Société
Samibo aurait reçu 66, 7 millions USD à la place de 57 millions USD
Plusieurs témoins et renseignants ont défilé devant la barre, jeudi 4 juin, lors de l’audience publique du procès qui oppose Vital Kamerhe et consorts contre la République démocratique du Congo, dans le cadre d’un prétendu détournement des fonds destinés aux travaux du programme d’urgence de 100 jours du chef de l’État. Cette quatrième journée du procès a connu des comparutions troublantes mais très révélatrices, qui pourront éclairer le tribunal dans sa recherche de la vérité.
Le clou des témoignages, c’est celui du conseiller principal du chef de l’État en matières économiques et financières qui a renseigné que pour Samibo Congo Sarl, on a décaissé plus de 66, 7 millions USD pour 1500 maisons à la place de 57 millions USD, pièce à conviction à l’appui de la BCC. Désormais, le procès amorcera un virage décisif dans un sens comme dans un autre.
C’était un procès de tous les enjeux, hier jeudi 4 avril, au Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, siégeant à la prison centrale de Makala. Pour ce jour, où toute la République a été tenue en haleine, le tribunal a auditionné divers témoins cités à l’audience publique du 25 mai. Les témoins invités par le tribunal et les parties défenderesses ont confirmé et infirmé certains avis émis par les prévenus Vital Kamerhe et le Libanais Samih Jammal, respectivement directeur de cabinet du chef de l’État et patron de la Société Samibo Congo Sarl.
Tour à tour, le DG de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), Michel Ngongo ; les ex-ministres du Budget, Pierre Kangudia ; des Finances, HerniYav Mulang ; de l’Urbanisme et habitat, Thomas Luhaka ; le gouverneur de la Banque centrale du Congo,DeogratiasMutombo ; le conservateur des titres immobiliers, M. Kilangalanga ; le ministre des Affaires foncières, Aimé SakombiMulendo ; le commandant de la garde républicaine, le Général major Christian Tshiwewe ; le député provincial, Peter Kazadi ; ainsi que l’épouse et la fille du prévenu Vital Kamerhe (Amida Shatur et Soraya Mpiana) et son cousin, Daniel Shangalume Kingi dit Massaro qui ont répondu en tant que renseignants.... ont fait leurs dépositions devant le juge président, chacun, comme il le pouvait.
Depuis le début du procès, Vital Kamerhe ne laisse rien passer comme superflu. Il a toujours soutenu que la sortie des 57 millions de dollars américains payés à l’entreprise Samibo Congo Sarl était autorisée par la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP). Mais hier devant le juge, le DG de la DGCMP n’a pas reconnu la régularité du marché conclu avec la société Samibo dans le cadre des logements sociaux.
Des chocs qui font jaillir la lumière
Face aux questions du tribunal, la plupart des témoins ont répondu avec justesse de façon à se tirer d’affaires, mais visiblement, personne n’a soutenu un prévenu.
Cité par certains prévenus, la partie civile et le procureur général, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Thomas Luhaka, a apporté un éclairage sur ce qu’il sait de la conception, de la mise en œuvre et de la supervision des projets de 4500 maisons préfabriquées. Il répondait des faits qui étaient commis à l’époque où il était ministre des Infrastructures et Travaux publics et assumait l’intérim du ministre de l’Urbanisme et Habitat.
À son tour, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, intervenant également en qualité de témoin, s’est limité à dire qu’il n’est intervenu qu’au niveau du paiement et qu’il a payé la société Samibo sur instruction du ministre des Finances. Cité par le prévenu Kamerhe comme faisant partie du comité de supervision du programme de 100 jours, il a affirmé qu’il n’était pas dans l’équipe de supervision de ce programme.
Répondant à une question du tribunal sur l’érection des maisons au camp militaire Tshatshi, à Kinshasa, le commandant de la Garde républicaine, le Général major Christian Tshiwewe, a renseigné que 211 maisons sur les 300 ont déjà été construites.
Quant à la parcelle située sur la baie de Ngaliema attribuée à Soraya Mpiana, le co-accusé de Vital Kamerhe, M. Jammal a affirmé avoir donné à titre de remerciement une parcelle à Daniel Massaro, cousin de vital Kamerhe et non à Soraya Mpiana qu’il n’a jamais rencontrée. «Je suis commerçant, j’ai beaucoup de terrains et Daniel m’a rendu des services. Il m’a emmené beaucoup de clients ; donc je lui ai cédé un terrain, mais c’est lui qui a dit que je mette le nom de Soraya, mais je ne connais pas Soraya », a expliqué le vieux Libanais.
Lors de son intervention, Mme Kamerhe a affirmé qu’elle était commerçante et que l’argent logé dans son compte bancaire à la RawBank (plus de 1 million USD) venait de son commerce, du travail de son mari et des cadeaux de mariage en février 2019.
« Détournement intellectuel »
Quand vient le tour du conseiller principal du chef de l’État en matière d’économie et finances, Marcellin Bilomba, avec une expertise avérée de plus de 25 ans,il a électrisé l’audience. Ce diplômé de l’Université de Genève (Suisse) a dégagé sa responsabilité dans la supervision du programme de 100 jours du président de la République, Volet « maisons préfabriquées » parce que n’en connaissant ni les tenants ni les aboutissants de la confection de ce projet.
Le conseiller principal a même renseigné que pour Samibo Congo Sarl, on a décaissé plus de 66, 7 millions USD pour 1500 maisons à la place 57 millions USD, pièce à conviction à l’appui de la BCC. Pour lui, cette sortie de fonds s’appelle ni plus ni moins « détournement intellectuel ».
Dans sa déposition, le conseiller principal charge lourdement le directeur de cabinet du chef de l’État qui utilise abusivement le nom du président de la République. Aux yeux de Marcellin Bilomba, la coordination mise en place par le directeur de cabinet est une « coordination de façade » parce que, c’est une coordination qui n’a pas élaboré le budget. Il a tenu à signifier que le président de la République donne la vision, mais ne donne pas le quitus pour les tripatouillages organisés par le directeur de cabinet qui n’a su imprimer une transparence.
Bilomba a renseigné, par ailleurs, qu’en tant que conseiller principal du chef de l’État, il a pour rôle d’analyser toutes les informations pour aider la hiérarchie à orienter la décision. En tant que tel, il est délégué au Comité de politique monétaire à la BCC. Il y a trois semaines, il a conféré avec le chef de l’État, le Premier ministre, le ministre des Finances et le gouverneur de la BCC. Pour lui, le conseiller qu’il est, ne critique pas la vision du chef de l’État, mais la manière dont les informations ont été gérées sans tenir compte des paramètres macroéconomiques.
Après avoir constaté qu’il y a des choses qui ne sont pas bien faites dans le programme des 100 jours, le conseiller principal a proposé que les paiements soient faits en monnaie locale et étalés dans le temps, pas forcément dans les 100 jours calendaires.
Réagissant à la déposition du conseiller principal, Vital Kamerhe qualifie le conseiller d’« électron libre » qui se considère comme « ami et frère parce qu’il parle la même langue avec lui ».
S’appuyant sur ses prérogatives légales, Vital Kamerhe recadre le conseiller principal qui, à ses yeux, prend des raccourcis pour s’offrir la tête du directeur de cabinet du chef de l’État. En bon collaborateur du chef de l’État, Vital Kamerhe préfère « rester à Makala que de désacraliser le prestige de la haute fonction du chef de l’État ».
Après cette audience chaude et bien éclairée en témoignages, le tribunal renvoie le procès le 11 juin pour la plaidoirie.
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