Société
Autrefois, les féticheurs et autres gourous ou sorciers offraient leurs services dans le grand secret pour ne pas être sujets de clameur pour ceux pour qui ces pratiques sont répugnantes. Depuis, les choses ont changé. Et les affaires semblent prospérer.
La République démocratique du Congo est un état laïc mais dominé par un grand nombre de chrétiens. Seuls les initiés pouvaient savoir où et comment trouver les féticheurs, généralement à Goma, une ville située dans l'Est de la République démocratique du Congo. Mais ces derniers temps, ils se montrent au grand jour, arborant banderoles et pancartes sur de grandes artères de cette ville pour attirer la clientèle.
À Goma, certains féticheurs vont jusqu'à faire leurs propres publicités sur des chaînes de télévision et station de radio locales. « On n'a plus besoin de chercher les logis des féticheurs, tout est simplifié maintenant. Il suffit de lire sur les affiches et les banderoles ou appeler au téléphone pour les localiser », témoigne un homme que nous avons rencontré dans la maison d'un féticheur.
Sur les banderoles, on y liste toutes sortes de maladies que les féticheurs se disent capable de guérir. Des maladies physiques : diabète, hernie, gastrite... jusqu'aux maux spirituels comme l'envoûtement, la malchance et autres. Ces « hôpitaux » traditionnels prétendent tout guérir.
L'élixir de l'amour, le produit le plus recherché
Comme on peut lire sur ce calicot, ces féticheurs assurent pouvoir guérir différentes maladies, et même celles que la médecine moderne ne soigne pas. Certains affirment (sans preuve) par exemple pouvoir guérir le VIH Sida. Mais un des féticheurs nous a affirmé que c'est l'élixir de l'amour qui est le plus recherché par ses clients. Les gens qui sont en difficulté dans leurs relations amoureuses viennent à la recherche des produits pour augmenter le charme, ou ranimer la flamme de l'amour.
« Je reçois par jour plus de 15 filles célibataires et 10 femmes mariées en mal d'affection amoureuse, qui viennent commander le « dawa ya mapenzi » (élixir d'amour en français). C'est soit pour augmenter l'intensité de l'amour qui se meurt dans le foyer, ou permettre aux célibataires de trouver des fiancés », confie maître Cobra, un féticheur. Selon lui, ses médicaments et ses grigris ont toujours bien marché.
Les sportifs à la recherche d'une force surnaturelle
Parmi les sportifs qui consultent maître Cobra, il y a surtout des boxeurs et des footballeurs. Ils viennent chercher des fétiches pour espérer terrasser leurs adversaires lors de compétitions. Certains se posent d'ailleurs la question si les produits des féticheurs peuvent être classés parmi les produits dopants en sport.
Les employés des féticheurs sur les rues
Pour aider des personnes qui auraient honte de rencontrer les féticheurs, ces derniers ont placé leurs « disciples » aux abords des routes pour les aider à entrer en contact avec d'éventuels clients. Ils étalent sur la route certains produits qui selon eux soignent plusieurs maladies. Si un cas s'avère grave, il est directement transféré chez le « nganga » (le féticheur).
Charlatans ou génies surnaturel ?
Face à cette situation, les avis des Congolais vivant dans l'Est de la République démocratique du Congo sont partagés, sur l'exercice de leur métier. Certains louent leur travail avançant qu'ils immortalisent la tradition africaine particulièrement congolaise, qui se meurt à petit feu sous la pression de la religion chrétienne.
Certains aussi considèrent ces « docteurs traditionnels » comme des charlatans et vendeurs d'illusions. « Je suis parmi des victimes de ces hôpitaux traditionnels, j'étais souffrant de l'hémorroïde, puis maman m'a amené chez l'un de ces "docteurs", sans consultation sans aucune question pour me demander comment je me sentais, il m'avait donné juste une bouteille d'eau mélangée de certaines plantes traditionnelles.
Au lieu que je me rétablisse, la situation empirait heure par heure ! Sans l'intervention d'un docteur de la médecine moderne auquel on avait finalement eu recours et qui m'avait opéré, je serais mort », se souvient Jean Pie Mukama, un habitant de la ville de Goma.
En regardant tous ces féticheurs qui prétendent avoir la solution à tous les problèmes, cela nous amène à nous poser une question qui reste jusque-là en suspens. Comment expliquer par exemple que le féticheur qui veut rendre les gens riches ne fait pas forcément partie des plus riches.
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