Economie
De retour de Washington où il a passé un fructueux séjour, Joseph Kabila a dû interrompre la course de son cortège à quelques encablures du pavillon présidentiel pour retirer les banderoles des grévistes de la RVA annonçant "Bientôt un ciel sans avion".
En grève depuis près d’un mois, le personnel attendait durcir le ton et paralyser les activités dans toutes les entités aéroportuaires du pays. Mais comme le premier citoyen s’est saisi du dossier, les grévistes calment la tempête mais restent aux aguets.
Face à l’inattention du gouvernement, les agents s’en remettent au chef de l’Etat pour obtenir l’annulation du nouveau contrat d’assistance technique auprès de la RVA, signé par le Ministère du Portefeuille avec la firme française ADPI, et la protection de leur entreprise contre toutes les velléités scissionnistes.
Au cours d’une rencontre organisée hier avec le comité de gestion, le ban syndical s’est montré coopératif et prêt à convaincre sa base pour reprendre du service.
Crash sur l’emploi
A la question de savoir pourquoi ils rejettent la nouvelle mission d’assistance ADPI, les agents de la RVA affirment que le premier contrat avec cette firme s’est soldé par un échec. Il s’est en plus illustré par le licenciement de plusieurs centaines d’agents. "L’emploi est un des chantiers du président de la République et un facteur de croissance. Mais ADPI est venu le tourner en dérision durant ses deux ans de gestion à la RVA", a fait savoir un syndicaliste. Ce délégué syndical ne partage pas l’avis du Ministère du Portefeuille et du COPIREP qui planifient la mise en congé technique de plus de 3.000 agents pour réduire les charges salariales à la RVA. Cette option mettrait sans doute l’entreprise en proie à des procès en cascade qui risquent d’augmenter ses charges et paralyser son activité, explique ce membre du Ban syndical.
Il constate pourtant que le Ministère du Portefeuille veut une chose et son contraire dans la mesure où il prétend réduire les charges par le licenciement des agents alors qu’il recrute trois experts qui coûteront 56.000 euros par mois sans compter les dépenses liées aux missions ponctuelles qui seront diligentées par ADPI pour exécuter certaines tâches.
Les syndicalistes se révoltent de voir que le gouvernement aient déjà acheté pour chacun des trois experts ADPI une jeep PRADO à 70.000 USD au moment où ces derniers touchent des émoluments variant entre 10 et 30.000 euros non imposables.
Les preuves d’échec
L’objectif de la première mission ADPI-KPMG était de produire un diagnostic complet sur la RVA, d’élaborer et mettre en œuvre un plan de stabilisation de ses activités et former son personnel. Pour y arriver, la mission d’assistance devait mobiliser les financements nécessaires à l’interne et à l’externe en vue de soutenir le plan de stabilisation.
Mais au 21 décembre 2010, date de clôture de la mission, les agents de la RVA retiennent notamment un endettement de l’entreprise d’une trentaine de millions de USD, environ 400 emplois perdus, le dépôt des recettes IDEF dans une banque sud-africaine comme si les banques n’existaient pas en RDC ; le gel des financement chinois et allemand en faveur de la RVA ; la succession de plusieurs marchés de gré à gré pour environ 2 millions USD avec EDS, une entreprise appartenant à un certain Maheu, l’éclaireur des experts ADPI ; la dilapidation de 11 millions de dollars américains destinés à la réhabilitation de la piste par l’entreprise française SOGEA SATOM. Celle-ci ayant abandonné les travaux, les millions partis en fumée.
En pleine exécution du premier contrat ADPI, les observateurs de la RVA ont aussi enregistré la démission de trois membres de la mission qui ont écrié la gestion de leur chef Jean Assice. Il s’agit du directeur des aéroports d’origine française, du directeur financier adjoint d’origine canadienne et du chargé d’audit interne de nationalité burkinabè. Exaspérés par les dérives de gestion de l’ADG Jean Assice, ces trois experts d’ADPI-KPMG ont dû claquer la porte la RVA en pleine mission en vue de préserver leur réputation.
Néanmoins, les syndicalistes de la RVA reconnaissent que le seul ouvrage d‘envergure réalisé par le comité ADPI-PMG est le pavillon présidentiel. Cependant, prévue initialement pour 12 millions d’USD, la construction de ce bijou a été surfacturée pour 32 millions USD.
Après ADPI-KPMG, le travail de titan
Le gouvernement Muzito, n’ayant pas trouvé l’opportunité de renouveler ce contrat comme le souhaitaient ses défenseurs, a mis en place un nouveau comité de gestion dirigé par Abdala Bilenge, et un nouveau conseil d’administration placé sous la houlette du Pr. Emile Bongeli.
Face aux défis de cinq chantiers de la République suivi des urgences du Programme de la révolution de la modernité, les nouveaux dirigeants de la RVA se sont engagés à mettre en œuvre le Plan prioritaire de sécurisation aérienne (PPSA) laissé par ADPI.
Pour cela, il fallait reprendre les négociations avec les bailleurs de fonds notamment la BAD et la BM qui hésitaient de libérer leurs financements en faveur de la RVA et menaçaient de les retirer.
Contrairement à ce que soutiennent certaines langues du Ministère du Portefeuille et du Copirep, des sources de la RVA révèlent que les 137 millions USD de la BAD sont un don destiné au gouvernement congolais qui a décidé de les orienter à la RVA. ADPI ne peut en revendiquer la paternité. Il a fallu du tact et de patriotisme de l’équipe congolaise placée à la tête de la RVA pour que la BAD et la BM libèrent enfin les fonds qui financent aujourd’hui divers travaux en cours dans les principaux aéroports de la RDC. Il y a entre autres les tours de contrôle, les blocs techniques, les casernes anti incendie, les casernes électriques, etc.
On notera par ailleurs que le contrat ADPI-KPMG a été incapable de mobiliser le paiement du fond de contrepartie du gouvernement pour obtenir la manne de la BAD.
Mais en temps record, l’équipe congolaise l’a fait et a obtenu 60 millions de la chinoise Exim Bank pour financer les travaux de réhabilitation de la piste de l’aéroport de N’Djili et 5 millions d’USD de la Coopération allemande pour l’aéroport de Goma. Ces fonds, étaient gelés par le comité Assice qui contestait l’expertise chinoise et allemande en matière de construction d’infrastructures aéronautiques.
Quand la RVA charme les bailleurs
Sur un plateau de télévision, des analystes économiques ont reconnu le week-end dernier la capacité managériale de l’équipe dirigeante de la RVA à gérer de grands projets. Ces analystes fondaient leur argument sur le fait que le comité de gestion actuel a négocié et obtenu plusieurs financements pour réaliser des travaux de génie civil, de développement d’infrastructures, de sûreté et de sécurité aérienne.
En dehors des financements déjà énumérés, la RVA vient d’obtenir sans assistance technique. 30 millions d’USD pour la réhabilitation de l’aéroport de Goma ; 16 millions USD de la RawBank pour des travaux de génie civil des aéroports de l’intérieur.
En marge du dernier sommet de la Francophonie tenu à Kinshasa, la RVA a obtenu également 10 millions USD auprès des banques locales pour l’exécution de certains travaux urgents à l’aéroport de N’Djili. Ces fonds ont déjà été remboursés grâce à l’IDEF, a fait savoir une source digne de foi.
Ceci vient contredire la thèse de ceux qui soutiennent qu’il faut être une firme internationale ou étrangère pour accéder aux financements des bailleurs.
Haro à la scission
Parmi leurs revendications, les agents de la RVA disent non à la scission de leur entreprise. La scission, ont-ils soutenu, n’est pas une norme de l’OACI contrairement à l’affirmation du COPIREP mais une recommandation qu’on peut ne pas appliquer compte tenu des réalités internes.
En effet, la masse critique qui crédite la RVA devant les partenaires est constituée des ressources de l’exploitation aérienne et de la gestion aéroportuaire.
En plus, certains des 52 aéroports et aérodromes que compte le pays sont peu rentables ; ce sont les revenus de survol des aéroports rentables qui couvrent les charges des autres. Ce qui fait que tout projet de scission risque de laisser la majorité d’aérodromes du pays dans les ornières du sous-développement.
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