Politique
La République démocratique du Congo compte une soixantaine des cas testés positifs à la pandémie de Covid-19. Le pays vit sous le régime de l’État d’urgence décrété par les autorités, et compte de morts. Aux alentours de 10% de malades enregistrés. Allant des proches du président de la République et de son prédécesseur, passant par l’ancienne Vice-gouverneur de Kinshasa jusqu’à des anonymes, les victimes n’ont nullement un profil préétabli. Malgré les mesures spéciales prises par les autorités congolaises, y compris l’isolement de la capitale, les contaminations progressent.
Le président du Parti national pour la nouvelle énergie du Congo (PNEC) Michel Mwika, voudrait ce jour, par sa tribune, alerter sur le pire pouvant survenir si « la négligence » des dirigeants congolais persiste, eux qui doivent pour une première fois « faire face à l’opprobre dans lequel ils ont plongé le pays », pour avoir « délibérément refusé de construire de meilleures structures sanitaires au détriment des évacuations d’urgences dans les pays étrangers ».
TRIBUNE de MICHEL MWIKA :
La République démocratique du Congo, notre cher et beau pays, a depuis sa création fait face à diverses crises majeures dont celles politiques, sécuritaires, économiques, alimentaires et sanitaires. La plupart d’entre elles sont encore d’actualité. Présentement, nous vivons une énième crise due au coronavirus Covid-19 qui menace dangereusement le monde et qui n’épargne pas du tout notre pays.
Aujourd’hui, plus que jamais, notre pays semble « uni par le sort », ce passage de notre hymne national que nous ignorons souvent n’a jamais eu autant de sens et d’impact qu’en cette période de crise, pourvu que cela dure même après cette pandémie, pour les restes de nos maux.
Aujourd’hui, comme jamais auparavant, la plupart des barrières idéologiques sont presque toutes tombées pour laisser place à notre envie de survivre en tant que citoyens congolais. N’est-ce pas là une belle victoire ?
La crise du coronavirus nous révèle surtout que si nous avions uni nos forces depuis longtemps en faisant abstraction de nos appartenances politiques et régionales; nous aurions pu depuis fort longtemps vaincre un grand nombre de défis auxquels nous sommes encore confrontés.
Aujourd’hui, la crise du coronavirus nous apprend que pour vaincre la pléthore de défis communs auxquels notre pays fait face, nous devons apprendre à jouer collectif, à passer la balle même à son meilleur adversaire politique pour l’intérêt suprême de la nation.
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement le grand Kivu qui est endeuillé par le drame de l’insécurité qui a déjà coûté la vie à plus de 10 millions de nos compatriotes, pour qu’une partie du pays ne se sente pas concernée parce qu’étant épargnée des massacres.
Aujourd’hui encore, ce n’est pas seulement le grand Kasaï qui est menacé par la famine et les Kamwina Nsapu [une milice au cœur des grandes violences dans le centre de la RDC, de 2016 à 2018, ndlr] pour que le reste du pays ne se sente pas concerné parce qu’étant à l’abri du danger.
Toujours aujourd’hui, ce n’est pas seulement le grand Bandundu qui est terrassé par la rougeole qui a déjà fait plus de 6000 morts pour que le reste du pays dorme en paix parce qu’il n’est pas menacé.
Encore et encore aujourd’hui, l’absence d’un système sanitaire fiable ne sera pas que l’affaire de ceux qui ne peuvent pas se permettre de se soigner en dehors du pays.
Aujourd’hui, nos dirigeants se rendent certainement compte qu’ils peuvent avoir l’argent et mourir en République Démocratique du Congo faute de meilleures structures sanitaires qu’ils ont délibérément refusé de construire au détriment des évacuations d’urgences dans les pays étrangers.
Aujourd’hui, malgré le coronavirus, la plupart d’entre eux sont toujours puissants et riches, malheureusement ils ne pourront plus se payer le luxe de voyager en dehors du pays pour se faire soigner parce que maintenant, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous.
Aujourd’hui, le coronavirus vient de nous démontrer qu’il n’y a pas que face à la mort que nous sommes tous égaux.
C’est ici et maintenant que l’adage anglais, « home sweet home » doit sans doute prendre tout son sens dans l’intellect de nos dirigeants habitués à vivre le paradis chez les autres alors que chez eux, c’est l’enfer.
Aujourd’hui, la crise du coronavirus nous montre qu’en réalité la loi du plus fort ne sera pas toujours la meilleure car même les plus forts (les gouvernants) d’entre nous pourraient, pour une première fois, faire face à l’opprobre dans lequel ils ont plongé le pays.
Aujourd’hui, leur égo surdimensionné est placé en confinement dans un pays où ils n’ont rien construit, même pas pour satisfaire leur propre mégalomanie; cette crise aura le mérite de nous remettre plus ou moins sur un pied d’égalité.
Une fois de plus, il appert aujourd’hui, que la construction des meilleures structures sanitaires en République Démocratique du Congo est une urgence et une nécessité pour tous. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il est très difficile de faire carrière dans le mensonge.
Aujourd’hui plus que jamais, ceux qui nous ont dirigé et ceux qui nous dirigent pour le moment doivent se rendre compte de l’impérieuse nécessité de construire des structures viables au profit d’un plus grand nombre, parce qu’ils viennent de se rendre sans doute compte qu’ils sont aussi du nombre.
Aujourd’hui, sans doute, nos gouvernants, qui, souvent donnent l’impression de ne jamais voir notre misère vont, enfin, pouvoir embrasser cette dure réalité concernant le manque d’accès aux soins sanitaires dont nous sommes victimes.
Aujourd’hui, malgré que les règles d’hygiène pour lutter contre la propagation du coronavirus nous interdisent les embrassades, je crains que nos autorités n’aient pas d’autre choix que d’embrasser cette dure réalité pour qu’ils guérissent de la mal-gouvernance dont ils sont testés positifs.
Aujourd’hui, plus que jamais, plusieurs de nos compatriotes doivent faire face à un sacré dilemme; se protéger du coronavirus ou mourir de faim.
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans contestation aucune que le fossé entre riches et pauvres est plus que jamais béant et cela nécessite une réaction urgente de la part de nos gouvernants.
Aujourd’hui, nous regardons avec une certaine impuissance quelques-uns de nos compatriotes braver la menace du coronavirus pour éviter la faim, qui, pour plusieurs d’entre nous est un danger quotidien, malheureusement, mis en sourdine par nos autorités.
Aujourd’hui, nous constatons que certains de nos compatriotes n’ont pas d’autre choix que de faire face à la dangereuse menace que représente le coronavirus pour lutter contre la faim en sortant de chez eux pour se chercher légitimement un moyen de se nourrir afin de ne pas mourir .
Aujourd’hui, nous constatons que la non valorisation de la production locale apparaît comme une sérieuse menace pour tous, car si cette crise dure plus longtemps que prévue, nous craignons que le pire n’arrive à notre pays.
Aujourd’hui encore, nous comprenons à nos dépens que le Monde ne sera pas toujours là pour nous nourrir et prendre soin de nous car, eux comme nous, ils cherchent aussi un moyen de se nourrir et de prendre soin de leurs populations.
Aujourd’hui plus que jamais, cette crise du coronavirus doit impérativement nous engager sur la voie de la quête de nôtre autonomie alimentaire.
Aujourd’hui, plus qu’hier, il nous faut en toute urgence apprendre à produire une grande quantité de ce que nous consommons, c’est cela être responsable.
Cette crise doit également nous engager sur la voie d’une gestion responsable de nos multiples ressources ainsi que sur la voie de l’émergence et de l’éclosion d’un leadership visionnaire et surtout travailleur.
Le drame ont souvent le mérite d’éveiller les peuples, malheureusement nous sommes l’un des rares peuples du monde qui, malgré l’ampleur de nos drames, sommes encore dans un sommeil léthargique; peut-être parce que ces drames touchaient souvent des contrées lointaines de la capitale comme c’est le cas des massacres du grand Kivu, de la famine dans le grand Kasaï, de la rougeole qui sévit dans le grand Bandundu et plusieurs autres drames que nous ne saurions énumérer.
Où en serions-nous aujourd’hui, si nous avions pris la décision de jouer collectif face à certains drames que connaît notre pays ? Aujourd’hui plus que jamais auparavant, je pense sincèrement que nous n’aurions pas eu plus de 10 millions de morts dans le grand Kivu !
Aujourd’hui, je pense encore que nous aurions pu réduire le nombre de dégâts humains considérables dans le grand Kasaï, le grand Bandundu et un peu partout sur l’étendue de notre pays où se déroulent des drames dont souvent on n’ose même plus parler.
Le coronavirus est peut-être le drame dont notre pays avait besoin pour que nos autorités comprennent, enfin qu’il ne servait à rien d’amasser les richesses et ne pas construire les structures pour tous.
Aujourd’hui, cette crise apparaît peut-être comme l’électrochoc dont nous avions besoin pour nous réveiller de notre amnésie collective; aujourd’hui, nous sommes face à une menace qui nous oblige soit à être responsables, soit à périr !
Je suis persuadé, qu’il n’est pas encore tard ! Ceci n’étant qu’un avertissement, il se peut tout de même que demain soit trop tard ! C’est donc aujourd’hui et maintenant qu’il faut agir car demain risque d’être très tard pour notre pays.
Michel Mwika,
Président du Parti national pour la nouvelle énergie du Congo (PNEC)
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Les plus commentés
Politique Dialogue à Doha : l’AFC/M23 soumet à la facilitation une liste de plus de 700 prisonniers détenus par Kinshasa
23.04.2025, 8 commentairesSociété Affaire Bukanga-Lonzo : le ministère public requiert 20 ans de prison contre Matata Ponyo et 10 ans d’inéligibilité
23.04.2025, 8 commentairesAfrique Conflit RDC - Rwanda : le Département d'État américain annonce la signature d'une "déclaration de principes" à Washington
25.04.2025, 8 commentairesOnt commenté cet article
Ils nous font confiance
Le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba (c.), et le ministre de la Santé, le Dr Eteni Longondo (g.), lors de l'inauguration des nouvelles infrastructures de l'INRB, le 22 fevrier 2020. (© Twitter INRB)