Assemblée nationale : la morosité du contexte socioéconomique semble « préoccuper » les élus nationaux

L’ouverture de la session de mars à l’Assemblée nationale comme au Sénat, intervient dans un contexte socioéconomique morose. Une situation qui semble préoccuper les élus du peuple, au point que l’adresse de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda Lioko ne pouvait s’en passer.

Tout en manifestant son mécontentement face à une situation économique peu reluisante, la présidente de l’Assemblée nationale a exhorté les députés nationaux à travailler d’arrache-pied pour que la situation redevienne normale et que les populations congolaises vivent réellement des richesses dont disposent leur sol et sous-sol.

Mais seulement, l’opinion s’interroge sur la volonté réelle de la présidente de l’Assemblée nationale de faire bouger les lignes. Ce, compte tenu des promesses souvent non réalisées que ne cessent de nourrir bon nombre de politiques congolais. Qu’à cela ne tienne, les élus nationaux ont l’obligation de se comporter en véritables hommes d’Etat soucieux de l’épanouissement de leurs électeurs. Et pour ça, le peuple les tient à l’œil, se réservant ainsi le droit de mieux sanctionner lors des scrutins à venir.

Selon les récentes statistiques fournies par la Banque centrale du Congo (BCC), l’activité économique connait un recul par rapport à l’année dernière. Le taux de croissance économique est projeté en recul de 4,6 % face à 5,8 % l’an dernier. La dépréciation de la monnaie nationale (0,7 %) en février par rapport à son niveau du mois précédent a un impact négatif direct sur le pouvoir d’achat des populations. Sur le segment parallèle, la monnaie nationale n’a perdu que 0,4 % de sa valeur pour s’échanger à 1.751,67 CDF. Ce qui, selon Jeanine Mabunda, accroit la douleur sociale.

Economie basée sur les mines

En RDC, le cadre socioéconomique fragile est significativement soutenu par la production minière. Ce qui fait que l’économie congolaise puisse subir actuellement les effets négatifs du marché international, avec une baisse sensible des prix des métaux tels que le cobalt et le cuivre, minerais stratégiques pour la RDC. La tonne de cobalt est passée de 99.000 (quatre-vingt-dix-neuf mille) USD à près de 37.000 (trente-sept mille) USD, soit le tiers et de +7.000 (sept mille) USD à près de 6.000 (six mille) USD pour la tonne du cuivre.

Il importe de rappeler que la RDC dispose d’une économie extravertie, avec une prépondérance du secteur minier. Un secteur qui représente près de 90 % des exportations dont 40 % en direction de la Chine, le premier partenaire commercial, actuellement frappé par la pandémie coronavirus et donc en ralentissement économique, avec un probable effet de domino sur notre l’économie congolaise, causant ainsi la baisse des recettes extérieures qui, à son tour, ne peut qu’entrainer une baisse des recettes publiques fiscales. Cette baisse pourra ouvrir la voie à un déficit accentué des finances publiques avec comme corollaire une pression sur le marché des biens et services ainsi que sur le marché des changes.

Simples intentions ou volonté de mieux faire ?

Pour Jeanine Mabunda, cette dépendance de l’économie congolaise aux chocs externes « invite le pays à procéder enfin à un changement de modèle économique ». Elle s’interroge s’il est temps ou pas, de construire cette économie diversifiée qui répond aux besoins sociaux élémentaires des congolais d’abord et permettrait un développement durable de notre pays.

Au regard de cette menace économique, pense-t-elle, la situation financière difficile appelle donc à une meilleure allocation des ressources, à une plus grande mobilisation des ressources internes, au maintien de la discipline budgétaire, pour mettre fin au cycle des déficits favorisé par une lutte implacable contre la corruption.

Selon Jeanine Mabunda, l’Assemblée nationale envisage dans ce cadre, d’inviter le vice-Premier ministre, ministre du Budget et celui des Finances, pour plus de clarté face à cette menace. Reste à savoir si toutes ces promesses vont se réaliser et apporteront des solutions adéquates aux problèmes socioéconomiques des congolais.