Santé
Une "conjonction optimale de facteurs" menace la réponse humanitaire à l'épidémie d'Ebola en RDC, a averti mardi 25 septembre 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a suspendu ses activités à Beni après le tuerie d'une vingtaine de personnes.
L'OMS craint par ailleurs l'arrivée "imminente" d'Ebola en Ouganda, a prévenu le directeur général adjoint de l'OMS chargé des réponses d'urgence, Peter Salama, lors d'une conférence de presse.
En République démocratique du Congo, la tuerie samedi soir à quelques centaines de mètres du centre-ville de Beni (est) a fait 21 morts (17 civils, quatre militaires), selon un responsable militaire qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Les habitants ont décidé de prolonger leur grève générale jusqu'à vendredi pour protester contre une nouvelle tuerie attribuée par les autorités au "terrorisme" du groupe armé d'origine ougandaise Allied Democratic Forces (ADF).
A Beni, où l'OMS dispose de son centre opérationnel pour l'actuelle épidémie, "nos opérations sont suspendues", a déclaré Peter Salama. Aussi, lundi, plus de 80 % des personnes menacées d'un risque immédiat d'Ebola n'ont pu être atteintes à Beni et dans ses environs. En outre, "nous avons constaté une augmentation de la fréquence et de la gravité des attaques menées par des groupes d'opposition armés au cours des dernières semaines".
"Nous sommes très préoccupés pour la sécurité de notre personnel", a-t-il ajouté, précisant toutefois que jusqu'à présent le personnel de l'OMS n'avait pas été visé.
D'après M. Salama, l'OMS n'envisage pas le besoin d'évacuer, mais l'organisation a malgré tout établi des plans d'urgence.
Mais, prévient-il, "si l'OMS et ses partenaires se retiraient du Nord-Kivu, en dépit de l'excellent travail du ministère de la Santé et leur leadership, nous aurions les plus grandes craintes de voir cette épidémie hors de contrôle dans les prochaines semaines ou les prochains mois".
"Le gouvernement et ses partenaires dans la riposte ne partiront pas de la région de Beni jusqu'à ce que le dernier cas d'Ebola soit guéri", a déclaré le ministre congolais de la Santé, le Dr Oly Ilunga. "Il fallait respecter le deuil et le mécontentement des populations. Mais nous faisons tout pour créer des conditions qui permettront aux équipes sur le terrain de travailler 24h sur 24".
- Menace imminente en Ouganda -
"Nous sommes extrêmement préoccupés par plusieurs facteurs qui pourraient se réunir au cours des prochaines semaines ou mois pour créer une conjonction optimale de facteurs limitant notre capacité à accéder aux civils", a expliqué M. Salama, citant l'exploitation de l'épidémie par des candidats aux élections de décembre.
Il a également souligné l'inquiétude de l'OMS face au "niveau de résistance et de méfiance des communautés".
"Bien que la majorité des communautés ait accepté les interventions" humanitaires contre Ebola, "nous voyons des poches de forte résistance", avec notamment un cas dans les environs de Beni, "qui est responsable d'une grande partie des cas enregistrés au cours des deux dernières semaines", a affirmé le responsable de l'OMS.
Et certaines personnes refusant d'être soignées dans les unités de traitement "fuient dans les forêts et sur des centaines de kilomètres dans certains cas".
Cette dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais - qui a tué 100 personnes - a été déclarée le 1er août à Mangina, dans la province du Nord-Kivu. "Nous sommes à un moment critique", a relevé M. Salama.
L'OMS estime par ailleurs que l'Ouganda "est maintenant confronté à une menace imminente" d'être affecté par Ebola, avec l'apparition de cas proche de la frontière, à Tchomia, près du lac Albert. Des vaccins ont été envoyés et devraient arriver en Ouganda le 27 septembre.
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