Economie
On commence à comprendre petit à petit les effets de la longue guerre qui a longtemps sévi à travers les territoires de l’Est de la République et soutenue par des armées régulières des Etats voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda. En effet, la guerre a quitté le terrain des armes pour envahir le secteur économique.
Sans coup férir, les habitants des territoires de l’Est de la République s’approvisionnent pour la plupart en produits de première nécessité au Rwanda, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya. Outre certains produits manufacturés, les congolais des territoires de l’Est se rendent dans les Etats voisins pour se procurer des produits agropastoraux et halieutiques de première nécessité, notamment la viande, les poissons, les haricots, les petits pois, les pommes de terre, les bananes plantains et autres.
Selon des témoins ayant circulé à travers les villes et villages des provinces congolaises de l’Est, la situation est jugée catastrophique et alarmante sur le plan économique. A l’ouverture des frontières avec ces Etats voisins de l’Est, ce sont de longues files de gros camions appartenant aux opérateurs économiques en provenance de ces Etats qui entrent sur le territoire congolais bourrés des produits agropastoraux et halieutiques à vendre aux Congolais.
Le secteur agropastoral détruit
Une femme traverse un champ de culture de thé en terrasses (© Abel Kavanagh/MONUSCO)
Ceux des opérateurs nationaux - et ils ne sont pas nombreux à cause des tracasseries administratives et policières leur imposées de l’autre côté de la frontière pour les décourager - qui prennent un grand risque de traverser la frontière pour s’approvisionner dans ces Etats voisins s’exposent à toutes sortes de dangers. Ils sont soit mis aux arrêts sans motif valable, soit sont dépouillés de leurs fonds de commerce ou des marchandises en cours de route. Comme le franc congolais n’a pas cours de l’autre côté de la frontière congolaise, il faut souvent se munir de la monnaie locale ou mieux des devises fortes, notamment le dollar US et l’Euro qu’il faudra échanger avec la monnaie de l’Etat concerné dans les transactions.
A cause de multiples invasions de ces territoires par des groupes rebelles irréguliers et des éléments des armées régulières rwandaises et ougandaises, les paysans produisent juste pour leur propre consommation. Ce sont des produits agropastoraux provenant du Rwanda, de l’Ouganda et de la Tanzanie qui ont envahi les marchés locaux congolais de l’Est. Pire, des opérateurs économiques de ces deux Etats ont installé des magasins le long des frontières communes pour y vendre des produits manufacturés provenant des Etats du Proche et Extrême Orient.
Rareté des banques commerciales privées crédibles
Vue aérienne du centre urbain de Goma (© MONUSCO)
Vu la rareté et parfois l’absence des banques commerciales privées et des institutions financières crédibles à travers tous ces territoires de l’Est, les habitants et surtout les opérateurs économiques traversent la frontière pour aller ouvrir des comptes bancaires dans les différentes banques commerciales privées rwandaises, ougandaises, kenyanes et tanzaniennes pour y placer leurs capitaux. Ce qui facilite et sécurise les transactions à tout moment pour les différentes opérations commerciales.
Ce sont dans les banques rwandaises et ougandaises et parfois kenyanes que les Congolais de l’Est déposent leurs fonds de commerce. En clair, ce sont des Congolais qui alimentent une partie substantielle des économies de ces Etats. Le signal a été donné avec la faillite de certaines institutions financières, dont particulièrement la chaîne de Mecreco implantée il y a peu à travers les grandes villes et localités des provinces de l’Est.
Des milliers de nos compatriotes ont été pris de court et pire, l’Etat congolais n’a toujours pas remboursé les fonds déposés qui s’élèvent à des millions des dollars Us. Que de morts par accidents cardio-vasculaires depuis lors ! Que de divorces ne vit-on pas ! Que de litiges commerciaux devant les cours et tribunaux! Que des pertes d’emplois !
Un ancien gouverneur de province qui avait revendu sa villa cossue pour enrichir son compte dans une institution financière s’est réveillé un matin en apprenant que cette dernière n’était plus en mesure de lui rembourser son argent, qu’il comptait utiliser pour une transaction financière avec un partenaire chinois pour l’érection d’une usine des produits électroménagers au Nord et Sud Kivu !
Une femme d’affaires a eu l’idée de vendre aussi sa villa cossue pour alimenter son compte logé dans une institution financière. Cela, en vue d’effectuer des transactions pour l’approvisionnement en produits électroménagers pour ses magasins de Bukavu, Uvira, Beni, Butembo et Goma. Elle a été terrassée par un accident cardiovasculaire et a rejoint nos ancêtres.
Une autre femme d’affaires qui avait aussi hypothéqué deux de ses villas pour bénéficier d’un crédit dans une institution financière locale a connu un sort bizarre. Ce crédit lui a permis de construire une grande boulangerie sur un terrain situé le long de la Place du 24 novembre à Bukavu. Une méchante mesure administrative est venue détruire ses espoirs en ordonnant la destruction de ce bijou avec comme effet néfaste la perte d’emplois pour les 56 agents qui y prestaient, sans oublier celle des recettes attendues par l’administration fiscale et parafiscale. Ce qui a provoqué chez elle un accident cardiovasculaire.
Non seulement, les compatriotes des territoires de l’Est consomment les produits agropastoraux et halieutiques provenant du Rwanda, de l’Ouganda et de la Tanzanie et dans une certaine mesure du Kenya. Pire, ils consolident les économies de ces Etats avec les dépôts de leurs avoirs, les banques commerciales privées de ces Etats. Il semble que des succursales de ces banques existent dans certaines villes des provinces de l’Est. Mieux, ce sont des aéronefs battant pavillon rwandais et kenyan que nos compatriotes utilisent pour leurs déplacements vers les pays de l’Europe, d’Amérique, de l’Afrique et d’Asie.
Il en est de même pour le fret. Et dire que ce sont des camions battant pavillon rwandais, kenyan, ougandais et Tanzanien qui transportent les produits importés par bateaux en provenance de l’Europe, d’Asie, d’Amérique destinés pour la RDC. Bref, la guerre a quitté le terrain des armes pour le secteur économique et cela au vu et au su de nos gouvernants.
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Les plus commentés
Politique Crise en RDC : « Le problème est bien plus profond qu’on ne le pense » (Joseph Kabila)
18.03.2025, 14 commentairesPolitique Qatar: Felix Tshisekedi rencontre Kagame à Doha pour discuter de la guerre à l'Est
18.03.2025, 13 commentairesPolitique Négociations directes Kinshasa-M23 : "Que les obstacles les plus coriaces soient brisés, et que des voies inattendues soient ouvertes pour la paix !" (Kamerhe à Tshisekedi)
16.03.2025, 8 commentairesOnt commenté cet article
Ils nous font confiance
Un salarié de l'usine d'ESCO à Beni triant les fèves de cacao produit dans la région, le 15 novembre 2016. (© AFP/Archives)