Société
La crédibilité de la RDC étant mise en jeu, le Gouvernement appelé à tirer cette affaire au clair.
Dans son édition d'hier lundi 18 mai 2020, Forum des As s'est fait l'écho des suspicions de plus en plus persistantes, sur une affaire rocambolesque dans certains grands hôpitaux de Kinshasa. Il s'agit, selon plusieurs témoignages, du soupçon de marchandisation des morts. Concrètement, il y aurait des personnes qui négocieraient avec des membres d'une famille éprouvée, leur demandant de déclarer faussement que leur proche est décédé des suites du Covid-19. Ce, moyennant une somme d'argent dont le montant oscillerait entre 2000 et 3000 dollars américains. Rumeur ou pas rumeur, c'est ce qui se raconte de plus en plus dans les rues de la capitale de la RD Congo.
Loin d'être un scoop de Forum des As, cette information a même atterri dans les oreilles du Président Félix Tshsisekedi. Dans sa communication le vendredi 15 mai, lors de la 31ème réunion du Conseil des ministres tenue par vidéoconférence à Kinshasa, Félix Tshisekedi a clairement instruit le ministre de la Santé publique, Eteni Longondo, d'investiguer sur cette affaire, et lui en faire rapport.
" [… ]Concernant les attestations de décès délivrées pour cause du Covid-19, le Président de la République a été informé de ce qu'un trafic serait organisé consistant à pousser des familles à faire des déclarations de décès des membres de leur famille par cause de Covid-19 moyennant rétribution, ceci afin de porter atteinte aux efforts du Gouvernement dans sa lutte contre le Covid-19", renseigne le compte-rendu de ladite réunion du Conseil des ministres. A la suite de cette réaction de Félix Tshisekedi, on peut dès lors déduire que cette pratique n'est plus un secret d'alcôves.
LA CREDIBILITE DES AUTORITES ET DU PAYS
Que ces témoignages recueillis ça et là à travers la ville de Kinshasa soient avérés ou pas, seuls les résultats d'une enquête voulue sérieuse, pourraient dissiper toutes ces suspicions très malveillantes. Toutefois, il faut reconnaitre que des aveux du genre s'amoncellent. En tout cas, beaucoup de familles que leurs proches décédés soient gratuitement assimilés aux victimes du Covid-19. D'autres encore parlent du monnayage de leur consentement.
"Mon papa est décédé des suites de complications cardiaques. On nous somme de lever le corps dans deux jours. Au cas contraire, le cadavre sera assimilé aux victimes du Covid-19 et enterré par l'Etat", déclare sous couvert de l'anonymat à Forum des As, une jeune demoiselle d'une trentaine d'années. Dans son témoignage, la même jeune raconte une scène à laquelle elle a personnellement assisté.
"On ne comprend plus rien de tout ce qui se passe présentement dans cet hôpital. Une famille arrivée cet avant-midi pour récupérer la dépouille de leur père biologique, a été désagréablement surprise d'apprendre sur place que leur cadavre avait déjà été inhumé par l'Etat, sous-prétexte qu'il était victime du Covid-19. Réfutant cette thèse, la famille éplorée en colère, a engagé une dispute qui a failli tourner à une bagarre contre le personnel dudit hôpital. C'est vraiment triste", témoigne larmes dans les yeux, cette même demoiselle incapable de contenir son émotion.
D'ores et déjà, plusieurs questions taraudent les esprits dans les rues de la capitale rd congolaise. Qu'est-ce qui motive cette marchandisation présumée des morts ? Le Gouvernement serait-il dans une politique du chiffre ou du nombre ? La RD Congo voudrait-elle, derrière ce commerce insolite, montrer à la face du reste du monde qu'elle enregistre de plus en plus de cas de victimes de la pandémie de Covid-19 ? Si oui, pour quelle finalité ?
A priori, ces deux cas semblent très loin d'être isolés. Bien au contraire. Il en existe plusieurs d'autres du genre. Vu des observateurs, toutes ces plaintes font penser à une marchandisation de la pandémie de Coronavirus en RD Congo, principalement à Kinshasa, pour des fins mercantiles. Sans anticiper l'issue des investigations qui, on espère, auront bel et bien lieu - d'aucuns estiment que l'honneur des dirigeants congolais est désormais entamé. Avec eux, c'est la crédibilité du pays tout entier qui est remise en cause.
BIEN AGIR POUR DISSIPER LE DOUTE
Depuis la survenue de la pandémie de coronavirus en RD Congo, dont le tout premier cas détecté positif remonte à la date du 10 mars dernier, les Kinois sont totalement divisés sur l'existence de cette maladie. Les uns y croient. D'autres, plus nombreux, se montrent encore plus sceptiques. Pour preuve, la majorité des Kinois ne respectent plus les gestes barrières conseillés pour éviter la propagation de la pandémie dans la ville. Tout se passe un peu comme en 82, lors de la découverte du VIH/Sida à Kinshasa. Nombreux avaient été les Kinois qui avaient défini cette pandémie à leur manière, au point de la considérer comme un "Syndrome imaginaire pour décourager les amoureux" (SIDA).
Pourtant, la maladie existait déjà bel et bien et continue à faire plusieurs victimes. Et, c'est plusieurs années plus tard, que les mêmes Kinois qui n'avaient pas du tout cru en l'existence de cette maladie, ont fini par y croire. Ce, selon qu'ils ont perdu, soit un proche parent, soit un ami. Il en est donc de même de la pandémie de Covid-19.
Hier lundi vers 19 heures, un taximan desservant la ligne Quartier 1 N'Djili-Victoire, sans masque anti-postillon, se tourne spontanément vers nous et demande en lingala : "Vieux, na yoki que Coronavirus na Kin eza na ngo te. Eza coop ya bakonzi po ba lia ba lar na bango" traduit littéralement en français : "Vieux, j'apprends que le Covid-19 n'existe pas à Kinshasa. C'est plutôt une affaire montée de toutes pièces par les autorités du pays pour gagner de l'argent." Aussi anecdotique que puisse paraitre cette opinion, elle reste cependant très largement partagée par de nombreuses personnes, sinon, la majorité des Kinois. Pourtant, la pandémie est là !
Face à cette opinion, plus d'un analyste invite le Gouvernement congolais à agir dans le sens de détruire le doute d'une partie de ses citoyens. Il est donc question ici, de dissiper tous les soupçons que ces Kinois font peser sur les dirigeants du pays, selon lesquels "derrière la pandémie de Coronavirus, se trame une très vaste campagne pour des fins que la population ignore encore à ce jour".
DES MESURES BARRIERES MENACEES
A l'ère des réseaux sociaux où tout se partage à la seconde près, le doute des Kinois sur l'existence du Covid-19 se trouve renforcé par plusieurs témoignages concordants des présumés cas détectés positifs au départ, mais qui par la suite, se sont avérés négatifs. De nombreuses vidéos circulent dans ce sens. Depuis, il s'observe une méfiance manifeste de la plupart des Kinois vis-à-vis des centres hospitaliers.
A partir du moment où les signes cliniques du Covid-19 sont presque les mêmes que les symptômes de certaines maladies traditionnelles tel le paludisme (céphalées, hausse de température), de plus en plus des Kinois recourent à l'automédication, craignant de se rendre dans un hôpital où ils seraient retenus comme cas suspects. Partant, des observateurs allèguent que si aujourd'hui, une simple toux (naturelle ?), une fièvre grippale saisonnière doivent constituer des indices sérieux de la maladie, ces Kinois qui ne veulent plus se rendre dans les hôpitaux pour des examens de laboratoire, n'auraient pas tort.
En ce qui concerne les morts, il faut dire qu'il a y en toujours eu en plusieurs dizaines et au quotidien, dans les hôpitaux de Kinshasa. Mais telle que la communication autour de la gestion du Covid-19 est gérée, tout se passe comme si on commence à enregistrer des morts à cause de cette nouvelle pandémie.
Si les rumeurs autour de la marchandisation des déclarations de décès attribué au Covid-19 s'avèrent fondées, on craint qu'à cette allure, certains esprits risquent de croire - à tort - que cette maladie n'existe même pas. Ce qui serait contreproductif sur le respect des mesures barrières.
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