Politique
A Kinshasa en République démocratique du Congo, ce jeudi 26 mai était placé sous le signe de la mobilisation pour l'opposition. En cause, l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui permet à Joseph Kabila de présider le pays au-delà du terme de son mandat en décembre. Même si les autorités ne s’étaient pas opposées à cette marche, des incidents sont survenus.
La marche a commencé aux environs de 11h30 ce jeudi matin, heure de Kinshasa. Avec un certain retard puisque le rassemblement était prévu à 10 heures. La marche est allée très vite. Il faut savoir que le convoi d’un millier de personnes au départ a grossi au fur et à mesure. Les policiers étaient au bord des routes et laissaient passer les manifestants dans le calme, les militaires également.
Présent dans le cortège, Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé), candidat à la présidentielle, explique pourquoi l'opposition est dans la rue : « On a décidé de marcher tout simplement pour dire à monsieur Kabila qu’en République démocratique du Congo, il n’y a pas de présidence à vie. La Constitution est claire : il doit respecter la Constitution comme tous les Congolais doivent respecter la Constitution. Ça c’est la première chose.
De deux, dire à la Cour constitutionnelle que, elle-même, doit respecter la Constitution, et de dire à la Céni [Commission électorale nationale indépendante] qu’il n’y a pas d’autre choix que d’organiser les élections, car l’article 73 lui donne un ordre. C’est impératif, l’élection présidentielle doit être organisée et convoquée 90 jours à la fin du mandat. Et enfin, pour dire au monde entier que nous sommes solidaires de tout ce qui se passe à Beni, que tout le monde entier regarde, qu’il n’y a pas un gouvernement capable de protéger ses citoyens. On tue à Beni. Voilà les raisons fondamentales de notre marche d’aujourd’hui ».
Gaz lacrymogène
Puis le convoi s’est approché du boulevard du 24-Novembre. Il y avait eu des difficultés, des discussions sur le tracé. Le gouvernement provincial, joint par RFI, a expliqué que les manifestants ont dépassé le cordon qui avait été imposé mercredi par le gouverneur de Kinshasa et que la police a donc été obligée d’intervenir. C’était devant la maison Schengen, presque à l’entrée du centre-ville qui était formellement interdit de toute manifestation par le gouverneur de Kinshasa.
Une intervention policière que justifie le ministre provincial de l’Intérieur, Emmanuel Akweti : « Les forces de l’ordre ont utilisé les gaz lacrymogènes pour disperser les marcheurs et si vous voulez connaître les raisons fondamentales, c’est le non-respect du tracé. En effet, les forces de l’ordre se sont retrouvées devant deux tendances, deux catégories de marcheurs. La première catégorie est composée par des marcheurs qui n’ont pas respecté l’itinéraire tracé par l’autorité politico-administrative. Et la deuxième catégorie, ce sont les marcheurs qui ont essayé de respecter le tracé défini par l’autorité et, comme ceux qui ont été dispersés dans la première catégorie se sont joints à la deuxième catégorie, la police était obligée de devoir utiliser les moyens classiques pour pouvoir les disperser ».
Il y a eu des tirs de gaz lacrymogène, quelques jets de pierre également, au moment où les policiers et les manifestants se faisaient face. Le cortège s’est réparti en petits groupes pour se regrouper dans d’autres rues de la ville. Résultat, retour à la case départ pour les manifestants, c’est-à-dire devant le siège des partis politiques d’opposition, sur l’avenue de l’Enseignement. Les leaders de l’opposition ont évidemment été agacés par cette intervention de la police.
Le porte-parole de de la police nationale congolaise (PNC), le colonel Mwana-Mputu a déclaré jeudi 26 mai à Radio Okapi que trente-cinq de ses éléments ont été grièvement blessés, lors de la marche des opposants organisée à Kinshasa.
« Nous avons subi des jets des pierres. Nous avons des pertes du côté de matériel roulant. 35 de nos agents ont été grièvement blessés », a affirmé le colonel Mwana-Mputu.
Selon lui, la manifestation des opposants a viré à altercations entre les partisans de différents partis politiques et les policiers au niveau de l’avenue 24 novembre, sur la place Schegen.
« Juste au niveau de Schengen, le dispositif était pris pour que les manifestants n’atteignent pas le Boulevard du 30 juin. Malheureusement après moult négociations, les manifestants ont forcé, par des jets des pierres pour briser le dispositif mis en place afin de continuer et atteindre l’Hôtel du gouvernement. Nous avons eu beau à leur expliquer que leur point de chute était le terrain Comete de Lingwala », explique le colonel Mwana-Mputu.
Il indique que face à cette situation, « la police était en droit de disperser cet attroupement qui n’était plus une manifestation pacifique mais plutôt des émeutiers qui étaient en face de nous ».
Quant au recours des balles, le porte-parole de la Police nationale congolaise, précise que ses éléments ont utilisé le matériel non létal qui a les mêmes dénotations que le matériel létal.
Des milliers de participants ont manifesté à Kinshasa. Ils sont partis du Boulevard triomphal avec des drapeaux en mains, ainsi que des drapeaux des différents partis politiques d’opposition dont l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’Union pour la nation congolaise (UNC), le Mouvement de libération du Congo (MLC) et tant d’autres.
La Dynamique de l’opposition parle d’une véritable marée humaine, annonçant 200 000 manifestants à Kinshasa, mais la police pour sa part a estimé le cortège à 2000 participants.
Des morts signalés en province
Ce jeudi, plusieurs manifestations étaient aussi prévues en province. D'abord dans le Nord-Kivu à Goma où des échauffourées ont eu lieu ce jeudi matin à Ndosho dans l'ouest de la ville. Une personne a été tuée. Selon le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, un policier en faction devant une coopérative financière aurait été agressé par un homme ayant cherché à s'emparer de son arme. L'homme a été tué. Le gouverneur dément toute manifestation à Goma et parle de badauds qui avaient posé des pierres sur les voies. Des affrontements ont éclaté entre policiers et manifestants quand des groupes ont tenté de se rendre vers le centre-ville.
Selon les sources des services de sécurité, une personne a été tuée et huit autres blessées dans la ville de Goma au Nord-Kivu. Parmi les blessés, on compte quatre civils et quatre policiers, dont un se retrouve dans un état critique, précisent ces sources.
Au moins 32 personnes, la plupart des jeunes gens, ont été interpellées et se trouveraient dans les différents cachots de la police.
Selon un responsable de la police, plusieurs policiers se sont faits aussi attaqués par les manifestants.
Autre incident signalé à Butembo où la police était déployée très tôt ce matin sur les places pour empêcher les rassemblements. Selon un représentant de la société civile sur place, un accident s'est produit lors d'une manœuvre de dispersion. Dans un mouvement de panique, un véhicule civil a heurté un jeune homme à moto qui est décédé.
La ville de Beni était à l'arrêt ce jeudi matin. Les quelques tentatives de rassemblement auraient été dispersées par la police. Même chose à Kisangani où selon un témoin, des policiers avaient été déployés notamment devant le domicile de responsables locaux de l'opposition. A Mbandaka, dans l'Equateur, un rassemblement a là encore été dispersé et plusieurs personnes brièvement interpellées.
A Lubumbashi, la police a été déployée tôt ce matin pour empêcher toute tentative de rassemblement. Et rien n'avait commencé à la mi-journée. Dispersion sans incident signalée enfin à Bunia. Et puis à noter qu'à Bukavu, dans le Sud-Kivu, la marche de l'opposition était autorisée par la mairie. Et apparemment, le rassemblement s'est déroulé jusqu'au bout sans incident, selon un responsable de la société civile de cette ville.
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