Société
Dans un rapport au Conseil de sécurité transmis cette semaine, le secrétaire général des Nations unies craint qu'à peine reportées, les élections en RDC soient à nouveau compromises. Antonio Guterres a déploré également que la présidentielle, les législatives, les provinciales aujourd'hui annoncées pour le 23 décembre 2018 aient été reportées.
Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies vient de rendre public son rapport sur la République démocratique du Congo. Dans ce document transmis cette semaine au Conseil de sécurité, Antonio Guterres parle des élections, de la Monusco, du climat politique, des violations des droits de l’homme, de la crise humanitaire, de la situation économique… qui prévalent au pays.
Que dit ce rapport ?
Pour le secrétaire général des Nations unies, le climat politique en RDC reste caractérisé par « des fractures profondes qui divisent la classe politique et la société civile », fractures renforcées par l'annonce d'un nouveau report de la présidentielle et des législatives qui, selon l'accord politique de la Saint-Sylvestre, écrit Antonio Guterres, « auraient dû se tenir en décembre 2017 au plus tard ».
Et pourtant, selon le secrétaire général, « le gouvernement et le parti auquel appartient le président semblent déterminés à respecter le calendrier électoral ». Ils ont « rapidement approuvé des projets de loi essentiels à la tenue des scrutins », à savoir la loi de finances et la loi électorale. Il note toutefois que les partenaires de la RDC, inquiets à cause des incertitudes entourant la transition politique, n'ont contribué qu'à hauteur de 6 % au fonds d'appui au cycle électoral.
« Il y a un an, la signature de l'accord politique globale redonnait espoir au peuple », écrit Antonio Guterres. Mais un an après, selon le secrétaire général, la fermeture de l'espace politique se poursuit, les forces de sécurité commettent de plus en plus de violations des droits de l'homme, ne sont pas sanctionnées pour la répression sanglante des manifestations, toujours sous le coup d'une interdiction générale. 107 prisonniers politiques sont toujours détenus et d'autres personnalités ont été écartées du processus électoral.
Antonio Guterres prône le dialogue
Le Secrétaire général de l’ONU invite, par ailleurs, Kinshasa à prendre, une nouvelle fois, l’initiative en ce qui concerne l’application des mesures de confiance prévues par l’accord du 31 décembre 2016.
« Aucun processus électoral crédible ne peut se dérouler dans un climat d'harcèlement et de répression », souligne Antonio Guterres.
« Je m’inquiète du fait qu’aucun progrès véritable n’ait été accompli dans ce domaine, 107 prisonniers politiques étant toujours en détention et les acteurs politiques et les personnalités de la société civile continuant d’être harcelés. Aucun processus électoral crédible ne peut se dérouler dans un climat de harcèlement et de répression", a lâché le SG de l’ONU.
Antonio Guterres demande donc instamment au Gouvernement de la République démocratique du Congo « de tout mettre en œuvre pour mener à bien la transition politique ». « Je me félicite qu’il se soit engagé à le faire et salue les initiatives positives qu’il a prises ces dernières semaines, en présentant au Parlement un projet de loi visant à réviser la loi électorale ainsi qu’un budget pour les élections. Je me réjouis de l’adoption rapide de ces lois par le Parlement », écrit le n°1 de l’ONU.
« Au-delà de ces mesures, souligne Guterres, j’engage le Gouvernement à faire en sorte que la CENI reçoive l’appui financier promis et à jouer un rôle moteur dans les efforts visant à élaborer et à mettre en œuvre un plan de sécurisation des élections » .
En outre, déclare-t-il, « je m’inquiète de voir des figures clefs de l’opposition continuer d’écarter toute participation au processus électoral. S’ils veulent faire entendre les voix de ceux qu’ils prétendent représenter, ces dirigeants doivent participer au règlement de la crise. Je les invite donc à renouer avec l’esprit de dialogue et de compromis qui avait présidé à la signature de l’accord du 31 décembre 2016. Le moment est venu de répondre favorablement à l’appel de leur peuple en faveur de la tenue d’élections pacifiques, libres, équitables et crédibles » .
Pour ce qui est du risque d'un nouveau report des élections prévues en décembre 2018, le numéro 1 de l'ONU renvoie « toutes les parties prenantes » dos à dos. Il leur demande d'oeuvrer à l'organisation de ces scrutins et de collaborer à l'application de l'accord politique.
Lire ci-dessous, en annexe, l’intégralité du Rapport du SG de l’ONU
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