Provinces
Combien de morts faut-il pour un deuil national en RD Congo ? 220 personnes civiles tuées. Des femmes violées. Plusieurs maisons incendiées. Des bétails sans nombre emportés ! Ce tableau sombre résume le bilan macabre du massacre perpétré dans la nuit du 16 au 17 juillet courant, par la coalition rebelle Ngumino-Twigwaheno à Kipupu, une localité du territoire de Mwenga, dans la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la RD Congo. La triste nouvelle a été livrée voici une semaine, par trente députés provinciaux, dans une déclaration faite le lundi 20 juillet.
Depuis, aucune réaction officielle des dirigeants congolais, ne serait-ce que pour condamner ces tueries de trop. Le même calme plat est également observé du côté des partis politiques et leurs acteurs. Excepté Martin Fayulu et Joseph Olenghankoy qui ont condamné ce drame le lundi 27 juillet. Le premier a exprimé sa solidarité avec des populations meurtries du Sud-Kivu. Le second a insisté sur l'unicité du peuple congolais qui, selon lui, implique l'unité de la nation consacrée dans la Constitution.
Ainsi, souligne le président du Comité national et de suivi de l'Accord de la saint Sylvestre 2016, « Un cas de tuerie dans un coin le plus isolé du pays, touche la République dans son ensemble ». Hélas ! Tout semble se passer comme si ce massacre de plus de deux cents personnes était un chien écrasé. Pour ne pas ne pas dire un fait de société ordinaire. Pourtant !
Cependant, dans l’opinion, cet incroyable mutisme des autorités congolaises fait polémique. Un regard sur le calendrier renseigne que ce massacre à grand échelle des populations de Kipupu, a eu lieu quelques jours seulement après la marche de l’UDPS et celle de Lamuka, organisées respectivement le 9 et le 13 juillet, contre la désignation et l’entérinement de Ronsard Malonda, à la présidence de la Commission électorale nationale indépendante.
D’ores et déjà, de nombreux observateurs ne comprennent pas qu’à Kinshasa, des acteurs politiques perdent leur temps à se quereller sur des sujets parfois mineurs, au lieu de se mobiliser autour de vrais problèmes liés à la souveraineté du pays et même à la sûreté de l’Etat. Cas de l’insécurité qui sévit depuis plusieurs mois à Djugu dans l’Ituri au Nord-est du pays. Que dire aussi de la précarité qui dure depuis des décennies dans le grand Kivu, considéré non sans raisons, comme le berceau des rébellions en RD Congo !
COMBIEN DE MORTS FAUT-IL POUR UN DEUIL NATIONAL ?
Malgré le silence radio des officiels congolais sur le drame de Kipupu, des sources concordantes renseignent que les autorités coutumières des hauts Plateaux de Fizi et du secteur d’Itombwe dans le territoire de Mwenga, sont complètement dévastés. Aussi, ces détenteurs du pouvoir traditionnel ont-ils organisé deux jours de deuil pour pleurer les 220 personnes froidement abattues par des forces négatives bien identifiées dans cette zone.
Si sous d’autres cieux, deux cas de tueries voire parfois même un seul, mobilise le Gouvernement et avec lui, toute l’opinion nationale, à combien plus forte raison, l’assassinat collectif de plus de deux cents personnes sans aucun moyen de défense ? La question qui se pose est celle de savoir combien de morts il faut pour que l’Etat congolais décrète un deuil national en guise de compassion aux victimes.
Vu de plusieurs analystes, un deuil national en mémoire de toutes les victimes de barbarie des groupes armés sur le vaste territoire national, permettrait de renforcer le sentiment patriotique en RD Congo. Hélas. L’expérience atteste que quand on parle des massacres dans l’Est ou dans le Nord-est du pays, nombre de Congolais du centre par exemple sous prétexte de la distance physique et parfois psychologique, donnent l’impression de ne pas du tout se sentir concernés !
LE SUD-KIVU FAIT, DEPUIS QUELQUES TEMPS, L'OBJET D'INCURSION ET D'INFILTRATION ETRANGERE
Les trente députés provinciaux, auteur de la déclaration du lundi 20 juillet, en rapport avec le massacre de Kipupu, ont indiqué que la province du Sud-Kivu est depuis quelques temps, l’objet des incursions et autres infiltrations. Ce qui impose des jours et des nuits de tous les cauchemars aussi bien aux responsables territoriaux qu’aux populations locales.
Face à l’ampleur de la situation, les mêmes élus ont invité les Forces armées de la RD Congo (FARDC) et les Services de sécurité à mettre les bouchées doubles, afin de prévenir d’autres tueries des populations civiles dans cette partie du pays.
Par ailleurs, les députés provinciaux du Sud-Kivu ne sont pas allés avec le dos de la cuillère pour interpeller les forces onusiennes présentes dans la région. Aussi, ces derniers ont-ils clairement demandé aux soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilité au Congo (MONUSCO), de jouer pleinement leur rôle dans la pacification et la stabilisation de la paix dans l’Est de la RDC. « Nous lui rappelons [ndlr : la Monusco] que tous les civils sans défense ont droit à une égale protection et lui recommandons de revoir son déploiement dans la province du Sud-Kivu où nous constatons ses positions à des endroits totalement pacifiés », avaient-ils souligné.
Néanmoins, les trente députés provinciaux avaient appelé la population à collaborer avec les Fardc, en dénonçant tout cas suspect de nature à compromettre la paix, la sécurité et la cohabitation pacifique entre tous les peuples.
On rappelle que depuis 2016, des cas d’insécurité sont régulièrement enregistrés dans les Hauts et Moyens plateaux de Fizi, Itombwe et Uvira, où des groupes armés se réclamant des communautés autochtones se battent à longueur de journée. Avant l’attaque meurtrière de la nuit du 16 au 17 juillet courant, les députés provinciaux du Sud-Kivu attestent qu’une centaine de personnes ont été tuées et des dizaines de villages incendiés.
"PRET A MOURIR POUR LE RETOUR DE LA PAIX DANS L’EST"
Le président Félix Tshisekedi, dans un meeting populaire tenu le lundi 7 octobre 2019, Place de l’indépendance à Bukavu, avait déclaré qu’il était prêt à mourir pourvu qu’il y ait le retour définitif de la paix dans l’Est du pays.
A plus d’un égard, ce massacre de 220 personnes à Kipupu relance la sempiternelle et récurrente problématique de l’insécurité dans la partie Est de la RD Congo. Pendant combien de temps devra encore durer cette situation, Ô combien préoccupante ? Que faire pour que la paix revienne effectivement dans ce coin du pays ?
Toutefois, le président Félix Tshisekedi, dans un meeting populaire tenu le lundi 7 octobre 2019, Place de l’indépendance à Bukavu, avait déclaré qu’il était prêt à mourir pourvu qu’il y ait le retour définitif de la paix dans l’Est du pays en proie aux groupes armés.
« Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, nécessaire pour la stabilité de notre pays. Lorsque nous étions en campagne, j’avais mis en avant dans le thème de ma campagne comme priorité, le bien-être de l’homme congolais qui commence d’abord par le défi de la paix. Je suis conscient des souffrances qui sont les vôtres et je n’ai ménagé aucun effort depuis que je suis au pouvoir pour entretenir nos Forces armées et tout faire pour que celles-ci soient au top niveau et puissent faire leur devoir qui consiste à imposer la paix dans tout l’ensemble du territoire national. Et cette paix, croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité. Je veux la paix et la paix définitive dans notre pays », avait déclaré Félix Tshisekedi devant la foule.
Au regard de la situation sur terrain qui semble encore loin de s’améliorer, les Congolais de l’Est du pays attendent impatiemment la matérialisation de ce jurement du Président de la République. Eux qui au quotidien, vivent dans leur chair, une véritable géhenne due à l’activisme des groupes armés bénéficiant parfois de l’appui logistique des leaders politiques locaux et des puissances extérieures travaillant pour la balkanisation de la RD Congo.
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