Kikwit : les déplacés du grand Kasaï vivent dans des conditions précaires

Plus de 500 déplacés fuyant l’insécurité et le phénomène Kamwena Nsapu dans le grand Kasaï vivent actuellement dans des conditions précaires et déplorables dans la ville de Kikwit, province du Kwilu, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC).

Les uns dorment dans des églises, quelques fois sans couvertures, les autres dans des familles d’accueils, d’autres encore dans des "Sites d’accueil" initiés par la structure "Divine miséricorde" (DM) du diocèse de Kikwit en collaboration avec la commune de Kazamba. Hommes, femmes, jeunes, vieux, enfants et malades… tous dans les mêmes conditions.

« Je vivais à Kamonia. Le phénomène Kamwena Nsapu nous a mis en débandade. Mon voisin était décapité. Nos maisons ont été brûlées. En fuyant, j’ai rencontré cette fillette de 16 ans que j’ai ramassé pour fuir ensemble. Ses parents ont été tués. Nous n’avons ni habit, ni savon, ni aliment, ni médicaments pour des soins…», témoigne Betoko Somo, une jeune femme de 33 ans, visage anxieux.

Somo affirme qu’elle et d’autres déplacés avaient quitté Kamonia depuis le mois d’avril. « Nous avons marché pendant plus au moins un mois. Des âmes de bonne volonté, au niveau de Tshikapa, nous confiaient quoi mettre sous la dent et quelques fois des tickets pour continuer le voyage », indique-t-elle.

« Nous demandons aux autorités et aux autres personnes de bonne volonté de nous venir en aide sur le plan humanitaire. Nos maisons ont été brûlées au Kasaï. Nous ne savions pas qu’une telle situation pouvait nous arriver. N’eût-été la générosité de la maman bourgmestre de la commune de Kazamba, Suzane Kuzatuka, de la structure Divine miséricorde et des amis de l’ADSS, partenaire du Haut-commissariat pour les réfugiés, nous ne savons pas ce que nous serions devenus », pleure Sylvain Miswa, un autre déplacé.

De son côté, Maguy Nzala, 16 ans, orpheline de père et de mère, demande qu’elle reprenne le chemin de l’école à partir de Kikwit « Je demande aux autorités de m’acheter des habits et des cahiers pour que je puisse reprendre mes études pour préparer mon avenir ».

« Actuellement, nous avons d’abord enregistré 511 déplacés dont 113 hommes, 159 femmes, 244 enfants. Parmi ces enregistrés, il y a 22 malades hospitalisés chez le Docteur Kiyankay. Des soins qu’ils ont déjà suivis pendant trois jours s’élèvent à plus de deux millions de francs congolais. Mais pas d’argent pour honorer la facture. Il y a également 12 femmes grosses et quatre diabétiques. Des gens continuent à venir et nous continuons aussi à enregistrer », déclare Susanne Kuzatuka, bourgmestre de la commune de Kazamba et responsable de la DM du diocèse de Kikwit.

Kuzatuka ajoute que c’est depuis le mois de février qu’elle a commencé à recevoir des déplacés de Kasaï. Elle affirme avoir fait voyager plus de 10 personnes vers Kinshasa à ses frais personnels. « Je remercie les agences de voyage qui m’avaient aidé à faire voyager ces personnes-là. Je remercie aussi les amis de l’ADSS et tous ceux qui ont déjà apporté leurs soutiens à ces déplacés. Mais c’est insignifiant au regard du nombre très croissant de ceux qui nous arrivent. Je lance un S.O.S. à tout le monde, surtout les agences humanitaires pour voler au secours de nos frères et sœurs en difficulté dans trois sites d’accueil : Kazamba, Kimpwanza et Kanzombi », conclut-elle.