Denis Mukwege appelle à briser l’opacité sur les massacres de l’Est de la RDC

Le Dr Denis Mukwege ne cesse de fustiger l’insouciance de la communauté internationale face aux massacres opérés par les groupes armés dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dans une interview accordée à une journaliste suédoise, le Prix Nobel de la Paix 2018 n’a pas mâché ses mots est resté inlassable dans son combat qui est celui d’interpeller l’opinion tant nationale qu’internationale sur les massacres des civils congolais. Comme d’habitude, Mukwege demeure serein pour faire taire les armes dans cette partie du pays de Lumumba. 

Aussi, a-t-il dénoncé la complicité de certains pays qui aimeraient que ces massacres atroces se perpétuent afin qu’ils se ravitaillent en minerais congolais.

Car, nul n’ignore que là où il y a des ressources naturelles, c’est là que se trouvent ces groupes armés qui ne cessent d’endeuiller le peuple congolais, sous l’indifférence de la communauté internationale.

« Il y a une connexion entre les groupes armés et les ressources minières en RDC. Nous avons mené une étude à Panzi qui a clairement révélé que là où il y a des minéraux, c’est là aussi que l’on trouve des groupes armés. C’est de là que proviennent également beaucoup de nos malades », a insisté le Dr Mukwege. 

Le réputé réparateur des femmes violées, la main au cœur, a martelé que ‘c’est inhumain que le monde tolère ce genre des massacres à répétition’. C’est dire qu’à cause des bénéfices tirés en RDC, certains pays manquent le sens d’humanisme. Les Congolais, qui perdent leur sang, ne sont pas de tremplins pour s’enrichir.

*Contraste*

Pour prouver l’indifférence déplorable de la communauté internationale, l’assassinat, il y a trois ans, de l’Américain Michael Sharp et de la Suédoise Zaida Catalan en RDC, n’a toujours pas d’éclaircissements plausibles.

Les décideurs du monde ont prouvé leur insouciance sur ce crime macabre. Un résultat incontestable de l’indifférence du monde sur ce qui se passe en RDC.

« Lorsque vous voyez les gens qui travaillent pour le bien des autres, qui appuient les autres, être tués de la manière dont ils l’ont été, nous devons dire que c’est inacceptable. Si cela arrive pour les travailleurs des Nations-Unies et que le monde se taise, qu’arriverait-il pour une personne lambda en République démocratique du Congo ? Nous pouvons par là comprendre que nous fermons nos yeux et nos oreilles à des choses inacceptables », précise-t-il.

*La Suède toujours victime*

Pour la petite histoire, le Prix Nobel de la Paix 2018, s’est rappelé, pour démontrer l’insouciance de la communauté internationale, la mort de l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, mort dans des conditions obscures alors qu’il voulait donner sa contribution dans la crise du Congo à peine indépendant.

Les chercheurs et historiens se rappellent le scénario de la nuit du 17 au 18 septembre 1961, probablement aux alentours de 0h15, l’Albertina, le DC-6 affrêté pour le compte de l’ONU par la compagnie suédoise Transair Sweden qui transportait Dag Hammarskjöld, s’est écrasé dans une forêt à une dizaine de kilomètres de Ndola, en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie).

Arrivé à Kinshasa (Léopoldville) le 13 septembre 1961, au lendemain du déclenchement par l’ONUC de l’opération « Morthor », Hammarskjöld se rendait à Ndola afin de rencontrer le président de la sécession du Katanga indépendant, Moïse Tshombe. Il espérait pouvoir négocier avec lui sur la libération d’une compagnie de Casques bleus assiégée à Jadotville ainsi que le désarmement complet des forces katangaises, en application de la résolution 161 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Apparemment, Hammarskjöld mourut au moment même de l’impact avec 14 autres passagers et membres d’équipage. Seul le chef de la sécurité, le sergent Harold Julien, survécut à l’écrasement mais décéda 6 jours plus tard.

S’agissant de l’histoire noire, le Dr Denis Mukwege pense qu’il faudrait ériger des monuments pour les personnes qui donnent leur vie pour protéger les autres en termes de souvenir d’eux comme des héros.

C’est peut-être là une occasion pour ériger un monument sur le lieu du drame de Zaida Catalan. Ce qui aiderait aussi à se rappeler du dossier Kamwena Nsapu dans le Kasaï.

Enfin, le Prix Nobel de la Paix a appelé à briser l’opacité dans certains dossiers qui touchent l’humanité, et se dire la vérité en face pour effectuer le travail de mémoire.