaire politico-judiciaire de la honte.
L’impératif du respect de l’État de droit
Face à cette dérive, nous “n’accepterons pas qu’on réduise la liberté d’expression et de penser d’un citoyen, quelles que soient son appartenance politique ou ethnique,sa religion ou sa couleur de peau”.
L’arrestation arbitraire du compatriote Henry Maggie Walifetu et sa condamnation cavalière au premier degré sont inadmissibles dans un État voulu de droit et démocratique.
Il a été arrêté irrégulièrement par des hommes lourdement armés alors qu’en Ituri les frontières sont poreuses et nos compatriotes y meurent tous les jours.
Nous condamnons l’instauration d’un état de terreur et toutes sortes d’instrumentalisation politique de la justice.
Nous tenons à rappeler que la justice doit être indépendante et la liberté d’expression vaut son pesant d’or dans une démocratie.
Nous assistons aujourd’hui à la mort du droit de l’hommisme en République Démocratique du Congo.
C’est pourquoi nous en appelons à un monitoring de la MONUSCO, des agences de l’ONU et des ONGS spécialisées en cette matière (Commission des droits de l’homme de l’ONU, le FIDH, le BCNUDH,…) de prendre à bras le corps le dossier Henry Maggie.
Nous tenons à féliciter l’ONG Human Rights Watch pour son implication bien qu’encore timide dans ce dossier purement politique.
Henry Maggie Walifetu a été condamné au premier degré à 18 mois de prison et à une amende de 500.000 FC.
Il a interjeté appel mais, hélas, nous constatons que le décor du juge d’appel est déjà planté.
Nous dénonçons fermement cette justice de deux poids deux mesures qui vide de sa substance l’État de droit, devenu un slogan politique creux.
Nous constatons avec regret le silence absolu des organisations non gouvernementales nationales dites des droits de l’homme, dont l’ACAJ et l’ASADHO et ainsi que de tous les mouvements dits citoyens dans l’affaire Henry Maggie.
Nous sommes tous égaux devant la loi. Face à la menace autocratique grandissante,il faut sauver l’État de droit et la démocratie en République Démocratique du Congo.
Me Popol Badjegate, avocat près la cour d’appel de Kinshasa
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