Politique
« Ce processus étant l’œuvre des Congolais, financé par les Congolais eux-mêmes, aucune ingérence étrangère ni dans son pilotage, moins encore dans son déroulement, ne sera tolérée », a tranché le chef de l’Etat devant le congrès, avant de renchérir que « comme dans tout autre pays membre des Nations unies, il s’agit là d’une question de politique intérieure et relevant, en conséquence, de la souveraineté nationale ». Bref, Joseph Kabila a rejeté proprement la Résolution 2348 du Conseil de sécurité sur la RDC.
Entre Joseph Kabila et le Conseil de sécurité des Nations unies, le ciel s’assombrit davantage. L’on n’est plus du « je t’aime, moi non plus ». Mercredi devant le Parlement réuni en congrès, le président de la République n’a pas épargné les Nations unies. Indécrottable, le chef de l’Etat n’entend plus se faire dicter une loi, fût-il par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il tient à rester seul maître à bord du bateau RDC qui, malheureusement, prend l’eau de toutes parts.
On l’attendait plutôt conciliant mais, au finish, il est apparu plutôt déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique. Sans surprise, tout le discours prononcé mercredi devant le congrès n’a été qu’une copie conforme du schéma déjà tracé par sa famille politique, la Majorité présidentielle (MP).
Kinshasa bombe le torse
Au-delà des problèmes politiques internes dont la solution ne s’écarte nullement du schéma tracé par sa faille politique, le chef de l’Etat a sérieusement pris à partie la communauté internationale. Même s’il n’a pas clairement nommé sa cible, on sait que c’est le Conseil de sécurité qui était visé.
En réalité, le chef de l’Etat n’a pas apprécié le ton dur contenu dans la Résolution 2348 du Conseil de sécurité sur la situation en RDC. Par cette résolution, le Conseil a sensiblement recadré la mission des Nations unies en RDC, lui octroyant notamment le pouvoir de s’impliquer dans la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 qu’il considère comme le seul cadre fédérateur pour résorber la crise politique en RDC.
Avec cette résolution, les priorités stratégiques de la Monusco étaient désormais celles de contribuer à assurer la protection des civils congolais et d’appuyer la mise en œuvre de l’« Accord politique global et inclusif » signé en date du 31 décembre 2016 et du processus électoral.
A Kinshasa, Joseph Kabila s’est inscrit en faux contre la démarche du Conseil de sécurité. Selon lui, la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre et la programmation du cycle électoral relèvent exclusivement de la compétence des autorités congolaises. De ce point de vue, le chef de l’Etat n’accepte pas de voir la communauté internationale, encore moins le Conseil de sécurité des Nations unies, imposer un rythme à la marche des affaires de l’Etat.
« Ce processus étant l’œuvre des Congolais, financé par les Congolais eux-mêmes, aucune ingérence étrangère ni dans son pilotage, moins encore dans son déroulement, ne sera tolérée », a tranché Joseph Kabila, tout en indiquant que « comme dans tout autre pays membre des Nations unies, il s’agit là d’une question de politique intérieure et relevant, en conséquence, de la souveraineté nationale ».
Il se met dès lors dans la peau du souverainiste, rappelant à quiconque voudrait se mettre sur son chemin que « notre devoir, c’est bien celui de défendre justement l’indépendance et la souveraineté nationales, conformément à l’engagement pris devant notre peuple, aux termes de notre serment constitutionnel ».
Retour à la case départ
Comme toujours, chaque fois que la RDC s’embourbe dans une crise politique, le pouvoir en place s’enferme dans un discours souverainiste destiné à exclure la communauté internationale du jeu politique congolais.
En effet, dans l’histoire politique de la RDC, ce n’est pas une première. Il se passe ainsi toutes les fois que Kinshasa se sent acculé. Ce qui n’a jamais résolu le problème. Loin de là.
C’est le décor d’une confrontation qui se met en place. Kabila a choisi son camp. Il est en train de créer un front contre le Conseil de sécurité qu’il juge trop regardant vis-à-vis de sa façon de diriger le pays. Jusqu’où ira le chef de l’Etat ? Difficile à prédire.
D’ores et déjà, l’on sait qu’entre Kabila et les Nations unies, les rapports évoluent généralement en dents de scie. L’on se rappelle que, dans un des discours devant le même Parlement réuni en congrès, Joseph Kabila avait estimé que le moment était venu pour la Monusco de commencer son retrait de la RDC pour laisser la place aux forces nationales de défense et de sécurité. A l’époque, les divergences ont été vite aplanies, permettant aux troupes des Nations unies de poursuivre leur mission de stabilisation en RDC.
Mercredi 5 avril, Joseph Kabila a récidivé en brandissant l’arme de « non-ingérence étrangère » dans les affaires intérieures de la RDC. Une attaque qui vise directement le Conseil de sécurité des Nations unies et, par la même occasion, remet en cause sa dernière décision concernant la RDC, à savoir, la Résolution 2348. Nargué, le Conseil de sécurité ne manquera pas certainement de réagir. Dans quel sens ? Personne ne sait le prédire.
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