Selon le dernier rapport des experts de l’ONU, les ADF bénéficient de soutien en RDC, en Ouganda, au Rwanda

Les experts de l’Onu qui surveillent l’embargo sur les armes à l’Est de la RDC viennent de boucler leur dernier rapport. Bien que celui-ci ne soit pas encore validé par le Conseil de sécurité de l’Onu et publié, « Rfi » s’est procurée une copie. Deux groupes armés y sont abondamment commentés. Il s’agit des islamistes ougandais des ADF/NALU et des Hutu rwandais des FDLR.

Concernant les ADF par exemple leurs investigations ont prouvé qu’ils bénéficient des soutiens en RDC, en Ouganda, au Rwanda et même en Grande-Bretagne. Mais, les experts ne disent pas la nature de ces soutiens pour qu’on sache à quel niveau le situer au niveau des Etats ou des individus.

Sur les massacres supposés des ADF dans la zone de Beni, les experts qui ont pu réunir une impressionnante documentation de plusieurs acteurs sur le terrain formulent un doute. Pour eux, ces massacres ne peuvent été commis par les ADF pour diverses raisons défendables.

Les assaillants utilisaient trois langues, le swahili avec un dialecte de l’Ouganda, le swahili à l’accent rwandais et le lingala de la Rdc. Or pour eux, les ADF ne parlent ni lingala ni le swahili rwandais. Les experts de l’Onu mettent aussi la main sur le feu pour affirmer que les ADF ne tuent jamais des enfants, or ces assaillants le font.

En plus, ils ne sont pas familiers des massacres en série comme vécu à Beni, cela ne leur ressemble pas, eux qui préfèrent enlever des gens pour les utiliser comme esclaves dans des mines auraient-ils subitement changé de manière radicale leur modus operandi?, s’interrogent à brûle-pourpoint ces onusiens et renforcent le sentiment de doute sur l’identité des assaillants à la machette et à la hache qui endeuillent Beni et sa périphérie.

RIEN N’EST FAIT POUR ELUCIDER LE MYSTERE DES MASSACRES

Malheureusement sur le plan interne, rien n’est fait pour élucider le mystère de ces massacres en série perpétrés par les soi-disant ADF. Les questionnements formulés dans le rapport des experts de l’Onu viennent juste confirmer d’autres doutes et d’autres soupçons entendus dans la bouche des membres de la Société civile de Beni tout comme les parlementaires du caucus du Nord-Kivu lorsqu’ils se sont exprimés sur les lieux.

Trois langues parlées. Premièrement, le swahili de l’Ouganda et un dialecte de ce pays, là, pas de doute possible, il s’agit bien des Ougandais. Deuxièmement, le swahili à l’accent rwandais, là c’est plus compliqué car il pourrait bien s’agir des sujets rwandais tout comme des Congolais à l’accent rwandais, il y en a par dizaines au Nord-Kivu. Difficile donc de faire la part des choses.

Quant au lingala, il ne peut s’agir que des Congolais qui peuvent le manier sans intonation rwandaise ou ougandaise. Qui est allé attaquer en parlant le lingala et non le kiganda ni le swahili ? Ce sont des enquêtes sécuritaires à mener après la publication de ce rapport des experts de l’Onu qui vont y répondre.

DES ELEMENTS DE PREUVES DISPARAISSENT

Mais, il y a très peu de chance qu’elles n’aient jamais lieu. Dans l’entretemps, des éléments de preuves disponibles disparaissent de la zone. Plus de 300 morts pour rien. Des morts qui ne seront jamais vengés dès lors que le mystère qui les entoure reste entier. Qu’en est-il alors des FDLR ? Ici les experts de l’Onu montrent que l’opération de désarmement forcé sera difficile car ces Hutu rwandais vivent dans la population civile. Ils sont toujours entourés de civils rwandais, donc des réfugiés rwandais qu’ils utilisent comme bouclier humain.

Les experts ont montré comment les FDLR se livrent à différents trafics avec les Fardc qui leur vendent des armes et des munitions. C’est pour cette raison que les Fardc n’ont jamais été promptes à les désarmer par la force. Il n’y a pas encore eu de réaction de la part des Fardc ni du gouvernement congolais sur ce rapport des experts de l’Onu qui fait état des complicités entre les Fardc et les FDLR. Un énième rapport sur la situation sécuritaire de l’Est de la RDC.

Aucune de ces recommandations n’a jamais été appliquée. Lors de la guerre du M23, ces experts de l’Onu ont produit plusieurs rapports mettant en cause le Rwanda et l’Ouganda comme soutiens financiers et opérationnels de ce mouvement rebelle pro-rwandais. Dans le tout premier rapport à ce sujet, des noms des généraux ougandais impliqués dans la rébellion du M23 étaient nommément cités. Du côté de Kigali aussi. Mais l’Onu n’a jamais décrété la moindre sanction en rapport avec les accusations répétées de ses propres experts dans la région. Ces rapports sont donc restés lettre morte. Celui-ci, c’est donc visiblement l’un de plus. Sans doute qu’il sera aussi sans effet…