Monde
L'appel du président turc, qualifié d'«inacceptable» par Angela Merkel, est le dernier avatar d'une crise diplomatique qui dure depuis plusieurs mois déjà.
Entre Berlin et Ankara, rien ne va plus. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé dimanche les Turcs d'Allemagne à donner une «gifle» aux partis au pouvoir en Allemagne, qualifiés d'«ennemis de la Turquie» et à faire battre la coalition d'Angela Merkel aux législatives du 24 septembre. Il avait fait de même vendredi dernier, quand il avait exhorté ses compatriotes disposant de la nationalité allemande à «donner une leçon» aux partis chrétien-démocrate (CDU), social-démocrate (SPD) et aux Verts, tous «irrespectueux envers la Turquie» selon lui.
«Soyez avec ceux qui sont bienveillants envers la Turquie. Peu importe qu'il s'agisse de petits partis, donnez-leur votre voix. Ils gagneront ensuite en importance», a lancé le président turc dimanche lors d'un discours à ses partisans à Istanbul. «À mon avis, ceux qui attaquent la Turquie de la sorte méritent une gifle à ces élections», a encore estimé Erdogan. Ses précédentes déclarations avaient exaspéré le gouvernement allemand, suscitant une réponse cinglante de Berlin. «Nous ne tolérons aucun type d'ingérence», a lancé la chancelière Angela Merkel, citée par son porte-parole, Steffen Seibert. Le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, y voyait «un acte d'ingérence exceptionnel dans la souveraineté de notre pays».
«Il ne connaît aucune limite! Qui es-tu pour parler au président de la Turquie?... Connais tes limites! Il tente de nous faire la leçon... Depuis combien de temps fais-tu de la politique? Quel âge as-tu?», a rétorqué Erdogan lors d'un discours télévisé dans une attaque très personnelle contre Sigmar Gabriel. Dimanche, il a de nouveau balayé les critiques allemandes: «Que disent-ils maintenant? Ils disent: «Il s'immisce dans notre démocratie.» Mais la seule chose que nous disons c'est que nos concitoyens devraient donner une leçon aux ennemis de la Turquie dans les urnes. C'est tout.»
Un écrivain et un journaliste allemands arrêtés
Les relations entre les deux pays se sont particulièrement dégradées depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux États-Unis et qui nie les faits. Ankara accuse Berlin de faire preuve d'indulgence envers des «terroristes», en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés. En mars déjà, le torchon avait brûlé entre les deux pays, lorsque des meetings de soutien au président turc avaient été annulés en Allemagne. Erdogan avait alors comparé les pratiques du gouvernement allemand à celles des nazis. Des propos qualifiés d'«absolument inacceptables» par Angela Merkel.
Pour ne rien arranger, une nouvelle pomme de discorde est survenue ce week-end au sujet d'un écrivain allemand d'origine turque arrêté en Espagne à la demande d'Ankara, et remis en liberté conditionnelle dimanche après les protestations de Berlin. «On ne doit pas abuser d'organisations internationales comme Interpol», a déclaré la chancelière à l'antenne de la chaîne RTL, en revenant sur le cas de l'écrivain Dogan Akhanli. Son arrestation, a-t-elle dénoncé, est «malheureusement l'un des nombreux cas» d'Allemands contre lesquels la Turquie a lancé des poursuites. Et d'évoquer l'affaire Deniz Yücel, du nom du journaliste germano-turc, correspondant du quotidien allemand Die Welt, emprisonné depuis février en Turquie. «C'est la raison pour laquelle nous avons changé de politique vis-à-vis de la Turquie», a-t-elle ajouté, se disant prête à appeler son homologue espagnol Mariano Rajoy si nécessaire.
Trois millions de Turcs en Allemagne
La chancelière, candidate à un quatrième mandat à l'issue des législatives du 24 septembre, est également revenue à cette occasion sur la polémique née vendredi des propos du président turc Recep Tayyip Erdogan au sujet des élections allemandes. «Il est absolument inacceptable que le président turc exhorte les citoyens allemands d'origine turque à ne pas voter» pour l'un de ces trois partis, a réagi Angela Merkel.
La diaspora turque en Allemagne, forte de trois millions de personnes, est la plus importante dans le monde, et près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter lors des élections législatives du 24 septembre. Par le passé, les Allemands d'origine turque ont voté plutôt à gauche, en majorité pour le SPD. Mais Recep Tayyip Erdogan est très populaire au sein de la diaspora turque en Allemagne, qui a voté à 59% pour son parti aux législatives de novembre 2015.
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