Afrique
Les manifestations initiées depuis lundi en Guinée par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) et qui ont causé des morts aussi bien chez les civils que chez les militaires, sont à l'origine d'«une crise politique parfaitement prévisible et évitable», a expliqué à APAnews le Béninois Gilles Yabi, analyste des conflits politiques.
« On est dans une situation qui a été provoquée par l’intention de changer de constitution sans qu’on ne comprenne vraiment les arguments qui pourraient justifier cela, en dehors d’une volonté prêtée au président Alpha Condé de rester au pouvoir » alors que son second mandat termine dans un an, a noté Gilles Yabi, ancien journaliste de l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Hier lundi, l’opposition a fait état de cinq morts là où le gouvernement a déploré deux décès, dont un gendarme, à la suite des manifestations initiées dans le pays par le FNDC contre un éventuel troisième mandat du chef de l’Etat Alpha Condé.
Pour Gilles Yabi, « c’est une situation grave dès lors qu’on a des victimes ».
Alpha Condé doit s’adresser mardi soir à ses compatriotes suite aux manifestations meurtrières de la veille. Mais son discours ne saura faire fléchir les « mobilisations » que s’il renonce à son projet de référendum, a expliqué M. Yabi, fondateur de Wathi, un think tank multidisciplinaire sur les dynamiques ouest-africaines.
« Le contenu du message sera déterminant s’il consiste à une renonciation à ce projet. Mais s’il consiste à prendre acte des manifestations et à rappeler que le gouvernement ne tolérera aucun débordement, ça ne changera pas la donne et les mobilisations vont se poursuivre », a-t-il alerté.
Toutefois, Gilles Yabi ne perd pas espoir au sens de responsabilité d’Alpha Condé, estimant qu’il « faut attendre (le) message (de ce soir). Peut-être qu’il traduira une prise de conscience de la gravité de la situation et qui aura une annonce peut-être inattendue ».
« On a vu beaucoup de situations en Afrique de modification de la Constitution qui se limitait à une volonté pour le président en place de rester au pouvoir. Donc je crois qu’aujourd’hui, en Guinée, tout le monde se rend bien compte que c’est l’hypothèse la plus probable ».
Encore que « la constitution actuelle verrouille un certain nombre d’articles notamment ceux qui concernent le nombre de mandats », a poursuivi le président de Wathi, avant de noter que « beaucoup de mystères et de suspicions » pèsent sur le projet de la nouvelle constitution de la Guinée.
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