Politique
Le président Félix Tshisekedi multiplie des « agences », directement attachées à la présidence de la République. Un doublement des organismes et services publics existants, selon ses détracteurs. Qu’en est-il ?
Félix Tshisekedi est-il en train de créer un « gouvernement parallèle » en RDC ? Bien avant la formation du gouvernement, le chef de l’État congolais a mis en place son cabinet et lancé son propre « programme d’urgence » pour ses 100 jours. Il a ensuite annoncé la création de plusieurs « agences », attachées à la présidence de la République. Coordination des ressources extérieures et de suivi des projets, Cellule d’appui aux programmes d’urgence intégrés de développement communautaire, Coordination pour le changement des mentalités dont les animateurs ont été nommés le 8 août… Si au sein du Front commun pour le Congo (FCC), plateforme de l’ancien président Joseph Kabila, c’est l’inquiétude, cinq proches collaborateurs de Félix Tshisekedi, contactés par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) assurent que ces « services spécialisés » ne constituent nullement un quelconque dédoublement des institutions de la République. Ils ne seraient donc « pas en contradiction » avec les autres organismes publics déjà existants.
Mais cet argumentaire ne rassure pas tout le monde. Des interrogations ressurgissent en effet de plus belle, le 8 novembre, lorsque Félix Tshisekedi récidive. Au cours d’une réunion de conseil des ministres, le président annonce la création prochaine d’une « agence de transition écologique » mais aussi d’une « agence pour l’amélioration du climat des affaires ». Cette dernière viderait de toute sa substance l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi), relèvent aussitôt certains internautes sur Twitter, notamment le diplomate Atoki Ileka, secrétaire général au ministère des Affaires étrangères et ancien ambassadeur de la RDC à Paris.
Bien qu’il y ait une corrélation forte entre investissement et climat des affaire ce n’est pas la même chose, ce dernier est transversal à plusieurs aspects de la vie quotidienne des affaires. Je pense que la volonté du président est de signaler politiquement l importance (1) https://t.co/Udaa6jcjMM
— Luc Gerard Nyafe (@Luc_Gerard) November 9, 2019
Sur le même réseau social, Luc Gerard Nyafe, l’un des ambassadeurs itinérants du chef de l’État, prend la défense de l’initiative présidentielle. En coulisses, l’homme d’affaires fait partie de ceux qui ont « conseillé » Félix Tshisekedi à garder un « œil direct » sur certains dossiers, notamment ceux liés à « la lutte contre la corruption, à l’amélioration du climat des affaires, à la couverture santé, à la qualité de l’éducation et à la sécurité ». Face à la forte influence de l’allié Joseph Kabila qui contrôle encore presque tout (le Parlement, les entreprises publiques, l’appareil sécuritaire, …), il fallait ainsi trouver une « formule » pour se ménager quelques marges de manœuvres. Mais c’est quasiment du bout des lèvres qu’un autre proche collaborateur du président, interrogé sur WhatsApp, l’admet. Il justifie également la multiplication de ces « agences » notamment par la nécessité pour Félix Tshisekedi de suivre « personnellement » certains « chantiers clés » de son quinquennat. Ce n’est que de cette manière qu’il pourra demain « en assumer la réussite ou l’échec », nous écrit-il.
D’aucuns s’interrogent tout de même sur la légalité de toutes ces nouvelles structures, mais aussi sur leur financement. Pour l’instant, le cabinet du chef de l’État assure que ce sont ses membres – parmi les 160 conseillers déjà nommés – qui y vont travailler, sans plus de détails. C’est le cas par exemple de Jacques Kangudia Mutambayi, ancien conseiller principal au ministère des Mines et conseiller du chef de l’État, placé à la tête de la Coordination pour le changement des mentalités. Mais, on n’en dira pas autant du pasteur Jacques Kambala Tshilombo, l’un de ses adjoints, co-organisateur de la « journée nationale d’actions de grâce et de prière », tenue le 23 juin au stade des Martyrs, en présence du président Félix Tshisekedi et de la Première dame Denise Nyakeru… D’autres ordonnances de nomination des animateurs de ces nouveaux services sont attendues. Il en est de même de l’issue des tractations en cours entre le FCC et le Cach autour de la mise en place de nouveaux mandataires dans les entreprises publiques.
Une cellule présidentielle appuyée par le PNUD
Le GEC a pu toutefois consulter le « document de projet » d’une autre nouvelle structure, attachée à la présidence de la République. On y apprend que le 17 août, Vital Kamerhe, directeur de cabinet du chef de l’État congolais, a écrit au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour solliciter « un appui à la mise en place de la Cellule présidentielle de veille stratégique ». Et le PNUD a répondu positivement à cette requête, en acceptant d’accompagner la création de ce service spécialisé, destiné à « soutenir le président de la République dans le développement des grands axes de sa politique ». Une cérémonie de signature de ce document de 31 pages a été organisée le 31 octobre au palais de la Nation, à Kinshasa.
#RDC le 31.10.19, le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a présidé la signature d'un projet d'accord entre Son Cabinet et le Représentant pays du #PNUD Dominic Sam pour la création de la Cellule Présidentielle de Veille Stratégique (#CPVS). pic.twitter.com/ejLW2GoLSe
— Présidence RDC
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