Monde
Le ciel mondial se fermait toujours plus mardi aux 737 MAX, après deux accidents mortels en moins de six mois impliquant cette nouvelle génération d’appareils, dans un contraste toujours plus criant avec les États-Unis, qui maintiennent jusqu’ici leur confiance en Boeing dans cette crise majeure pour le géant aéronautique.
Après des interdictions en rafale de la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas, l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a décidé de suspendre, « à partir de 19h00 GMT », tous les vols de ces appareils, qu’il s’agisse des MAX 8 ou des MAX 9, qu’ils soient à destination, au départ, ou à l’intérieur de l’Union européenne, que les opérateurs soient européens ou issus de pays tiers.
L’Inde a également annoncé mardi qu’elle clouait au sol les 737 MAX. « Ces avions ne voleront pas tant que des modifications appropriées et des mesures ne seront pas prises pour assurer leur sûreté », a indiqué le ministère de l’Aviation civile sur Twitter.
Ces décisions, qui s’ajoutent aux décisions de nombreuses compagnies aériennes de bouder ces appareils jusqu’à nouvel ordre, constituent une manifestation de défiance inédite dans l’histoire de l’aviation civile, mais ne devraient pas pour autant semer le chaos dans le trafic aérien mondial.
Les 737 MAX ne sont en effet entrés en service qu’en mai 2017. Plus de 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd’hui, un chiffre à mettre en regard des quelque 19 000 avions d’au moins 100 passagers en service au niveau international, tous modèles confondus, selon une étude publiée en 2018 par Airbus.
Un autre exemplaire de ce modèle exploité par Lion Air s’était abîmé en mer en Indonésie en octobre, entraînant la mort des 189 personnes à bord, là aussi quelques minutes après le décollage.
Alors que Boeing se faisait étriller en Bourse pour la deuxième journée consécutive - perdant vers 18h15 GMT 6,47 % à 374,12 dollars après avoir déjà cédé 5,33 % la veille -, le contraste entre la défiance mondiale et la position américaine se faisait toujours plus criant mardi.
Les États-Unis n’ont jusqu’ici pas interdit de vol les 737 MAX, gamme clé dans la stratégie commerciale de Boeing, tandis que le président Donald Trump a déploré que les avions soient devenus « trop complexes » à piloter.
« Nous continuons à être impliqués dans l’enquête sur l’accident et prendrons les décisions sur les suites à donner en fonction des éléments récoltés », a indiqué une porte-parole de la FAA, l’agence fédérale de l’aviation américaine.
Washington demande toutefois à Boeing de procéder à des modifications techniques.
Panique des passagers américains
Insuffisant pour rassurer les personnels navigants et les passagers aux États-Unis, dont beaucoup refusaient désormais d’embarquer sur cet appareil.
Le syndicat des personnels navigants (APFA), représentant des salariés d’American Airlines, a ainsi demandé à ses membres de ne pas monter à bord d’un 737 MAX 8 s’ils ne se sentent pas en sécurité.
Avant l’Europe, l’Asie avait déclenché l’offensive contre la gamme de Boeing, avec des suspensions ou interdictions de vols de l’Australie, de la Malaisie, de Singapour et du sultanat d’Oman, et surtout de la Chine, où 76 de ces appareils ont été livrés.
Si les causes de cet accident ne sont pas encore connues, l'écrasement de Lion Air en Indonésie avait braqué l’attention sur les capteurs d’incidence (AOA) dont un dysfonctionnement peut conduire l’ordinateur de bord, pensant être en décrochage, à mettre l’appareil en piqué alors qu’il faudrait au contraire le redresser.
Sur le site de l'écrasement en Éthiopie, les enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile ont été rejoints par une équipe technique de Boeing et par des enquêteurs américains des autorités de l’aviation civile.
Les deux boîtes noires --l’une contenant les données techniques du vol et l’autre l’enregistrement des discussions et des alarmes dans le cockpit-- ont été retrouvées lundi.
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