Politique
La République Démocratique du Congo a déboursé des millions de dollars pour coordonner une campagne de lobbying aux États-Unis en pleine crise politique relative à l'avenir de son président, Joseph Kabila.
D’après les récents inventaires des groupes de lobbies étrangers au Congrès américains publiés par le ministère de la Justice américaine, l’Etat congolais aurait signé un contrat de 5,6 millions de dollars avec « Mer Security and Communication Systems », un cabinet de conseil en sécurité basé en Israël. Ce contrat apparaît même parmi les plus importants au regard des règles établies pour du lobbying par des associations étrangères aux USA; qui constitue un créneau lucratif.
Selon les formulaires signés par le directeur général de l’entreprise (Cfr. en annexe le document publié par JA), Omer Laviv, auprès du Département d’Etat américain daté du 26 avril [2017] et rendus publics, Mer Security and Communication Systems conseillera le gouvernement congolais sur les « préoccupations politiques relative aux problèmes de sécurité en Afrique » et les questions de procédures et de diplomatie entourant « la nomination d'un envoyé spécial de la RDC aux États-Unis »
Kinshasa "ville morte"
Bien que la Constitution congolaise ne permette pas aux présidents de rester au pouvoir pendant plus de deux mandats, le président Kabila, dont le deuxième mandat de cinq ans a pris fin en décembre, est toujours en fonction. La Cour Constitutionnelle du pays s’était prononcée, par un arrêt, pour son maintien au pouvoir jusqu’à ce qu'un nouveau président soit élu.
Le gouvernement congolais a repoussé à maintes reprises les élections justifiant cette situation par une liste électorale incomplète en nombre d’électeurs et par le coût élevé de l’organisation de celle-ci compte tenu des caisses publiques de l’Etat.
L'année dernière, la Majorité Présidentielle, le parti allié au président Kabila, et le Rassemblement, les forces de l'opposition, ont signé un accord selon lequel les élections devraient avoir lieu d'ici la fin de 2017, mais cet accord apparaît de plus en plus fragile.
Les manifestations contre le chef de l’Etat congolais se sont terminées avec des dizaines de morts, et de nouvelles règles interdisant à des groupes de plus de 10 personnes de se rassembler en un seul endroit ont vu le jour.
Les démonstrations de force [entre opposition et le pouvoir en place], toujours en cours, ont transformé, à plusieurs reprises, Kinshasa, en "ville morte", a déclaré le National Public Radio (NPR), Service de Radiodiffusion Américaine.
Bien que le contrat semble avoir comme principalement objectif d’offrir des services de conseil - en plus d'organiser un voyage à Washington pour l'envoyé spécial de la RDC aux États-Unis - le répertoire du Département de la Justice indique malgré tout, que Mer Security « va engager (ou a engagé) des agences américaines pour organiser des réunions avec d'anciens responsables de l'administration américaine et les principaux décideurs des divers comités du Congrès. »
Des enjeux cruciaux pour le pays
Des activistes pro-démocratie de Lucha manifestent à Kinshasa contre le report des élections, le 19 septembre 2016. (© DR)
Alors que le président Joseph Kabila a nommé un membre de l’opposition comme Premier ministre, cette nomination a été dénoncée et critiquée par l’opposition qui considère que le choix unilatéral de Bruno Tshibala, qui n'est plus membre du Rassemblement de l'opposition, ne représente pas leur point de vue.
Les enjeux [électoraux] sont cruciaux pour la RDC puisqu’il n'y a pas eu de transfert pacifique du pouvoir depuis son indépendance en 1960.
En décembre 2016, l'administration Obama avait adopté plusieurs mesures de sanctions ciblées contre de hauts responsables du pays, et présentement, l'administration Trump semble prendre une position aussi stricte.
Nikki Haley, l'ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies, avait demandé la réduction du budget de maintien de la paix accusant l’ONU de soutien à la corruption et violence en RDC.
« La mission de maintien de la paix de l'ONU est mandatée pour établir un partenariat avec le gouvernement [Congolais] » avait-elle déclaré au Council au Foreign Relations à New York. « En d'autres termes, l'ONU aide un gouvernement qui inflige des actes criminels à son propre peuple. Nous devrions avoir la décence et le bon sens d’y mettre fin », avait-elle ajouté.
Le discours de Mme Haley, fin mars, avait eu lieu au lendemain de la découverte dans une fosse des 2 corps des enquêteurs de l'ONU et de leurs interprètes congolais qui avaient disparu en mars dans la province du Kasaï-Central, une région en proie à une violente insurrection. L'un d’eux était Américain et l'autre de Suède.
« Forcément, toutes les forces de maintien de la paix de l'ONU, partout où elles vont, travaillent avec les autorités locales. Cela ne signifie pas que nous soutenons ces figures politiques ou ces partis », avait répliqué le porte-parole de l'ONU.
Intense activité de lobbying du Gouvernement de la RDC aux USA
Précédemment pour son lobbying, l’Etat congolais avait été représenté par BGR Group, une société américaine d’obédience républicaine. Le contrat, qui a duré de septembre 2016 à janvier 2017, s'élevait à 875.000 $.
Ce nouveau protocole d’accord fut conclu avec Raymond Tshibanda, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Congo, qui y est aussi mentionné comme étant l’avéré envoyé spécial de la RDC aux États-Unis.
Le document stipule encore qu’au cours des réunions de lobbying organisées par les cabinets locaux, Mer va « fournir des séances d'information aux participants sur base de ses échanges avec le gouvernement de la RDC. »
Mer Security and Communication Systems n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations du journal américain The Hill [NDLR, qui a révélé cette affaire], ni donné les noms des autres agences qu'elle avait embauché pour mener à propos cette activité de lobbying - les autres firmes n’ayant pas été mentionnées dans la publication du ministère de la Justice.
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Rencontre entre le président Kabila et les présidents des relations internationales du Sénat et du parlement américains, Robert Menende (g) et Ed Royce (d), 05 août 2014. (© AFP/Paul J. Richards)