Culture
A Moscou, le plus célèbre musée de la ville s’est paré des couleurs de l’Afrique. Pendant tout l’été le musée Pouchkine accueille l’exposition d’art africain, « Fleuve Congo », consacrée à l’art de l’Afrique centrale. Le musée organise aussi une série d’évènements (conférences et projections de films), sur le thème de l’art africain.
Pour la première fois, une grande exposition d’art africain est proposée du 17 mai au 4 septembre 2016 dans un musée national en Russie. « Fleuve Congo » présente des œuvres d’Afrique centrale au Musée Pouchkine, le musée le plus célèbre de Moscou. Un évènement important pour la diffusion de l’art africain en Russie.
C’est un véritable été africain que le Musée Pouchkine propose aux Moscovites. L’une des plus belles expositions d’art africain, créée en 2010 au Musée parisien du Quai Branly, l’exposition « Fleuve Congo » fait escale jusqu’au 4 septembre dans le musée d’Art le plus réputé de Moscou. Une première. L’exposition est composée de plus de 190 objets provenant du Gabon, du Congo et de la République démocratique du Congo. Sculptures, masques et objets de dévotion montrent, d’un côté, aux visiteurs la variété des cultures et traditions des habitants de la vallée de la rivière Congo et d’un autre côté, leur caractère commun.
Un art peu connu en Russie
Pour les organisateurs, il s’agit de faire découvrir l'art africain à un public très peu informé sur les « Arts premiers ». La commissaire de l’exposition, Natalia Kortunova, a donc décidé d’insister sur le lien qui a existé au XXe siècle entre l’art africain et l’art occidental. Le Musée Pouchkine est réputé pour sa collection d’œuvres de peintres européens du début de ce siècle, André Derain, Pablo Picasso ou Henri Matisse, des peintres qui ont été très influencés par leur découverte de l’art africain. Afin que le visiteur comprenne mieux le rapport que ces artistes ont eu avec l’art africain, le Musée a ainsi réorganisé la scénographie de l’étage consacré à ces peintres d’avant-garde.
La Russie a produit de grands ethnologues, notamment au XIXe et au début du XXe siècle. Elle a même eu des spécialistes reconnus mondialement à l’époque soviétique. Ainsi, le peintre Vladimir Matvejs Markov, d’origine lettone, est un des tout premiers théoriciens européens de l'art africain. Son ouvrage, L’Art nègre, écrit au début des années 1910, fut publié en 1919 en Russie, cinq ans après sa mort. Des africanistes russes participèrent en 1966 au premier « Festival des Arts nègres » de Dakar, et une équipe soviétique tourna un film documentaire sur ce festival intitulé Rythmes d’Afrique.
Mais aujourd’hui, l’art africain est méconnu du grand public. Les Russes connaissent mieux l’art asiatique en raison de la proximité avec le continent. Les expositions d’art africain sont rares. Néanmoins en 2011, dans le bâtiment réservé aux collections privées, le Musée Pouchkine a présenté une exposition intitulée « L’art de l’Afrique tropicale dans la collection de Mikhail et Leonid Zviaguin ». Le peintre Mikhail Zviaguin et son fils, originaires de Saint-Pétersbourg, ont commencé dans les années 1980 à collectionner les œuvres d’art africain. Ils avaient l’intention de faire une donation au Musée Pouchkine de leur collection, qui comprend 150 objets, mais cela ne s’est finalement pas fait.
Il y a également eu, en 2015, dans un pavillon du parc des expositions VDNK, une exposition d’œuvres d’artistes russes inspirées par l’art africain, qui présentaient en même temps leurs collections personnelles d’objets africains, quelle qu’en soit la valeur.
Mystère et Curiosité
Pour les Russes, l’art africain est encore empreint d’exotisme. Des visiteurs de l’exposition « Fleuve Congo », interrogés par RFI, déclarent qu’ils ont l’impression de voyager « très loin », dans un monde « dangereux », où l’« on perd le contrôle de soi-même ». Les mots « magie » ou « rituel » reviennent souvent.
La presse, qui a fait un large écho à l’évènement, a traité le sujet de façons très diverses. Pour « Vedomosti », l’exposition est « fascinante » et « surprenante ». La journaliste évoque les masques, les objets de culte, mais aussi les différents peuples dont les noms, dit-elle, « sonnent étrangement à l’oreille russe ». Mais il suffit de contempler et de « suivre ses émotions ». Comme la plupart de ses collègues, elle en profite pour parler du Musée du Quai Branly, en France, un musée connu et apprécié des Russes qui fréquentent Paris.
Rossiskaya Gazeta, le journal officiel, dresse un portrait flatteur du conservateur Francois Neyt, à l’origine de l’exposition, et, comme NewTimes, journal d’opposition, il parle de l’influence de l’art africain sur la peinture européenne. Le quotidien Kommercant, lui, en profite pour évoquer la question de la colonisation et de la restitution des œuvres.
Pour créer un intérêt supplémentaire, le Musée Pouchkine organise des évènements autour de l’Afrique pendant tout l’été. Chaque jeudi, le public peut assister à des conférences, des projections de films, des concerts, des lectures. François Neyt est ainsi venu transmettre sa passion pour l’Art de l’Afrique centrale. Une spécialiste du marché de l’art de Sotheby’s a parlé de l’évolution des collections d’Art africain et de leur valeur à travers l’histoire. Une troupe de théâtre doit venir lire des contes. On évoquera aussi l’art contemporain africain, afin de montrer la diversité des créations en Afrique, bien souvent ignorés par les Russes.
Exposition Fleuve Congo. Art d’Afrique centrale. Musée national des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou. Du 17 mai au 4 septembre 2016.
"Au coucher du soleil, à l'heure où le ciel s'embrase". De l'expo fleuve Congo photo signée Pascal Maitre
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