Economie
Alors que la mésentente entre Chinois et Espagnols bloque l’avancement du projet, la Présidence de la République et l’Angola, s’efforcent de relancer l’intérêt pour Inga III.
La Présidence de la République ne veut pas se résoudre à ce que les désaccords entre le consortium chinois et celui du Président du Real Madrid, Florentino Pérez continuent à bloquer le projet Inga III d’un méga-barrage de 11 000 MW sur le fleuve Congo.
En rentrant de Johannesbourg, où il a présenté le projet Inga 3 aux participants du Forum des investissements en Afrique, le directeur de cabinet du Président congolais, Vital Kamerhe, a annoncé la tenue le 10 décembre prochain à Abidjan d’un forum uniquement consacré à Inga. Il a également indiqué que le complexe hydro-électrique d’Inga III, étape de Grand Inga (40 000 MW), serait réalisé par phases jusqu’à atteindre les 11 000 MW.
Selon Vital Kamerhe, outre les représentants de la Banque africaine de développement (BAD) qui accompagne le projet Inga depuis des décennies, les ministres des finances des pays intéressés, seront présents à Abidjan. L’Afrique du Sud, qui s’est portée candidate pour absorber près de la moitié de la puissance générée par Inga 3, soit 5000 mégawatts, devrait être représentée mais aussi, fait nouveau, l’Angola.
Selon l’agence Bloomberg, le ministre angolais de l’Energie, João Baptista Borges a écrit à Kinshasa pour exprimer la volonté de Luanda de conclure un accord pour la fourniture d’au moins 5000 MW, avançant comme condition que l’électricité soit vendue au tarif de 3 cents de dollar le kilowatt/heure. Dans sa lettre, le ministre angolais précise que Luanda aura besoin de cette énergie dès 2025. Déjà, les deux pays planchent sur un projet plus modeste visant à l’exportation de 100 MW à partir des centrales existantes d’Inga I et d’Inga II pour alimenter l’enclave de Cabinda.
Cette requête angolaise survient à point nommé pour viabiliser le projet Inga III au plan financier. En effet, le Nigeria qui avait initialement marqué son intérêt pour une interconnexion acheminant 3000 à 4000 MW à partir d’Inga, ne l’a plus confirmé et s’est tourné vers un projet national de même envergure : le barrage de Mambilla sur le fleuve Niger, financé par l’Eximbank of China.
Si Luanda et Pretoria confirment leurs options, les 11 000 MW devraient trouver preneurs et cette quantité sera même insuffisante pour satisfaire simultanément les projets congolais. En effet, selon l’Agence pour le développement et la promotion de Grand Inga (ADEPI) qui dépend directement de la Présidence de la République, Kinshasa entend se réserver 6 000 MW pour les besoins nationaux dont ceux de l’industrie minière du Katanga.
L’Europe aux abonnés absents
Pour l’ancien directeur général de l’Agence générale pour la coopération au développement belge, Paul Frix la Belgique et l’Europe devraient tirer parti du fait que l’opacité et l’enlisement du projet sino-espagnol d’Inga III offre un contexte favorable à un assainissement et à une plus grande transparence dans les approches. « C’est le moment, confie-t-il, à la Libre Afrique, pour l’Europe de revenir dans le match ». Concrètement, l’on pourrait lancer des études sur les stratégies tarifaires à mener à partir des différentes options de mise en valeur du site.
« Mais jusqu’à présent, déplore l’ancien directeur général de l’AGCD, l’Europe est restée bien timide. Il y a quelques années, la Banque européenne d’investissement (BEI) envisageait encore d’investir jusqu’à 800 millions d’euros dans le projet, mais depuis c’est l’encéphalogramme plat. La BEI s’est alignée sur la Banque mondiale qui s’est retirée du projet en 2016, notamment parce qu’il est passé sous la coupe de Joseph Kabila et non sous celle du gouvernement, soumis au contrôle parlementaire ».
Mais la donne pourrait changer si Félix Tshisekedi plaçait l’ADEPI sous contrôle gouvernemental et satisfaisait à cette exigence des bailleurs institutionnels. Pour le moment toutefois, du côté européen, on ne se bouscule pas au portillon. Le communiqué de l’Elysée après l’entretien entre Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron, le 12 novembre dernier, ne mentionne pas un intérêt français pour Inga III, même si affirme le magazine « Enjeux Congolais », le président français aurait demandé à ses services de travailler sur la question. A Berlin, le président Tshisekedi a rencontré des responsables de Siemens, société impliquée dans Inga 2. Mais après sa rencontre avec Angela Merkel, le communiqué allemand ne fait allusion qu’à la volonté de construire… de petites centrales hydroélectriques.
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