Politique
Le voyage de l'officielle américaine à Kinshasa serait simplement motivé par la volonté de son pays de réduire considérablement le budget de la mission de paix des Nations unies en République Démocratique du Congo (RDC).
La visite de Nikki Haley en terre congolaise est très capitale. Elle pourrait éclaircir un certain nombre de dossiers dont les deux plus sensibles, à savoir les élections et les droits de l’homme. L’attente est énorme dans les milieux politiques, particulièrement ceux de l’opposition qui entendent capitaliser le séjour congolais de l'Américaine pour accélérer le processus du départ de Joseph Kabila. Déjà à Goma où elle s’est rendue quelques heures après son arrivée à Kinshasa, juste le temps de poser ses valises, la tension était vive. Des dizaines d’opposants membres du Rassemblement/Limete ont improvisé un sit-in devant le quartier général de la Monusco, exprimant leur ras-le-bol vis-à-vis du régime Kabila.
Des banderoles très expressives exhalaient l’écœurement d’une population qui tient à en finir avec l’actuelle coalition au pouvoir. Le Rassop/Limete voulait, à travers cette manifestation, attirer l’attention de l’officielle américaine sur le climat politique actuel en RDC tout en exigeant des pressions supplémentaires pour que « les élections aient lieu dans le délai constitutionnel ». Un mémorandum destiné à Nikki Haley a même été déposé au siège de la Monusco. Pour les manifestants, l’ambassadrice américaine et, à travers elle, tout le Conseil de sécurité des Nations unies doivent s’impliquer pour que d’ici au 31 décembre, l’alternance politique soit effective en RDC avec le départ de Joseph Kabila.
À la Majorité présidentielle, on n’a pas forcément la même lecture des faits. Ici, on joue plutôt à la tempérance, loin de tintamarre avec une forte propension à relativiser une visite qui procède du domaine de l’ordinaire. Le gouvernement, qui a longtemps fustigé la politique sur fond d’ingérence des Etats-Unis vis-à-vis de la RDC, avec à la clé, des sanctions contre ses dirigeants jugées unilatérales au regard du droit international, espère vivement un changement de ton mais aussi de la vision américaine sur le Congo. D’un point de vue officiel, la visite de Nikki Haley en RDC ne devrait pas donner lieu à une sorte de branle-bas à la lumière de ce qui est présenté sur la table comme motivations essentielles.
Des sources généralement bien informées, il appert que cette visite est essentiellement motivée par la volonté de Washington de réduire conséquemment le budget alloué par l’ONU à la Monusco. Nikki Haley serait donc chargée d’évaluer les réels besoins de la force onusienne, ce qui donnerait matière à l’administration Trump pour lever une option définitive par rapport à la réduction de la contribution américaine aux Nations unies. Pour Herman Cohen, l’ancien Monsieur Afrique de George Bush Senior cité par RFI, l’administration Trump qui reste dans la continuité de la politique africaine de Barak Obama et dont « le désir de voir le président Kabila partir paisiblement » est plus que perceptible, chercherait à lui aménager une voie de sortie honorable. Ce qui expliquerait la présence de Nikki à Kinshasa, porteuse d’un message de son président à son homologue congolais.
Au-delà des spéculations, l’évidence est que la diplomate américaine arrive à Kinshasa au moment où la RDC est confrontée à une crise humanitaire, sécuritaire et politique liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Cela étant, la publication du calendrier électoral sur fond du respect de l’accord du 31 décembre sera sans doute le point d’orgue d’une visite qui laissera sans doute des traces...
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