Monde
« Un gouvernement qui va à Marrakech est un gouvernement que nous ne soutenons pas », a asséné lundi le président de la N-VA Bart De Wever à l’issue d’un bureau de son parti, ajoutant une pression supplémentaire sur les épaules du Premier ministre Charles Michel qui cherche une solution sur le pacte de l’Onu sur les migrations.
C’est le pacte de l’ONU sur la migration qui est à l’origine des tensions au sein de la coalition de quatre partis : trois d’entre eux, dont le Mouvement réformateur du premier ministre, approuvent ce texte qui doit être entériné la semaine prochaine à Marrakech et un quatrième, la puissante Alliance néoflamande (N-VA, nationaliste) s’y oppose farouchement.
Ce texte, qui doit être approuvé les 10 et 11 décembre prochain lors d’un sommet à Marrakech (Maroc), au cours duquel M. Michel a assuré que la Belgique approuverait le pacte. Or de son bureau, la N-VA a confirmé son rejet du pacte migratoire, mais aussi son refus d’une note interprétative qui serait jointe au pacte, piste envisagée par le MR, le CD&V et l’Open Vld pour sortir de l’impasse qui menace la stabilité du gouvernement.
Ces derniers jours, M. Michel a usé de toutes les techniques pour sauver sa majorité : concertation, proposition d’amendement – ou, du moins, d’une « déclaration interprétative » indiquant l’absence de caractère contraignant du pacte –, négociation avec ses vice-premiers ministres, explications d’experts au Parlement, etc. Rien n’y a fait : la formation de Bart De Wever, président de la N-VA et maire d’Anvers, a maintenu qu’un gouvernement qui signerait le texte onusien n’aurait plus son soutien.
Mardi, un élément est venu radicaliser le débat : alors que se déroulaient les dernières tractations afin d’éviter la crise, les nationalistes flamands lançaient sur les réseaux une campagne censée être « explicative ». On y découvrait des images, puisées dans une banque déjà utilisée par le parti d’extrême droite allemand AfD et assorties de légendes sur ce que permettrait le pacte : un adoucissement des règles pour le regroupement familial, la fin du caractère punissable du séjour illégal, la possibilité pour les clandestins d’accéder aux droits sociaux, etc.
Pour autant, la N-VA ne veut pas que le gouvernement tombe, assure M. De Wever. Il demande que l’on continue à rechercher des solutions au sein de l’équipe Michel. « On n’a pas encore discuté sérieusement de ce pacte au sein du gouvernement », selon lui. « Nous ne sentons pas ce pacte et nous ne l’approuverons pas », a-t-il assuré.
« Faciliter la migration illégale »
Bart De Wever, le président de la N-VA affirme que ce pacte « facilitera l’immigration illégale ». (© epa)
Le président de la N-VA indique que son parti « ne soutient plus la politique migratoire européenne depuis longtemps » car l’Europe s’était engagée à arrêter l’immigration illégale via des plateformes régionales de débarquement qui ne voient pas le jour. Ajouter à cela « un pacte qui facilitera l’immigration illégale, c’en est trop », a-t-il jugé.
Selon lui, le pacte ne fera que renforcer l’immigration illégale en Europe occidentale, d’autant plus qu’un certain nombre de pays le rejetteront. « Finalement, cela devient un pacte de pays qui envoient des migrants plus q’un pacte de pays qui les reçoivent. Et lorsqu’il s’agit de migration illégale, il n’y a que l’Europe occidentale qui soit si naïve qu’elle continuerait à l’autoriser », a analysé Bart De Wever.
Des contre-vérités « scandaleuses », selon le vice-premier ministre chrétien-démocrate Kris Peeters, qui, comme M. Michel, a demandé l’arrêt immédiat de cette campagne. Le parti de M. De Wever devait s’exécuter, invoquant une « erreur de communication ». Le projet avait, en fait, été élaboré par Joachim Pohlmann, bras droit et conseiller du président de la N-VA. Il affirmait avoir voulu présenter de manière « simple et basique » les objections de sa formation.
La N-VA se voit reprocher par ses partenaires d’avoir retourné sa veste dans ce dossier. Bart De Wever réfute l’argument selon lesquels son parti n’aurait pas multiplié les points de vue critiques ces dernières années. « Ce qu’on peut nous reprocher c’est d’avoir trop tardivement fait comprendre clairement que ceci était impossible pour nous. Mais cela, on peut le reprocher à de nombreux autres pays européens qui se désengagent aujourd’hui. Il vaut mieux s’arrêter à mi-chemin que persévérer dans l’erreur », a précisé Bart De Wever.
Au Parlement, l’extrême droite – le parti Vlaams Belang – se frottait les mains et annonçait qu’elle reprendrait à son compte la campagne. Tout le monde s’est souvenu à ce moment que Theo Francken, le secrétaire d’Etat à la migration, personnalité très populaire qui a imprimé un cours de plus en plus radical à son parti, a affirmé récemment qu’il s’inspirait parfois des positions défendues par le Vlaams Belang.
Impossible, en tout cas, pour M. Michel d’espérer encore poursuivre la négociation avec son partenaire. Dans la soirée de mardi, il a convoqué une conférence de presse confirmant son souhait d’aller à Marrakech pour confirmer l’adhésion de son pays au pacte. Il a appelé le Parlement à trancher : des résolutions affirmant l’engagement de la Belgique y sont débattues et doivent être votées mercredi en commission, jeudi en séance plénière.
Coalition « kamikaze »
Soit la N-VA décide de se rallier et se soumet, soit elle s’y oppose et se démet. La deuxième alternative semblait la plus probable jusqu’à ce que Peter De Roover, le représentant de la N-VA au sein de la commission des relations extérieures, en invente une troisième : mercredi matin, il annonçait que son parti voterait contre le pacte mais restait membre du gouvernement.
Une situation « chaotique », résume le député Vert Kristof Calvo. En réalité, la N-VA espérait ainsi renvoyer vers ses partenaires la responsabilité du déclenchement de la crise. Ajournant ses discussions, la commission du Parlement devait reprendre ses travaux dans l’après-midi et décider ainsi de l’avenir de la coalition mise en place en 2014. Baptisée « kamikaze » parce qu’elle associait pour la première fois la N-VA au pouvoir, elle pourrait finalement être fidèle à sa dénomination.
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