Monde
Le Parlement croate a voté lundi 20 juin sa dissolution, après la chute du gouvernement de droite aux affaires depuis janvier, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées qui devront être organisées avant mi-septembre.
A la majorité des voix, le Parlement a décidé sa dissolution, qui sera effective le 15 juillet, a déclaré le président de la chambre Zeljko Reiner. Cette dissolution a remporté le suffrage de 137 députés, contre deux voix et une abstention.
Les législatives, qui devront être organisées entre un et deux mois après le 15 juillet, se tiendront moins d'un an après les précédentes qui n'avaient pas dégagé de majorité claire.
Arrivés légèrement devant les sociaux-démocrates au pouvoir depuis quatre ans, les nationalistes du HDZ étaient toutefois parvenus, à force de tractations laborieuses, à bâtir une coalition, notamment avec le mouvement de centre droit Most (Le Pont).
Un technicien dépourvu d'expérience politique, l'homme d'affaires croato-canadien Tihomir Oreskovic, avait été installé au poste de Premier ministre.
Mais les relations entre les deux partenaires, HDZ et Most, se sont vite détériorées, encore endommagées par une affaire politico-financière mettant en cause le patron du HDZ, Tomislav Karamarko, dont la démission la semaine passée du gouvernement avait accéléré la chute.
En moins de cinq mois aux affaires, la coalition et le HDZ ont vu leur image péricliter rapidement, un effritement symbolisé par une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Zagreb le 1er juin.
Ce court bail a été marqué par des polémiques sur le virage à droite de ce membre de l'Union européenne.
Opposition et société civile lui ont reproché sa volonté supposée de placer les médias sous contrôle, d'accorder un poids excessif à l'église catholique ou encore de s'employer à relativiser les crimes commis par le régime oustachi pro-nazi durant la Seconde guerre mondiale.
Reste à savoir si ces élections permettront à la Croatie de se doter d'un gouvernement appuyé sur une majorité solide au moment où elle rencontre une situation économique difficile et alors que l'Union européenne exige d'importantes réformes économiques.
Aux yeux de l'Eurasia Group, cabinet spécialisé dans l'analyse de risques-pays, rien n'est moins sûr : des élections anticipées semblent peu susceptibles d'offrir une majorité claire à un seul parti, ce qui fera de 2016 une année complètement gâchée pour la réforme fiscale si nécessaire, écrivaient ses analystes peu avant la chute du gouvernement d'Oreskovic.
La Croatie est confrontée à un chômage de plus de 15% et à une dette publique qui s'élève à 87% de son PIB, ce qui lui vaut les remontrances de Bruxelles. Elle a suspendu début juin l'émission d'obligations libellées en euros, son ministre des Finances Zdravko Maric évoquant les incertitudes politiques nationales.
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