Des locataires payant le loyer en dollar, bientôt de retour en résidences familiales

Prudents, de nombreux foyers de plusieurs anciennes communes de Kinshasa déménagent pour les nouveaux quartiers de Mpasa et Bibwa.
Depuis le week-end, les tableaux des cambistes de Kinshasa affichent 1650 le $. D’autres, un peu plus. Soit 1660 le $. Pourtant, en début de semaine dernière, le taux de change a vacillé entre 1550 le $ soit 1560 le dollar. Preuve que le franc congolais se dévalue au quotidien face à la devise américaine. Depuis, les prix de certains articles ont augmenté sur le marché de Kinshasa.

Cependant, le salaire des agents et fonctionnaires de l’Etat n’ont pas bougé d’une virgule. Bien pire, cette même rémunération est calculée à l’ancien taux de 936fc le dollar. Entre-temps, ce même employé de l’Etat, sans aucun pouvoir d’achat, doit payer son loyer en dollar et au taux du jour ! Voilà, un vrai casse-tête... kinois. Et même une question existentielle. La situation est bien générale. Elle ne concerne pas que les agents et fonctionnaires de l’Etat. Mais aussi, des millions de Congolais prestant chez les privés.

RETOUR CERTAIN AU BLED FAMILIAL

La grogne sociale est bien latente. La situation devient économiquement intenable. A quand l’embellie ? Mystère. Seule certitude cependant, le salarié congolais doit se battre pour trouver de l’argent en dehors de son revenu mensuel pour payer son loyer. A l’évidence, le challenge n’est pas facile. Car, en plus du loyer, les chefs de ménages doivent faire face aux besoins incompressibles de leurs foyers. Entre autres le manger, les frais scolaires indexés en dollar, les soins médicaux…

A court terme, les conséquences de cette situation sont bien inévitables. De nombreux locataires se trouvant dans l’incapacité de payer le loyer, se verront obligés de se replier en leurs résidences familiales. Du moins pour ceux qui le pourront. Par contre, de nombreuses autres familles se retrouveront dans une situation où les deux époux ne peuvent plus vivre sous un même toit. Le temps de se refaire un minimum de santé financière et reconstituer une nouvelle garantie locative pour une vie conjugale unie. Déjà, dans certaines anciennes communes de la ville de Kinshasa, des maisons d’habitation mises en location sont vides depuis plusieurs semaines.

Pendant que ces anciens quartiers se "vident", les nouvelles entités périurbaines de Mpasa et Bibwa, dans la commune de N’Sele, attirent du monde. De nombreux foyers en quête de loyer modéré, ont choisi d’emménager dans ces sites situés dans l’Est de la capitale. Ceux qui y avaient acheté des parcelles, n’hésitent plus d’aller occuper leurs maisons encore en chantier. Car, payer au jour d’aujourd’hui un loyer de 250$ par exemple, équivaut à quelque 401.025 fc. Ce qui est énorme pour le dernier agent et fonctionnaire de l’Etat dont le salaire mensuel oscille à ce jour entre 50 et 55$ !

Aussi longtemps que le franc congolais poursuivra sa dégringolade, la situation sociale se détériorera mécaniquement dans les mêmes proportions. D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour demander au Gouvernement de "dédollariser" le circuit économique interne. Nombre d’analystes pensent que si l’Exécutif impose le loyer et les frais scolaires en franc congolais, cela pourrait tant soit peu constituer un début de solution.