Louis-Alphonse Koyagialo réclamé à l’Equateur !

Attendu à Mbandaka depuis son retour des soins en Afrique du Sud, le 21 février dernier, le gouverneur élu de la province de l’Equateur, Louis-Alphonse Koyagialo, séjourne encore à Kinshasa. Pourtant, ses administrés le voient régulièrement sur leurs petits écrans en train de marcher, de parler, de recevoir et de raccompagner ses hôtes. En un mot comme en cent, leur déception est à la hauteur de l’espoir suscité par son élection à la tête de cette province le 10 juin 2013.

Colère et déception sont les sentiments dominants des ressortissants de la province de l’Equateur qui voient leur gouverneur, Louis-Alphonse Koyagialo, très attendu à Mbandaka, bloqué à Kinshasa après ses soins en Afrique du Sud. Dans la capitale en effet, ceux qui n’en peuvent plus ont cherché à rencontrer leur gouverneur et prendre eux-mêmes de ses nouvelles.

Invariablement, ils ont eu à faire à son entourage qui décide de qui doit le voir et pendant combien de minutes l’entretien doit durer. Au point que les mauvaises langues croient finalement que Louis Koyagialo est devenu "otage" de ses proches.

A son retour d’Afrique du Sud en effet, de l’aéroport de N’Djili, le gouverneur aurait été conduit directement à son église où il a été interné cinq jours durant lesquels il était coupé de tout contact, avant de regagner sa douillette résidence de Binza-Ma campagne.

UN DEBUT PROMETTEUR…

Elu gouverneur de l’Equateur le 10 juin 2013, Koyagialo est parvenu à mettre presque tout l’Equateur d’accord. De par son discours qui a convaincu même les plus irréductibles des élus provinciaux. Koyagialo avait en fait posé un diagnostic sans complaisance de l’état de la province, tout en appelant à la conscience de tout un chacun sur la régression de la province de l’Equateur depuis des années.

Le gouverneur élu avait alors livré à ses corégionaires sa vision pour sortir la province de son retard à travers son discours-programme, lequel est logiquement le tableau de bord du gouvernement provincial de l’Equateur.

« A l’avènement du Vieux », comme l’appellent affectueusement certains jeunes de Mbandaka, « nous nous sommes dit que ça y est, enfin nous allons pouvoir décoller et arrêter d’être la bonne dernière des provinces de la RDC », explique un habitant de Mbandaka joint au téléphone. Aussitôt qu’il a pris ses fonctions, il s’est mis immédiatement au travail et, selon les mêmes sources, la vie a commencé à bouger à Mbandaka.

LE PIRE EST PASSE

Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, un mois seulement après, il fut terrassé par une bien méchante maladie qui l’a envoyé au pays Arc-en-ciel pour des soins appropriés. Mais à Mbandaka et Kinshasa, des individus malintentionnés profitent de son absence prolongée en Afrique du Sud pour intoxiquer la population.

Leur but : faire accréditer la thèse selon laquelle le gouverneur Koyagialo serait inapte et donc ouvrir la course à sa succession. Il serait dans un état critique d’indisponibilité qui ne lui permettrait plus d’assumer ses fonctions. C’était sans compter avec l’aide de Dieu. Le pire est passé.

Le 21 février dernier, le gouverneur est rentré des soins d’Afrique du Sud. Ses administrés de l’Equateur attendent qu’il regagne son poste et se remette immédiatement au travail. Que non ! Ils sont surpris que leur gouverneur traîne encore à Kinshasa pour des raisons qu’ils ignorent.

Des proches du gouverneur présents à Kinshasa sont harcelés par la base à Mbandaka. « Que faites-vous à Kinshasa ? Que voulez-vous finalement ? Si vous pensez vraiment qu’il ne peut pas travailler, dites-lui de démissionner, pour que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ouvre la course à sa succession ! Or, à la télé, nous le voyons marcher, parler, recevoir des gens… Ne peut-il pas en faire autant ici ? », ragent au bout du fil depuis Mbandaka, quelques habitants dépités.

ENTOURAGE AU BANC DES ACCUSES

Mais à Kinshasa, ne voit pas le gouverneur Koyagialo qui veut. « Quand vous allez à la résidence du gouverneur pour le voir, vous tombez sur son entourage qui, si il ne vous refuse pas l’accès, vous dicte le nombre de minutes à passer avec lui. Vous avez dix minutes pour votre entretien, entend-on parfois », rapporte un proche du gouverneur qui a requis l’anonymat.

A un groupe de travail qui devrait rencontrer le gouverneur pour faire rapport d’une mission leur confiée par le numéro un de l’Equateur, des proches leur auraient barré la route avant de céder face à l’insistance de Koyagialo de le laisser entrer. Pour beaucoup de gens désormais, agir comme le fait l’entourage risque d’accréditer la thèse selon laquelle le numéro un de l’Equateur n’a pas la pleine capacité de ses moyens. Or, c’est tout le contraire quand on le rencontre.

Certains ressortissants de l’Equateur croient finalement que le gouverneur est otage de sa cour. Ils estiment que Koyagialo est prisonnier de son sérail.

SOUTIEN DU CHEF DE L’ETAT

Aux dernières nouvelles, le gouverneur devait regagner son poste d’attache le mardi 4 mars dernier. L’avion devant l’amener et toute son équipe à Mbandaka aurait même été affrété. Mais, selon les mêmes sources, lors de sa visite, le ministre Muyej aurait transmis au gouverneur le message selon lequel le chef de l’Etat souhaiterait le rencontrer avant son départ. Et pour cela, le gouverneur devait transmettre le lundi 3 mars à la Primature, la liste de 6 personnes devant l’accompagner à cette rencontre.

Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, un des plus proches collaborateurs à qui le gouverneur a demandé ce travail n’avait pas été en mesure de dresser la liste de ces personnes. « Toute la journée de lundi, de 9h à 17h, il n’a pas été capable de désigner qui doit faire partie de la délégation qui accompagne le gouverneur chez le président, rapporte une source proche du dossier. Le gouverneur, lui-même irrité, n’en revenait pas ».

« Le gouverneur doit rentrer, et le plus vite, débarrassé de certains membres encombrants de sa cour. Nous avons la chance d’avoir un gouverneur que le chef de l’Etat soutient, nous devrions en profiter pour développer notre province », estime un de ses collaborateurs.