Au cours d'un face-à-face avec Fatou Bensouda, la Cenco ignore un 3ème dialogue en RDC

Pour sa part, la procureure de la CPI a lancé un appel au calme et à la retenue, conformément à sa mission de prévention.

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, a clôturé hier, jeudi 3 mai, sa visite de travail de 72 heures en RDC. Pendant son séjour, Fatou Bensouda a échangé avec les différentes personnalités congolaises. Tour à tour, elle a été l’hôte du président Joseph Kabila, des actuers politiques et de la Société civile, en l’occurrence la Cenco.

Au centre interdiocésain, siège de l’administration de l’église catholique locale, Fatou Bensouda s’est entretenue avec le SG de la Cenco et Mgr Fidèle Nsielele, président de la Commission épiscopale Justice et Paix. La situation du pays avant les élections, les violences qui ont émaillé Kinshasa et certains coins de la RDC pendant le premier trimestre de l’année 2018, et celles de la fin de l’année 2017, ont été au centre des entretiens.

Faut-il un 3ème dialogue pour mettre en œuvre les préalables à l’organisation des élections voulues libres, transparentes et apaisées en RDC ? « Nullement. Les acteurs censés mettre en application les mesures de décrispation sont connus et la balle est dans leur camp », réplique la Cenco, par le biais de son SG abbé Donatien Nshole.

Dans ses rencontres précédentes avec la presse, le secrétariat général de la Cenco avait soulevé les préoccupations sur les enjeux sociopolitiques actuels. Au point 2, il a été noté : « La Cenco est très préoccupée du fait que la mise en œuvre des préalables exigés par l’Accord de la Saint-Sylvestre pour l’organisation des élections libres, transparentes et apaisées se fait encore attendre. Il s’agit principalement du parachèvement des mesures de décrispation. Ne pas les mettre en pratique, c’est compromettre le processus électoral et hypothéquer des élections, unique voie de sortie de la crise actuelle. »

LA CPI HIER A LA CENCO

C’est dans le même ordre d’idées que la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a rencontré l’évêque de Kisantu Mgr Fidèle Nsielele, président de la Commission épiscopale Justice et Paix. 

Mme Fatou a fait savoir à ce propos : « J’ai eu l’opportunité d’écouter Monseigneur et il a évoqué ses préoccupations sur les évènements malheureux qui se déroulent dans le pays. Et j’ai dit que c’est dans un esprit de complémentarité que je suis venue. C’est la responsabilité primaire des autorités locales d’assurer la justice par rapport à ce qui se passe et ce n’est qu’après que nous autres, nous allons intervenir ». Ce, avant de lancer un appel au calme et à la retenue. Car, conclut-elle, c’est aussi notre mandat de prévenir avant que les crimes ne se commettent.

Et la procureure de renchérir : « C’est important de rencontrer toutes les parties impliquées dans les évènements malheureux qui sont survenus en RDC. Et ici, la Cenco est une voix écoutée et respectée en RD. Congo, c’était pour moi important. » 

Par ailleurs, elle a explicité l’objet de sa mission auprès de l’évêque de Kisantu et président de la Commission épiscopale Justice et Paix en ces termes : « Ma mission est de recueillir les informations et aussi m’enquérir de l’évolution de la situation par rapport aux procédures nationales entreprises concernant ces malheureux évènements. »

Le secrétaire général de la Cenco a, pour sa part, rapporté que la procureure de la CPI a voulu rencontrer la Cenco dans le cadre de sa mission de prévention, en complémentarité avec les autorités congolaises. 

« Elle a estimé que la Cenco est une voix importante à écouter dans ce contexte. Elle a été reçue par son Excellence Monseigneur Fidèle Nsielele qui est le président de la Commission épiscopale Justice et Paix. Et après avoir compris le sens de sa mission, son Excellence Mgr Fidèle lui a fait part de quelques préoccupations sur la violation des droits l’homme notamment au Kasaï, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, dans le Tanganyika et à Kinshasa avec les manifestations. C’était dans l’esprit d’obtenir d’elle un plaidoyer pour que ce genre de choses ne se répète pas », a conclu le porte-parole de la Cenco.