Société
En République démocratique du Congo (RDC), le général Célestin Kanyama, chef de la police à Kinshasa, accusé d’être impliqué dans des violences contre des civils, a vu ses avoirs gelés aux Etats-Unis. Selon le Trésor américain, le régime du président Joseph Kabila s'est engagé dans un schéma de répression à l'approche de la fin du mandat du président, et ce pour éviter d'organiser les élections. L'Union européenne prône le dialogue plutôt que les sanctions.
La RDC a été sanctionnée par les Etats-Unis à travers le général Célestin Kanyama. Ses avoirs sont désormais gelés aux Etats-Unis et les entreprises américaines n'ont plus le droit de faire des affaires avec lui. Le Trésor américain s'inquiète de la tendance du régime à accentuer la répression et, toujours selon lui, à réduire l'espace de liberté politique. Plusieurs rassemblements et meetings ont notamment été interdits.
Joint par RFI, Sasha Lezhnev, directeur associé à « Enough Project », un groupe de recherche sur les zones conflictuelles en Afrique Centrale, ce coup de semonce des Etats-Unis est une bonne chose.
« Les sanctions contre monsieur Kanyama sont un signe politique fort qui montre que les Etats-Unis veulent que la Constitution congolaise soit respectée et que des avancées concrètes vers une transition démocratique aient lieu en RDC », a-t-il déclaré avant d’ajouter que ces sanctions pourraient avoir des répercussions concrètes.
Indépendamment des biens que le général Célestin Kanyama pourrait avoir aux Etats-Unis « des membres du gouvernement Kabila s’y rendent et y font des affaires. L'économie congolaise repose surtout sur le dollar », a-t-il précisé.
Selon Sasha Lezhnev, d'autres proches du président pourraient être la cible de sanctions si le gouvernement ne prend pas des mesures pour organiser les élections dans les délais.
« Le but n’est pas de punir, mais véritablement d'encourager les autorités congolaises à prendre des mesures concrètes pour la démocratisation du pays. Monsieur Kanyama a été le premier sanctionné, car il est responsable de violations graves des droits de l'homme à l'égard de manifestants pro-démocratie et d'étudiants à Kinshasa. Mais si le gouvernement ne prend pas des mesures concrètes pour organiser les élections dans le respect des délais constitutionnels, beaucoup d'autres proches du président Kabila pourraient être la cible de sanctions à l'avenir », a expliqué Sasha Lezhnev, directeur associé à "Enough Project".
Attitude modérée de l’Union européenne
Si Célestin Kanyama a vu ses avoirs gelés par Washington pour des violences contre des civils, du côté de l'Union européenne on se borne à des résolutions telles que le récent appel du Parlement européen à mettre fin aux massacres à Béni, dans l'est de la RDC.
Dans une déclaration, la délégation de l'Union européenne à Kinshasa se dit « vivement préoccupée par la hausse des violations des droits de l'homme, commises en particulier par des représentants des forces de l'ordre ». Dans ce contexte, elle réaffirme l'impératif d'un dialogue entre tous les acteurs congolais pour permettre la tenue des élections dans le respect des délais constitutionnels. Elle dit aussi vouloir approfondir et formaliser ses propres discussions avec Kinshasa.
La délégation s'inquiète en particulier de la hausse des actes de harcèlement et d'intimidation envers les politiques, les défenseurs des droits de l'homme, les médias et la société civile. Mais à la différence des Etats-Unis, passés à l'étape des sanctions individuelles pour faire pression sur Kinshasa, les Européens privilégient encore le dialogue amorcé par l'Union africaine. Un dialogue entre tous les acteurs congolais, d'importance cruciale selon la délégation et qui doit aboutir à un consensus pour l'organisation des élections dans le respect de la Constitution.
Jointe par RFI, Maria Arena, eurodéputée et membre de l'Assemblée interparlementaire Union européenne / Afrique, les Européens veulent privilégier le dialogue avec Kinshasa. « Aujourd’hui, l’Europe tente toujours d’être un partenaire du dialogue et essaie donc de mettre, autour de la table, les interlocuteurs par rapport à l’organisation de ces élections. Si cette voie du dialogue reste fermée indéfiniment, alors la question des sanctions devra être mise sur la table.
Au Parlement européen, nous avons donc évoqué la question des sanctions. La réponse qui nous est donnée, par le service d’action extérieure et par le Conseil, est : nous tentons encore de mettre autour de la table les différents interlocuteurs parce que nous pensons que c’est par le dialogue qu’on pourra y arriver », a-t-elle informé.
La déclaration fait toutefois implicitement planer l'éventualité de sanctions individuelles puisqu'elle fait référence au Conseil européen du mois de mai : dans ses conclusions, le Conseil rappelait la responsabilité individuelle des acteurs et notamment des responsables de la justice et de la sécurité, de respecter strictement l'Etat de droit et les droits de l'homme, « faute de quoi ils auraient à en assumer les conséquences » précisait-il. Par ailleurs, la délégation dit vouloir approfondir son propre dialogue avec Kinshasa, dans le cadre de l'article 8 des accords de Cotonou.
Cet article promeut un dialogue formel, notamment pour éviter d'arriver au point où des consultations sur la poursuite de la coopération pourraient être engagées en vertu de l'article 96. Mais selon un diplomate à Kinshasa, « le recours à l'article 96 n'est pas d'actualité, l'article 8 est seulement cité pour renforcer et formaliser les discussions avec les autorités ».
L’eurodéputée Maria Arena souligne néanmoins qu’il faudrait agir avant qu’il ne soit trop tard. « Moi, je dis tout simplement qu’il faut qu’on fasse attention parce que c’est ce qu’on avait essayé de faire avec le Burundi et ça a échoué. Donc, attention de ne pas se réveiller trop tard par rapport à ce qui est en train de se passer aujourd’hui au Congo », avise-t-elle.
Kinshasa dénonce une tentative de substitution de souveraineté
Le Ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement de la RDC, Lambert Mende Omalanga, en réaction aux sanctions ciblées du Département du Trésor des Etats-Unis jeudi 23 juin contre le Général Célestin Kanyama, a déclaré qu’il s’agit là d’une tentative de substitution de souveraineté. « Le gouvernement condamne l’idée même qu’un pays étranger, fût-il les USA, se permette de sanctionner un fonctionnaire congolais. C’est un acte inadmissible de substitution de souveraineté que nous n’approuvons pas », a martelé Lambert Mende, se confiant au site Politico.Cd.
Pour le gouvernement, cette décision est grave, car elle relève « d’une tentative de substitution de la souveraineté du pays », selon Lambert Mendé.
Le porte parole du gouvernement a ensuite indiqué que « l’Ambassadeur Kikaya Bin Karubi, conseiller principal du chef de l’Etat en matière de diplomatie est en route pour les USA» en vue de signifier aux autorités américaines, au nom du gouvernement congolais, la réprobation de ces pratiques. « Je ne connais pas un congolais qui ait élu un américain pour s’occuper des congolais », a conclu le Porte-parole du gouvernement.
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