Politique
Du lundi 14 juillet au mercredi 17 juillet 2014 un séminaire sera organisé par les intellectuels catholiques à la Cathédrale Notre-Dame du Congo sur le thème « l’intellectuel catholique face à la révision constitutionnelle ». Ce débat, on le sait, fait rage et divise la classe politique ainsi que la société civile et semble intéresser aussi les puissances occidentales qui n’ont pas attendu longtemps pour donner leur position.
Du côté de la famille se réclamant proche du chef de l’Etat, ce débat devrait se focaliser autour de l’opportunité et de la nécessité de réviser certains articles de la Constitution en vue de permettre à la Commission électorale nationale indépendante d’organiser le scrutin dans les délais. Cette position a été proclamée haut et fort par l’Abbé Malimalu, président de la Ceni, qui penche pour la tenue des élections locales, communales et municipales en 2015 au suffrage universel direct. D'où la nécessité de réviser certains articles de la Constitution pour y introduire le système du suffrage indirect. Curieusement, il n’y a pas un mot pour les élections législatives et présidentielle.
L’arbre qui cache la forêt
De leur côté, les forces politiques de l’opposition sont d’avis que cette position de la majorité constituerait l’arbre qui cache la forêt. Les opposants accusent la majorité de vouloir contourner les verrous de l’article 220 de la Constitution, dont la disposition qui ne permet pas à l’actuel président de la République en fonction de se représenter pour la troisième fois.
C’est dans ce cadre que dans une déclaration rendue publique le 1 juillet 2014, l’Eglise Catholique a insisté par la voix de ses évêques sur la nécessité de ne pas toucher à la Constitution pour sauver le processus démocratique en RDC. En d’autres termes, ces princes de l’église considèrent les dispositions intangibles et verrouillées de la constitution congolaise comme l’expression de la pomme interdite et qu’il n’est pas permis de toucher au principe du suffrage universel direct, à la forme républicaine de l’Etat , à la liberté syndicale, au nombre du mandat du chef de l’Etat renouvelable une seule fois, telles que prescrites à l’article 220 de la Constitution du 18 février 2006 .
De ce fait, l’Eglise Catholique ne s’est pas contentée seulement faire une déclaration. Elle a résolu de sensibiliser l’opinion et ses fidèles sur l’urgence et la nécessité de sauver le processus démocratique à travers le combat contre le tripatouillage de la Constitution, surtout à ce niveau-là.
Les puissances occidentales entrent en jeu
Bien avant la sortie fort remarquée des évêques catholiques, les puissances occidentales ont dépêché des envoyés spéciaux pour insister davantage sur l’inopportunité de toucher aux articles verrouillés de la Constitution. John KERRY, Secrétaire d’Etat américain a effectué le déplacement de Kinshasa pour rappeler aux dirigeants congolais la position fortement claironnée l’année dernière à Accra par le président Barack OBAMA aux yeux duquel « l’Afrique doit promouvoir des institutions fortes et non des hommes forts ».
Avant que son avion n’ait atterri à Washington, un autre missi dominici en la personne de Russ FEINGOLD a enfoncé le clou en rappelant que son pays s’oppose à toute modification de la Constitution et surtout à l’article qui concerne le mandat du chef de l’Etat, renouvelable une seule fois. Ce message sera relayé tour à tour par d’autres délégués, à savoir Mme ROBINSON, Envoyée Spéciale du secrétaire général de l’ONU, celui de l’Union Africaine et celui de l’Union Européenne dans les Grands Lacs.
Vers une nouvelle levée des boucliers ?
Ce débat s’annonce très chaud et palpitant de par les identités des intervenants sur la tribune de la Cathédrale Notre-Dame du Congo. On annonce ainsi pour la famille proche du chef de l’Etat, M. KAMBILA, ci-devant cadre de la MP. En face de lui, le professeur KALELE Ka Bila Coordonnateur adjoint des FAC et le sénateur Jacques NDJOLI, ancien premier vice-président de la Ceni sous le mandat du Pasteur NGOYI Mulunda.
A noter que la première journée sera marquée par l’intervention fort attendue de l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa, le cardinal L. Monsengwo. Connaissant le franc-parler de l’ancien président de la conférence nationale souveraine, il est à craindre que cela ne provoque une nouvelle levée de boucliers avec les caciques de la majorité présidentielle, comme au lendemain de la publication des résultats des élections présidentielle et législatives de novembre 2011 par la Ceni de Ngoy Mulunda. Le Prélat
Catholique avait déclaré sans gêne ni crainte que ces résultats n’étaient conformes ni à la vérité, ni à la justice. Hasard du calendrier ou coïncidence fortuite, nul ne le sait, mais toujours est-il que ce séminaire intervient, aussi curieux que cela puisse paraitre juste, au moment où la première puissance du monde, par la bouche de son président, Barack Obama, vient de mettre en garde contre toute velléité de révision constitutionnelle en RDC. En prévenant sans ambages que la situation de ce pays influe sérieusement sur la politique étrangère des Etats-Unis. En clair, une menace en termes diplomatiques.
Aubin MINAKU rejoint l’opposition.
Pendant son séjour au Canada, dans le cadre de l’Association des Parlementaires Francophones (APF) et au cours d’une rencontre avec la diaspora congolaise, le président de l’Assemblée nationale a jeté un pavé dans la marre en prenant à contrepied la position de sa famille politique, la majorité présidentielle, dont il assume les fonctions de Secrétaire exécutif.
Ainsi, s’agissant du point relatif à la révision constitutionnelle, le speaker de la chambre basse du Parlement a rassuré ses compatriotes de la détermination du président Joseph KABILA et de sa famille politique de « respecter scrupuleusement la Constitution du 18 mars 2006 ainsi que le peuple congolais, seul détenteur du pouvoir et de n’agir que dans le respect de la volonté du même peuple ».
Aubin MINAKU a insisté sur le fait que les institutions de la République ont pour mission, pour l’intérêt supérieur de la Nation, de promouvoir la démocratie, de consolider l’unité nationale et d’œuvrer pour la stabilité institutionnelle, économique et sociale. Un véritable revirement à 180 degrés par rapport au discours régulièrement chanté par ses coreligionnaires de la MP pour tenter de justifier la nécessité et l’urgence de la révision constitutionnelle. Aubin MINAKU n’est pas à sa première sortie de ce genre et cette fois-ci, c’était en face des « milieux radicaux de la diaspora ».
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