Société
Les machines à voter continuent à faire couler beaucoup d’encre et de salive. Non seulement ces machines que la Commission électorale nationale indépendante tente d’imposer ne recueillent pas un consensus des parties prenantes, elles ne sont pas fiables pour garantir un vote crédible. Des experts américains du collectif Enough, révèlent l’existence de failles de sécurité susceptibles de favoriser le piratage.
Le collectif américain Enough Project a analysé une machine à voter similaire à celles que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) compte utiliser en République démocratique du Congo dès cette année. Dans un rapport rendu public le mercredi 21 juin, The Sentry, l’équipe d’investigation d’Enough, révèle l’existence de failles de sécurité dans les machines électorales fabriquées par la société Miru Systems, le même fournisseur de Commission électorale nationale indépendante.
Des machines risquées et abandonnées par l'Argentine revendues à la RDC ?
Selon RFI qui a livré l’information, l’organisation n’a pas pu avoir accès aux machines à voter en cours de déploiement en RDC, mais elle s’est penchée sur des machines similaires, fabriquées par la même société sud-coréenne. D’autant que, d’après ce rapport, il s’agirait des machines qui devaient au départ être utilisées lors des élections de 2017 en Argentine et auxquelles les autorités argentines ont finalement renoncé en raison des « préoccupations relatives aux éventuelles failles de sécurité. »
« À partir de documents techniques obtenus par l’équipe de The Sentry, de l’examen des images et vidéos à disposition du grand public et des enseignements tirés de l’expérience argentine en matière de vote électronique, des experts techniques et des chercheurs en sécurité ont repéré de nombreuses similarités entre le système électronique de vote actuellement proposé pour le Congo », déclare le rapport.
Outre la ressemblance des bulletins papier (voir les images ci-dessous), le logo de la technologie RFID figurait sur plusieurs prototypes fournis par Miru au Congo. M. Smaldone a également noté que le nombre de dispositifs prévus initialement pour l’Argentine (120 000) était très proche du nombre annoncé par la CENI congolaises (105 000)…
« Ils [les expert] ont été frappés par les apparentes similarités entre la technologie relative au ‘’vote électronique à bulletin unique’’ utilisée en Argentine et les prototypes de machines à voter de Miru au Congo. Outre la ressemblance des bulletins papier, le logo de la technologie RFID figurait sur plusieurs prototypes fournis par Miru au Congo. M. Smaldone a également noté que le nombre de dispositifs prévus initialement pour l’Argentine (120 000) était très proche du nombre annoncé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en vue des élections congolaises (105 000). M. Smaldone a laissé entendre que les machines que Miru a tenté de vendre au Congo étaient à l’origine destinées à l’Argentine, et que celles-ci avaient été réemballées et commercialisées au Congo suite à l’échec du projet de loi sur le vote électronique en Argentine », révèle le rapport.
De plus, « tandis que les documents originaux sont rédigés en français, on retrouve plusieurs mots espagnols sur les images extraites du texte recouvert d’encadrés et d’images, ainsi que des références à des personnalités renommées du monde politique argentin et des catégories de vote en espagnol », affirme ce rapport collectif Enough.
Failles de sécurité potentielles
Pour ces experts, il existe également « de sérieuses failles de sécurité dans la technologie du vote électronique » que la Centrale électorale congolaise prévoit d’utiliser lors des élections de décembre 2018.
« Il existe de sérieuses failles de sécurité dans la technologie du vote électronique que la Commission électorale congolaise prévoit d’utiliser lors des élections. Un expert des technologies a mené des investigations sur des machines à voter similaires à celles qui seront utilisées en RDC et fabriquées par la même société. Ces investigations ont démontré que la machine à voter pouvait être piratée », a indiqué Sasha Lezhnev, directeur adjoint du département politique d’Enough contacté par RFI.
Suivant ce rapport d’expert, « en l’absence de précautions visant à surveiller et contrôler de près les clés USB développées par Miru, ou encore à veiller à ce qu’elles soient clairement identifiables, il est tout à fait concevable qu’un intrus s’introduise dans un bureau de vote et intervertisse une ou plusieurs clés USB, un acte qui pourrait affecter les résultats d’un scrutin ou même introduire des logiciels malveillants. Il a aussi insisté sur les dangers d’une configuration qui dépendrait de connexions cellulaires sans fil 2G et 3G, lesquelles pourraient permettre de stocker des données dans le système Miru ; celui-ci serait alors vulnérable à des tentatives de piratage visant à truquer des résultats. »
Ces révélations sont la partie technique qui vient davantage donner raison aux parties prenantes aux élections de décembre 2018 qui ont dit un « non » catégorique à l’usage de la machine à voter. De l’Opposition à la Conférence épiscopale nationale du Congo, en passant par les mouvements citoyens et la société civile, tout le monde a récusé la machine à voter.
Seule la Céni et son mentor, la Majorité présidentielle, tiennent mordicus à cette technologie pas assez sécurisée au piratage. Autant dire que les machines à voter de la Céni sont susceptibles de provoquer des graves contestations postélectorales en République démocratique du Congo.
Pourtant, au regard des élections chaotiques de novembre 2011, le peuple congolais et la communauté internationale veulent à tout prix éviter des conflits postélectoraux qui risquent de plonger le pays dans un chaos.
On comprend de plus en plus pourquoi la Céni ne veut pas laisser aux experts indépendants la certification de la machine à voter. Elle doit être consciente que cette machine est plutôt programmée pour favoriser un camp au détriment de l’autre. Ce qui piège le processus électoral congolais.
C’est pourquoi les experts d’Enough tirent d’ores et déjà la sonnette d’alarme au sujet de ces machines en declarant que « Le système électronique de vote menace ainsi non seulement la transparence des élections, mais également la crédibilité de l’ensemble du processus électoral au Congo.»
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La fameuse machine à voter prévue pour les élections de fin d'année en RDC, exposée le 21 février à Kinshasa. (© John Wessels/AFP)