Kwilu : un bac à câble sur la rivière Kwenge ne sécurise pas les producteurs agricoles et la population de Bumba

Depuis plus de 90 ans les producteurs agricoles et la population de Bumba Bac, une localité du secteur Kipuka, à 30km de la ville de Kikwit dans la province du Kwilu, prennent le risque de traverser de temps en temps la rivière Kwenge par une flotte marine de 35 tonnes de l’office des routes mise en place en 1927. Le câble est de 55 pouces, long de 125m soutenu par deux pilonnes. Une traversée qui ne sécurise pas les passants eu égard à la qualité de la navigation jugée titubante par plusieurs observateurs et techniciens.

« Il y a quelques années, vers 19h00, ce bac a basculé en plein navigation avec un gros véhicule Man type civil. Conséquences : l’engin a été englouti par les eaux de la rivière avec tout son contenu constitué des produits agricoles et d’autres éléments, y compris de passagers à bord parmi lesquels des paysans dont les corps n’ont jamais été repêché jusqu’à ce jour », témoigne Xavier Kiziamina, un des producteurs agricoles pendant 20 ans à Bamba Bac.

Il indique que la pilonne de gauche contenant le câble du bac avait cédé du fait des tourbillons. Cette situation a fait que le bac reste dans l’immobilisme pendant sept ans.

« Pendant ce temps des véhicules ne fréquentaient plus ce tronçon. La traversée des motos, vélos et passagers, etc. se faisait par pirogue et à un prix très élevé (entre 500 et 3000 Francs congolais selon le cas). Les agriculteurs et leurs produits sont toujours dans des calvaires sans précédent », souligne-t-il.

Selon lui, lorsqu’il pleut, la traversée s’arrête. Si l’on tient tête la conséquence est fâcheuse.

Les paysans de Koku, camp Siefac, camp Vula Bumba – Puta, B.A Bumba, camp Kashiba sur la route de Hahemba sont aussi dans la même situation lorsqu’ils passent par cet endroit.

Un piroguier a fait savoir que ce qui insécurise c’est surtout la présence de plusieurs tourbillons et des chutes sur la rivière avec comme conséquence des chavirements et des cas de noyade.

Des informations recueillies sur place indiquent que face à cette situation désastreuse, l’Association de piroguiers de Bumba a dû mettre une flotte en bois de 16 mètres en 1996. Cette flotte avait une capacité de 40 personnes.

Ce contexte ne facilite pas les paysans de ce coin du pays d’évacuer facilement leurs produits vers les centres de consommations.

Interrogés à ce sujet, les trois passeurs d’eau affectés à ce bac se sont réservés de tout commentaire, sauf un d’entre eux a indiqué que le bac a un problème de poulie qu’il faille toujours imbiber de graisse.

En 2000, le Programme d’appui à la réhabilitation, un des projets de développement en RDC, a réfectionné le bac. 12 ans plus tard, soit en 2012, la Coopération technique belge est également intervenue pour réhabiliter ce même bac.

« Malgré tout cela, les dangers sont toujours là. Ici chez nous aucun véhicule ne peut traverser avec plus de 3,5 tonnes de produits. L’on doit le vider de son surtitre et revenir prendre la charge restée sur l’autre rive. Vouloir traverser 10 gros véhicules de 7 tonnes, il faut plus d’une semaine », raconte un jeune rencontré sur place.

Quant à lui, un chef de terre qui a requis l’anonymat a été clair : « Nous avons besoin d’un pont même métallique à l’instar de ceux qu’on trouve dans plusieurs autres endroits… Depuis que nous sommes nés ici nous n’avons jamais un pont ou un bac à moteur, seulement cette vieille tortue à manivelle que nous utilisons avec beaucoup de crainte pendant 90 ans. »

Ce chef traditionnel a demandé au chef de l’Etat actuel d’insérer dans son agenda le problème de Bumba, car, dit-il, le chef de l’Etat avait promis, dans son discours d’investiture, de faire développer l’agriculture en RDC.